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GEOFF TATE (usa) - Geoff Tate (Oct-2012)


QUEENSRYCHE est un groupe qu’on ne présente plus, il fait partie du club très fermé des légendes vivantes, de ceux qui ont contribué à écrire les lettres de noblesse de l’histoire du Rock et qui ont laissé à jamais une trace indélébile. Ils sont considérés par beaucoup comme un des pionniers du Metal progressif grâce à des albums comme Operation Mindcrime ou Empire qui resteront à jamais gravé au panthéon des classiques incontournables. Le genre de galettes qu’il faut absolument posséder et garder bien au chaud dans sa musette magique. Formé en 1981 à Seattle par Chris DeGarmo et Mickael Wilton , ils débauchèrent trois autres camarades d’école(Geoff Tate, Scott Rockenfield et Eddy Jackson) pour compléter le line up qui allait perdurer pendant de longues années pour le plus grand plaisir de nos cages à miel. Nos américains ont réussi au fils des années à s’imposer définitivement et ont ouvert pour des monstres comme AC/DC, KISS ou encore DIO avant de s’imposer définitivement avec le mythique Operation Mindrime album concept d’anthologie très novateur qui leur a ouvert les portes du succès et de la gloire. Le combo a d’ailleurs inspiré une bonne partie de la génération suivante, des gangs comme DREAM THEATER n’hésitant pas à les citer à de nombreuses reprises comme une de leur influence majeure. Rien ne semblait pouvoir abattre ce vaisseau amiral qui paraissait invulnérable grâce à une stabilité presque exemplaire. Le premier séisme fut le départ de Chris DeGarmo qui décida de quitter le navire en 1997 suite à l’échec commercial de Hear In The Now Frontier dont il avait été le principal compositeur. Après son départ qui ne sembla pas perturber la dream team, nos lascars continuèrent à aligner les opus comme si de rien était le calme semblait régner dans une parfaite harmonie. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Quand le 20 Juin 2012, la nouvelle est tombée tel un cataclysme, Geoff Tate leader incontesté et cerveau de la machine QUEENSRYCHE était viré purement et simplement comme un malpropre qui aurait commis une boulette fatale. Une telle annonce a surpris tout le monde sans que personne ne comprenne vraiment ce qui se passait. Un vrai séisme sur la scène internationale qui laissait perplexe la plupart des fans sur l’avenir de la formation. A partir de là après la stupéfaction nous allions assister à un règlement de compte par voie de presse interposée entre les deux camps, Geoff Tate d’un coté et le reste de la formation de l’autre. Si la réaction du chanteur charismatique fut excessive mais parfaitement compréhensible, les bougres en sont venus aux mains sur les derniers shows qu’ils devaient assurer ensemble, la suite fut encore bien plus animée. Le syndrome STRATOVARIUS avait frappé une nouvelle fois mais cette fois ci de l’autre coté de l’atlantique. Une guerre sans merci s’engagea devant les tribunaux pour obtenir la possession du nom magique un sésame qui permet de pouvoir jouer à travers le monde entier et de continuer à enregistrer, les contrats discographiques étant de plus en plus difficile à obtenir ! Un véritable déballage s’en suivi ou chacun en profitait pour démolir la partie adverse et la trainer plus bas que terre. Un règlement de comptes des plus sordide ou tous les coups sont permis, de quoi ternir à jamais l’image de nos Américains. Au final la bataille se solda par un statu quo ou tout le monde a été satisfait puisque les deux camps en présence se sont vus attribués l’autorisation d’utiliser le précieux patronyme. Mais Geoff Tate n’est pas un homme à se laisser abattre bien au contraire, le bougre profita de ses vacances forcés pour mettre sur pied une nouvelle version de QUEENSRYCHE qui d’entré fit couler beaucoup d’encre. Il faut dire que le lascar a eu la bonne idée de s’entourer de musiciens de renommé internationale jugez plutôt : Rudy Sarzo (basse), Bobby Blotzer (batterie), Kelly Gray et Glen Drover aux guitares, Randy Caine aux claviers. Un line up qui laisse rêveur ! Et comme si cela n’était pas suffisant, il en profite pour revenir sur le devant de la scène avec son deuxième album solo Kings & Thieves, le premier en dix ans. De quoi prendre une large avance sur ses anciens compères ! Impossible de louper une telle opportunité pour en apprendre un peu plus sur l’une des plus grande voix du Metal Progressif. Illico Presto tel Lucky Luke votre serviteur s’empressa de décrocher son téléphone pour une discussion sympathique avec un véritable gentleman ! C’est à toi Geoff !

