CALLEJON (de) - Blitzkreuz (2012)
Label : Four Music Productions
Sortie du Scud : 15 juin 2012
Pays : Allemagne
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 44 Mins
CALLEJON n’est probablement pas le groupe le plus apprécié au monde ni même le mieux compris. Mais parmi cette déferlante de formations émergeantes, c’est surement le plus talentueux. Voilà dix ans aujourd’hui que ces allemands écument les scènes européennes, sans jamais atteindre la reconnaissance escomptée. Avec pour camarades de chambrée HEAVEN SHALL BURN et autres CALIBAN, la bande à Bastian Sobtzick (alias BastiBasti) avait tout pour déclencher la même ferveur, d’autant plus que son Metalcore, aseptisé au début, s’est construit au gré d’albums versatiles, teintés d’une folie très allemande mais aussi d’un professionnalisme pas moins teuton. Deux ans après l’extraordinaire Videodrom qui est passé très inaperçu en dépit d’être de loin leur meilleur effort, le quintette revient avec un Blitzkreuz plein de promesses.
« Blitz », l’éclair. « Kreuz », la croix. Au final, cet opus porte le nom de leur logo et représente de manière quasi-parfaite l’énigme CALLEJON. Un Metalcore fantasque, chanté en allemand, flirtant avec le Thrash et le Punk, capable de balades prenantes (« Phantomschmerz ») comme de pamphlets expéditifs (« Kinder Der Nacht »). Avec ce quatrième full-lenght, c’est peu dire que les codes resteront inchangés. Tout d’abord, saluons le travail visuel qui entoure cette œuvre. Pour les chanceux ayant commandé l’édition limitée, ils disposeront d’un très beau digipack, avec un patron évoquant la fameuse « Blitzkreuz ». Le disque sera alors accompagné d’un DVD avec des images de leurs tournées et des making-of. Notons par ailleurs que c’est BastiBasti qui a conçu et réalisé l’artwork, ainsi que les dessins présents dans le booklet. Mais venons-en à l’essentiel, le contenu de ce Blitzkreuz. CALLEJON nous accueille avec la composition éponyme, une sorte de « Videodrom » bis, avec intro musclée et le refrain scandé en deux syllabes qui se greffe immédiatement dans votre cerveau. Les structures sont très classiques, avec des guitares tranchantes et une basse explosive. BastiBasti intervient à bon escient, un coup avec ses screams aigus, un coup avec sa voix claire nasillarde, les deux chants souvent superposés. Cette entrée en matière aurait la fougue nécessaire et le potentiel tube pour figurer sur l’opus précédent, ce qui n’est pas le cas de toutes les compositions. Ce Blitzkreuz contient assurément moins de singles en puissance que son prédécesseur, mais du coup il s’oriente vraiment vers quelque chose de plus travaillé et de plus composé. Il y a toujours ce souci de la mélodie qui accompagne des riffs souvent vivaces et hachés. Il y a toujours ces refrains clairs impactants qui donnent une âme à chaque chanson. Mais il n’y a plus ce côté Metalcore « bling-bling » et fluorescent. Ce disque est beaucoup plus carré et beaucoup plus sombre que tout ce qu’a fait CALLEJON par le passé. Moins Pop, moins Rock N’ Roll, il surprend dans la mesure où on s’était habitué à un groupe foufou. L’énergie demeure, le groove aussi. « Was Bleibt Seid Ihr » est là pour le rappeler. Et Dieu soit loué, les allemands évitent de tomber dans le grotesque en plaçant des effets à tire-larigot. Entre la rugosité de leur Metalcore et les artifices qui ont tendance à déshumaniser la musique, il y a un équilibre, exprimé par exemple sur « Meine Liebe ». Il va sans dire que cet album étoffé et intense exprime en surface les plus gros défauts du Metalcore moderne pour qui l’écoute d’une oreille distraite. Le grand public fera probablement une fixette sur « Porn From Spain 2 » qui fait participer vocalement le groupe de Hip-Hop berlinois K.I.Z ainsi que Sebastian de MADSEN et Mille de KREATOR, sans même savoir que cette chanson n’est que la suite logique et déjantée du « Porn From Spain », qui était d’ailleurs le point culminant du Zombieactionhauptquartier de 2008. Ce sont surement des featurings racoleurs, mais ce n’est ni plus ni moins que du fun, qui autorise aussi une bouffée d’air au cœur d’une galette massive.
Trop massive ? Non. Moins drôle ? Oui. CALLEJON, tout au long de son album, n’a de cesse de redoubler d’efforts pour proposer des créations qui tiennent la route. Avec succès. « Blitzkreuz », « Meine Liebe », « Porn From Spain 2 », « Kind Im Nebel » sont autant de temps forts qui donnent vie à ce disque. Pourtant, je ne peux m’empêcher de regretter le grain de folie présent sur Videodrom. C’est un manque, universel sans doute, qui viendra hanter tous ceux qui connaissent ces garçons depuis leurs débuts. Quant à ceux qui les découvriront par le biais de cette sortie, nul doute qu’il leur faudra consentir à beaucoup de sacrifices pour apprivoiser le phénomène CALLEJON. Une énigme, vous dis-je !
Ajouté : Mardi 26 Juin 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Callejon Website Hits: 8688
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