Line-up
: Geoff Tate (chant), Kelly Gray (Guitare), Glen Drover (Guitare), Chris Zukas (Basse), Randy Gane (Claviers), Gregg Gilmore (Batterie)


Metal-Impact. Bienvenue à Paris Geoff, quel souvenir gardes-tu de Paris ?
Geoff Tate. Fantastique, tu appelles de Paris ?
MI. Oui.
Geoff. Oh, tu es chanceux de vivre dans une si belle ville ! [Rires] ... C’est ma ville préférée, j’adore y venir en vacances avec ma femme ! La France est un pays extraordinaire, la dernière fois que je suis passé dans votre capitale, c’était il y a trois ans, ensuite on est partis passer des vacances dans le sud du coté de Cahors. C’est une région que j’adore, on a passé tout notre temps à visiter la côte et c’est un moment que je n’oublierai pas. J’adore la France, sa culture et tous ces paysages merveilleux !

MI. Ton deuxième album solo va sortir, pourquoi avoir attendu dix ans pour en enregistrer un second ?
Geoff. Tu sais, QUEENSRYCHE a toujours été ma priorité et j’y ai consacré toute ma vie. Et puis l’année dernière, je fêtais la nouvelle année avec ma famille et des amis et comme d’habitude, en début d’année, tu prends de bonnes résolutions et je me suis dis qu’il était temps pour moi d’écrire un nouvel opus solo. C’était mon objectif, et du coup je m’y suis mis dès le lendemain, ça m’a pris huit mois du début de l’écriture à l’enregistrement final. Mais je suis très content du résultat et heureux qu’il soit enfin dans les bacs !

MI. Comment s’est passé la période d’écriture ?
Geoff. Ce fut très rapide. Je voulais faire quelque chose de direct et efficace. J’avais beaucoup d’idées mais il m’a fallu tout de même six mois pour en venir à bout. Mais quand j’y réfléchi, ce n’est pas très long. Je voulais concocter un disque Rock qui soit à la fois puissant et émotionnel. Mon idée était de revenir à mes racines, j’ai voulu retourner vers mes premières influences : DEEP PURPLE, RAINBOW, GOLDEN EARING, PINK FLOYD, toutes ces formations qui ont compté pour moi. Et c’est ce que j’ai fait, j’ai fait en sorte que les arrangements soient dans cet esprit, je ne voulais pas d’une production sophistiquée.

MI. Pourquoi avoir appelé ce disque Kings & Thieves ?
Geoff. Je crois que l’on peut interpréter ce titre de différentes manières. A l’origine, c’était juste un titre de travail pour un morceau qui devait se retrouver sur le cd. Et puis quand j’ai vu la pochette qui devait illustrer cet opus et qui représente des armoiries, un blason en quelque sorte avec ce bouclier et ces corbeaux, j’ai eu comme un déclic et je me suis dis que Kings & Thieves collait parfaitement avec cette illustration. Cette idée vient d’ailleurs de moi, je voulais rendre honneur à ma famille et j’ai utilisé l’emblème de mes ancêtres, il y a sur ce dessin les initiales de mon nom si tu prêtes bien attention. J’ai donc contacté un graphiste et je lui ai expliqué mon intention en lui fournissant des détails comme ce bouclier, ces corbeaux, plein de petites idées comme ça et quand il m’a rendu le résultat ,j’ai tout de suite adoré.

MI. Quels sont les thèmes que tu souhaitais développer avec Kings & Thieves, je suppose qu’on est loin de QUEENSRYCHE ?
Geoff. Oui, je voulais avant tout donner un point de vue personnel sur certaines choses qui me touchent et partager mon expérience de la vie. Je voulais parler de sujets qui me passionnent. J’ai toujours été intéressé par les relations humaines et les conséquences qui en découlent, j’ai pu traiter ce sujet à ma guise car j’étais totalement libre. La manière dont les êtres humains communiquent reste un mystère, la trahison et la confiance sont au centre de mes textes. Comment peut-on passer de l’un à l’autre ? C’est un des aspects fondamentaux de l’homme. Et puis j’ai pu aborder des thèmes plus autobiographiques qui au final s’avèrent assez sombre et je crois que c’est ce qui se dégage de Kings & Thieves.

MI. « Dark Money » semble être un titre très pessimiste ?
Geoff. Oui, c’est un morceau assez politique qui parle de la différence sociale qui règne entre les individus aux Etats-Unis. Il y a beaucoup de lobbies aux States qui ont un énorme pouvoir et qui se croient les maitres du monde. Ils peuvent tout se permettre, c’est le sujet de « Dark Money ». Et à coté tu as des millions de personnes qui souffrent et qui sont impuissantes face aux problèmes économiques, ils ont une vie très difficile où l’unique objectif est de survivre et essayer de faire vivre sa famille correctement.

MI. Penses-tu que les élections vont changer quelque chose ?
Geoff. Je pense qu’à chaque élection, il y a un véritable espoir qui nait, une excitation qui fait penser que les choses peuvent changer. C’est dû à tous ces discours qui promettent monts et merveilles pour enthousiasmer la population et les faire rêver afin d’être élu. Toute cette actualité crée une émulation entre les gens qui se sentent concernés, il y a un dialogue qui s’installe. Il y a un véritable engouement qui nait et qui est basé sur l’émotion mais aussi sur la désillusion. Le problème c’est qu’après il y a la déception qui arrive car changer un système est très long et l’être humain n’est pas patient. En ce moment tout le monde se passionne pour l’élection présidentielle, cela crée une dynamique que je trouve très positive. Après on verra si les promesses seront tenues, c’est toujours le même schéma et cela fonctionne à chaque fois.

MI. Est-ce que la vie est plus facile pour un musicien aux USA ?
Geoff. Non, c’est très difficile. Etre musicien, c’est faire du spectacle, apporter de la joie et du plaisir à ceux qui viennent nous voir en concert. Malheureusement, depuis quelques années maintenant la situation économique est très difficile dans mon pays, les gens subissent de plein fouet la crise et il y a beaucoup de chômage. Du coup les individus ont de moins en moins d’argent pour tout ce qui est divertissements comme les concerts ou la musique en général. Ils achètent de moins en moins de cd et dépensent leur argent avant tout pour leur survie quotidienne. Nous avons subi directement les effets de la crise, les fans sortent de moins en moins, ils ne vont plus aux concerts ni même dans les pubs et cela ne cesse d’empirer. Nous sommes dans une période très dure non seulement pour les musiciens mais aussi pour toute l’industrie musicale.

MI. Au mois d’avril tu as donné une série de concerts acoustiques, quel souvenir en gardes-tu ?
Geoff. Oh, c’était très amusant, j’ai beaucoup aimé. J’avais envie de faire cette petite tournée acoustique à travers des Etats-Unis. J’étais accompagné par de nouveaux musiciens et c’est toujours agréable de jouer avec d’autres personnes. Et puis c’est intéressant de découvrir comment les titres sonnent en acoustique, ces morceaux ont été composés à l’origine à la guitare acoustique ou au piano et j’ai pris un énorme plaisir à pouvoir les rejouer comme ils étaient composés à l’origine, sans artifice. Et puis j’ai beaucoup appris en regardant travailler des professionnels qui venaient d’un autre univers que moi. C’était dans le cadre de ma tournée en solo, on a joué pas mal de chansons de mes deux opus mais on a aussi interprété quelques classiques de QUEENSRYCHE pour faire plaisir à tout le monde.

MI. Tu vas faire de nouvelles dates pour Kings & Thieves ?
Geoff. Oui, je commence le 17 octobre 2012 par un concert dans le New Jersey et je vais enchainer les concerts jusqu’à noël. En janvier, je fais un break pour récupérer et après je vais répéter avec mon nouveau groupe pour commencer une tournée de QUEENSRYCHE en mars 2013.

MI. Comment as-tu réussi à réunir un line-up aussi prestigieux ?
Geoff. Après la décision de justice qui a accordé aux deux parties le droit d’utiliser le nom QUEENSRYCHE, je me suis dis qu’il fallait que je trouve de nouveaux musiciens le plus vite possible. J’ai commencé à réfléchir en me demandant avec qui j’aimerais jouer. Je connaissais Rudy Sarzo et Bobby Blotzer depuis de nombreuses années, d’ailleurs au fil du temps nous sommes devenus de vrais amis. Nous avions souvent évoqué le fait de faire un jour quelque chose ensemble mais vu nos emplois du temps chargés, cette opportunité ne s’est jamais présentée auparavant. J’ai décroché mon téléphone et je les ai appelés tout simplement et ils ont été immédiatement emballés par le projet. Je voulais à mes coté de très bons musiciens mais aussi des personnes qui soient agréables et habituées à partir sur les routes pendant de longues semaines. Pour moi, il était primordial qu’humainement cela se passe bien, les conditions de vie dans un tour bus ne sont pas idéales et je voulais des personnes qui soient habituées à ce style de vie. Je sais qu’avec eux il n’y aura pas de problème de ce coté là, ils ont joué à travers le monde pendant tant d’années que je n’ai aucun souci à me faire. Cette tournée va être très intéressante et excitante pour moi et c’est ce que je veux après avoir traversé toutes ces épreuves difficiles ces derniers mois. Heureusement, ils étaient disponibles et ont tout fait pour se libérer de leurs diverses obligations pour intégrer le nouveau QUEENSRYCHE.

MI. Vu de l’extérieur, j’ai l’impression que ça a été relativement facile pour toi de mettre sur pied un nouveau line-up ?
Geoff. Eh bien non, ça n’a pas été évident du tout. Le challenge pour recréer un groupe, c’est de trouver de bons musiciens capables de comprendre et d’assimiler l’esprit de QUEENSRYCHE. Le problème c’est que tous ceux que je connaissais étaient des professionnels depuis de nombreuses années et avaient chacun leurs propres occupations. Ce n’était pas du tout évident de les convaincre de me rejoindre car ils devaient impérativement se libérer de leurs nombreuses obligations. Mon ami Rudy était en tournée dans le sud des Etats-Unis le mois dernier et il a tout fait pour être disponible. Mais c’est très difficile de pouvoir réunir de très bons musiciens, c’est un vrai sacerdoce.

MI. Penses-tu enregistrer un nouvel opus prochainement ?
Geoff. Oui absolument, je crois qu’avec des artistes de cette qualité ça risque d’être très intéressant. J’ai déjà quelques idées sur lesquelles je travaille mais je pense qu’il faut attendre de voir ce qu’il va ressortir de nos répétitions. Il se peut que nous reprenions tout à zéro en mettant en commun nos idées. Pour l’instant c’est très flou. Ce que je sais, c’est que j’ai envie de faire un disque très old school, un peu comme dans les eighties. Je veux qu’on se retrouve ensemble en studio pour jammer et écrire de nouveaux titres. C’est une méthode ancienne qui a fait ses preuves. C’est très rafraichissant comme technique d’écriture, tu peux construire dans l’immédiat sans perte de temps, c’est très spontané. Je ne veux pas que chacun compose dans son coin, je veux un esprit de groupe. Et puis cela permet de faire transparaitre la passion qui t’anime. C’est instantané et il y a un feeling qui se dégage que tu peux capter et qui est unique, tu dois ressentir cela dans les morceaux. Cela fait des années que j’ai envie d’enregistrer de cette manière. Je ne veux plus faire comme dans le passé où chacun composait chez lui et arrivait avec des chansons toutes prêtes. Je veux quelque chose de dynamique et de frais et je sais qu’avec ces musiciens là je peux procéder ainsi.

MI. Penses-tu que c’est un possible retour aux sources ?
Geoff. Heu, on ne sait jamais mais là je n’en sais rien du tout. Il est évident que l’on va rester dans l’esprit QUEENSRYCHE, mais en même temps c’est une nouvelle aventure qui commence donc il est impossible de dire ce qui ressortira de nos sessions d’écritures. Ce que je sais c’est qu’il ne peut ressortir que du bon.

MI. Tu as débuté en 1981, vous avez joué en ouverture de KISS ?
Geoff. Non, en fait la première grande tournée que nous ayons faite c’est en première partie de QUIET RIOT et puis on a joué avec DIO, je crois qu’avec KISS c’était en 1984. On a ouvert pour eux pendant un an, c’était fantastique, on y a pris beaucoup de plaisir. Ils avaient déjà une très longue expérience et on a appris beaucoup avec eux. Ils nous aidé au maximum en ne nous imposant rien, on avait droit au maximum du light show et à un bon son. Ce sont des types généreux et très professionnel ! On a aussi découvert comment fonctionne une tournée aussi gigantesque, on a appris la logistique et tous les trucs qui permettent d’être à l’aise sur scène. On a passé notre temps à observer toute l’organisation et à comprendre comment un tel show pouvait avoir lieu tous les soirs.

MI. Quel souvenir gardes-tu de Ronnie James Dio ?
Geoff. C’était une personnalité exceptionnelle comme on en rencontre peu au cours d’une vie. Il était très positif et nous a toujours soutenus au fil des années. Il nous a donné cette belle opportunité d’ouvrir pour lui à une époque où nous n’étions pas encore très connus. Grace à lui nous avons pu jouer devant des foules importantes. On lui en sera toujours reconnaissants pour cela. Par la suite c’est devenu un ami, on se rencontrait régulièrement quand nous n’étions pas sur les routes. J’adorais parler musique avec lui, il était aussi passionné d’histoire. On avait ensemble des conversations très intéressantes, il m’apportait beaucoup. On a souvent joué avec lui, que ce soit avec son projet solo ou bien encore avec HEAVEN & HELL. La dernière année de sa vie, j’ai été le voir de nombreuses fois, je l’ai soutenu comme j’ai pu. C’était un vrai gentleman qui était très attentionné avec ses proches et toutes les personnes qu’il rencontrait. Il aimait prendre soin de tout le monde, il était capable de se rappeler parfaitement le prénom de chaque individu avec qui il avait une conversation. A chaque fois qu’il parlait avec quelqu’un, il lui demandait comment il s’appelait et n’oubliait pas. J’ai toujours été impressionné par cette capacité de mémorisation qu’il avait. Et puis j’ai adoré travailler avec lui sur le projet Hear’n Aid. Il était étonnant, c’était quelqu’un de très communicatif et de très créatif qui avait le don d’expliquer extrêmement bien ses idées. Ensuite bien plus tard, nous avons collaboré ensemble sur Operation Mindcrime II. Il a repris le rôle de Dr.X et est venu à San Francisco travailler avec moi en studio pendant deux jours. J’ai passé un très bon moment avec lui, il fourmillait d’idées plus brillantes les unes que les autres. Il y a des musiciens qui n’apportent rien et qui attendent simplement qu’on leur dise quoi faire. Lui c’était l’inverse, il avait des millions d’idées qui lui venaient, il disait tiens on pourrait faire cela ou bien faire comme ceci. C’est très stimulant pour un artiste de travailler avec des personnages comme lui. Cela crée une émulation qui fait que tu te surpasses aussi. C’est ce que j’appelle une bonne collaboration, c’est un véritable échange qui contribue à élever le niveau créatif.

MI. Vous avez aussi ouvert pour AC/DC ?
Geoff. Oui, on a fait de nombreux shows avec eux. Mais on a ouvert pour eux en 1986 sur le Who Made Who Tour aux Etas Unis. J’en garde un très bon souvenir, ils sont fantastiques sur scène. Je n’appréciais pas vraiment ce qu’ils faisaient à la base mais à force de les voir soir après soir donner le maximum, je suis devenu fan. Ils sont tellement bons sur scène qu’ils m’ont impressionné. En les voyants, on a l’impression qu’ils passent du bon temps en permanence, il y a une joie de vivre qui se dégage à chacun de leur concert. C’est très communicatif et le public le ressent, ce qui crée une ambiance extraordinaire, ils chantent sur tous les morceaux, c’est très impressionnant. En plus Brian Johnson est un type extraordinaire, je n’ai jamais payé une tournée avec lui, c’est impossible, il règle toujours toutes les additions. Il est très généreux et a beaucoup d’humour ce qui fait que tu passes toujours des bonnes soirées avec lui. C’est un chanteur exceptionnel qui est très sympa et qui a le cœur sur la main. Je l’apprécie énormément.

MI. Maintenant que tu ne fais plus partie de l’ancien line-up, il va y avoir deux QUEENSRYCHE ?
Geoff. Oui, mais le mien sera le meilleur ! [Rires] ...

MI. Qu’est ce qui va faire la différence entre les deux versions selon toi ?
Geoff. Whao, difficile de répondre, je dirais que ma version sera très excitante et puissante, les musiciens qui vont m’accompagner sont tous excellents et ont une énorme expérience dans le domaine musical, ce sont de très grands professionnels, très respectés et sur lesquels on peut compter. Et puis, je crois que sur scène, ils vont faire la différence, les fans vont être étonnés. Chacun de nous va jouer réellement live et nous allons rejouer tous les classiques mais à notre sauce. Dans l’industrie musicale tout n’est pas rose, mais ce qui prime pour moi, c’est d’être bien en concert, jouer doit être avant tout un plaisir et je crois que c’est là que se fera la différence ! Quand des musiciens sont heureux d’être ensemble, cela se ressent et le public le voit et le ressent immédiatement. Nos fans verront que nous sommes très unis par l’envie de donner le meilleur de nous même et que nous faisons ce job avant tout par amour de la musique et non pas par l’appât du gain ! C’est ce qu’il manquait avec l’ancien QUEENSRYCHE depuis des années, les gens vont comprendre très vite qu’on est heureux ensemble et que nous jouons une musique que nous apprécions tous, je suis sur que le public fera vite la différence !

MI. Tu continues toujours tes activités viticoles ?
Geoff. Oui, complètement. J’adore les vins français, c’est d’ailleurs cette découverte des différentes saveurs qui a déclenché ma passion pour l’œnologie. J’avais envie de reproduire moi-même tous ces délicieux nectars que vous avez chez vous. Pour moi, c’est en France qu’on trouve les meilleurs vins et j’essaye modestement de me rapprocher de la qualité Made In France. J’adore le Bourgogne, le Bordeaux, le Sauvignon c’est une passion totale qui m’occupe énormément.

MI. Quand tu viens nous rendre visite, tu dois te régaler ?
Geoff. Oui je reconnais je suis coupable !!! [Rires] ... J’adore visiter les régions où il y a des vignes et aller dans vos si belles caves. Je fais des tests, je goute, et j’étudie en fonction des différents cépages. Et puis financièrement c’est très intéressant, j’ai trouvé des bouteilles à 10 Euros, aux Etats-Unis elles coutent 100 Dollars… c’est insensé. Tu sais, je suis un passionné et j’achète toutes sortes de bouteilles pour compléter petit à petit ma cave personnelle. Je collectionne du blanc, du rouge, du moelleux. En fait j’ai commencé très jeune, je crois que j’ai dégusté mon premier verre à l’âge de 14 ans et je suis tombé dedans. Ce qui m’intéresse ce n’est pas uniquement la dégustation mais aussi tout ce qu’il y a en amont. Tout le procédé de fabrication qui va de la récolte du raisin pour aboutir au produit final me captive. Quand j’ai eu la chance de pouvoir voyager à travers le monde grâce au succès de QUEENSRYCHE, je m’arrangeais pour avoir du temps et découvrir de nouveaux produits et acheter des litres de vins. J’en ramenai de tous les pays du monde et je les gardais bien précieusement chez moi. Petit à petit, toutes ces découvertes m’ont donné envie d’en produire moi-même, c’est comme ça que l’aventure à débuté. Mais je reste persuadé que le meilleur vin vient de France, c’est le pays parfait grâce à son climat pour donner des crus de très hautes gammes. Il y a chez vous un savoir faire unique qui vous vient du fond des âges, la culture viticole fait partie de votre histoire depuis des siècles. Je m’amuse beaucoup dans les caves françaises, tester ces boissons merveilleuses n’est pas le plus désagréable ! [Rires] ...

MI. Peux-tu m’expliquer ce qu’était le QUEENSRYCHE Cabaret Tour ?
Geoff. Oui, le Cabaret est un endroit très spécifique et typiquement français à l’origine. C’est une expression connue dans le monde entier que j’aime beaucoup ! C’est un lieu fait pour le spectacle où tu trouves toutes sortes d’artistes évoluant dans des styles différents. J’ai toujours adoré ce genre d’endroit et j’avais envie de créer un show qui soit dans cet esprit. La musique de QUEENSRYCHE, accompagnés par d’autres artistes, un peu comme une comédie musicale de Broadway. J’ai toujours trouvé cette idée marrante. Il y avait une histoire qui reliait le tout. On a fait appel à toutes sortes d’artistes différents comme des jongleurs, des acrobates ou des danseurs pour créer un visuel important dans l’esprit de toutes ces grandes comédies musicales. Chacun devait apporter une touche différente et devait fournir une prestation qui avait un lien direct avec la musique et les textes. Ca été une expérience très intéressante, il a fallu une collaboration importante pour que tout puisse s’imbriquer dans l’histoire. Ca reste un très bon souvenir qui m’a beaucoup apporté car j’ai travaillé avec des gens très performants et très spécialisés, chacun dans leur domaine. J’ai appris énormément à leur contact et puis c’était très rafraîchissant de jouer en leur compagnie. Ce qui était primordial, c’est qu’ils apportent un plus et que ce ne soit pas simplement un spectacle qui venait se greffer sur le show. Et puis nous avons pu faire participer nos familles respectives au projet, nos femmes étaient sur scène avec nous, elles faisaient partie de la troupe. Malheureusement nous n’avons jamais pu venir en Europe car les frais étaient trop élevés pour emmener tous les artistes avec nous ce qui fait qu’aucun promoteur n’était intéressé. C’est dommage car je pense que le public aurait été intéressé par ce show hors normes.

MI. Penses-tu bientôt venir en France pour défendre Kings & Thieves ?
Geoff. Oh, je ne sais pas si cela sera dans le cadre d’un show solo. Mais j’espère pouvoir venir le plus tôt possible, j’adore Paris et j’ai vraiment envie de revenir jouer dans votre capitale. Je pense venir jouer chez vous cet été. Nous allons faire plusieurs festivals avec QUEENSRYCHE et parallèlement à ces concerts, j’aimerais faire aussi plusieurs dates un peu partout en Europe principalement dans les grandes villes. Mais au moment où je te parle rien n’est sûr, peut être jouerons nous dans un festival français, rien n’est déterminé nous sommes en pleine réflexion avec le management.

MI. Est-ce qu’il y a un morceau qui est particulièrement important pour toi sur Kings & Thieves ?
Geoff. Oui, j’ai écris une chanson qui s’intitule « These Glory Days » et qui est inspirée par un très vieux proverbe français qui dit en substance : « Remercie Dieu pour tout, bois du vin, et laisse le monde tel qu’il est ». Cela reflète bien l’esprit de ce disque et ma vision de la vie en général. Il faut respecter tout être humain et accepter ses idées même si tu n’es pas d’accord avec lui et que tu as une philosophie totalement différente. Tu dois te dire qu’il mérite ton respect autant qu’un autre même s’il te contredit. Il ne faut pas s’arrêter à des polémiques inutiles qui te pourrissent la vie. Elle est trop courte pour perdre du temps inutilement dans des stupidités et te ruiner l’esprit avec des pensées négatives. Il faut vivre chaque instant au mieux et savoir apprécier les moments de bonheur que tu peux avoir. J’appelle cela l’acceptation et c’est une très bonne chose que je pratique en permanence. Tu sais, je suis dans une situation délicate où je dois pratiquement tout recommencer à zéro, Après trente ans au sein de QUEENSRYCHE, je me suis fait virer c’est loin d’être facile d’accepter cette situation, il faut savoir une chose : l’action en justice n’est pas terminée, nous disposons chacun du nom jusqu’au prochain jugement qui aura lieu en novembre 2013. Mon idée au départ était de ne pas utiliser l’appellation QUEENSRYCHE avant qu’elle soit attribuée à quelqu’un. Mais mes anciens comparses n’étaient pas d’accord. Au final, l’une des deux parties ne pourra plus utiliser le nom et devra verser une importante compensation financière à l’autre. Dans les deux cas cela va être difficile, c’est une situation terrible que je n’ai pas voulu. J’ai dépensé beaucoup d’argent en frais de justice pour me sortir de ce problème. J’aurais aimé que nous puissions nous entendre au lieu d’en arriver à des extrémités pareilles, mais c’est ainsi et je dois l’accepter.

MI. Merci beaucoup Geoff pour cet entretien !
Geoff. Merci pour l’interview, j’ai apprécié ce moment passé avec toi, à bientôt à Paris…


Ajouté :  Mardi 12 Mars 2013
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
Lien en relation:  Geoff Tate Website
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