JORN (no) - Bring Heavy Rock To The Land (2012)
Label : Frontiers Records
Sortie du Scud : 1er Juin 2012
Pays : Norvège
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 55 Mins
Bring Heavy Rock To The Land… Bon, allez, franchement, je ne vais pas vous le cacher, je n’avais carrément rien compris au jeu de mot de ce titre … En fait, je vous aiguille un petit peu : il faut comprendre « Bring Heavy Rock To The LandEEEEE », vous voyez, comme Lande, le nom du Duke. Enfin de Jorn, quoi. Oui oui, vous savez, le mec norvégien qui a la même voix que David Coverdale (ouais, je sais, je l’ai déjà faite 100 fois, enfin bon c’est histoire de vous remettre un peu dans le contexte et de vous trouver une référence facile). En même temps, le Jorn, il a quand même plus la voix de Coverdale que de Dani Filth, pas vrai ?
Bon, bref, Jorn Lande est de retour, même s’il n’est jamais vraiment parti, puisque participant à tous les projets disponibles sur le marché (hommage à Ronnie James Dio, albums avec Russell Allen, tournée avec AVANTASIA, album de Ken Hensley, side-projects de Arjen Lucassen, etc …). Et son nouvel opus s’intitule Bring Heavy Rock To The Land. Là où on appréhende toujours la sortie d’un nouveau disque du Duke, c’est que même si le gusse possède l’une des voix les plus chaudes et rauques du moment, niveau compos ça laisse toujours à désirer. Et la cuvée 2012 ne fera pas mentir ce fait incontestable. Il y a un dicton qui dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, pour Jorn on aurait tendance à penser le contraire.
Déjà, bien que l’exercice de la reprise constitue toujours une épreuve périlleuse, le Duke pourra-t-il nous expliquer ce que vient faire là cette version du « Ride Like The Wind » de Christopher Cross, à la sauce SAXON ? Enfin quand même, la bande du père Byford nous a fait le coup en 1988 et ça sentait déjà bien le sapin à l’époque … Vous me direz, ça change d’une énième reprise de WHITESNAKE et vous n’aurez pas tort (quoique de ce côté-là, vous aurez la ballade coverdalienne à mort « Black Morning » à vous mettre dans l’oreille). Même si l’influence de tous ces dinosaures des 70’s n’est jamais bien loin, en atteste l’enchaînement de riffs d’un « I Came To Rock ». Bon mais pour revenir aux reprises, je vous le donne en mille, Pépère Lande nous gratifie d’un « Time To Be King » paru en 2010 et interprété par … MASTERPLAN … L’excuse bidon, c’est que Roland Grapow (le gratteux de MASTERPLAN) aurait rajouté trop de pistes de guitare au morceau écrit par Jorn, et que donc, Môssieur voulait le jouer à sa façon, et pas autrement. C’est donc chose faite. Tout ça pour ça, c’est léger et ça fait perdre du temps à tout le monde, et surtout à moi quelque part.
Entre perdre son temps et remonter le temps, la nuance semble évidente, et pourtant, le Duke réussit sans soucis à concilier les deux, sans honte et sans aucune retenue. En écoutant « Ride To The Guns », on se croirait revenus en 1990 lorsque MAIDEN nous pondait No Prayer For The Dying pendant sa période la moins sexy, enchaînant les trois accords (mi-mi-mi-mi-mi-ré-do-do-etc …..) avec peu de conviction. Oh, je sais ce que vous allez dire, ça y est, ce chroniqueur est blasé, il n’aime pas Jorn Lande parce qu’il se la joue comme Coverdale, il va encore descendre en flammes l’album, et gnagnagna … Ben détrompez-vous, les amis. Bon OK, le mec en fait des tonnes avec ses « music is my soul » et autres « I love the melody » à tout va. Mais j’adore Jorn Lande. Mattez-vous le dernier DVD live d’AVANTASIA et je peux vous assurer que le Duke tire facilement son épingle du jeu (un peu comme Bob Catley, d’ailleurs, sur ces mêmes shows). Et je reste un fan inconditionnel de sa voix. D’ailleurs quand résonnent les premières mesures de cette introduction électro-acoustique, « My Road », j’en frissonne d’avance.
Vous voulez vraiment savoir où ça déconne, avec Jorn ? C’est simple. Ecouter un album du Duke, c’est comme faire jouer Nasri ailier droit et non pas milieu axial, c’est comme faire l’amour sauvagement à Gianna Michaels et son popotin magnifique sans passer par la porte de derrière. Ça s’appelle un potentiel sous-exploité. Pour s’en convaincre, il suffit de lancer les pistes 2 et 6, ces morceaux somptueux au tempo terriblement lourd, et sur lesquels plane l’ombre de ce grand (par le talent) bonhomme qui nous a quittés il y a peu, j’ai nommé le lutin Ronnie James Dio. Certes, « Bring Heavy Rock To The Land » propose un refrain pas évident qui se démarque peu du reste, mais que dire de « The World I See » ? Une montée en puissance riche en émotion, passant de l’état de ballade à celui de Heavy plombé, un Jorn impérial et ce refrain, bon sang, ce refrain … Si Ronnie avait du choisir son héritier légitime, nul doute qu’un titre comme celui-là l’aurait scotché, tellement l’affiliation est flagrante. Je dois dire qu’en entendant ça, j’ai pensé à Dio et les larmes n’étaient pas loin. Seule Doro m’avait fait chavirer à ce point là en reprenant « Egypt ». Car bon sang que c’est beau.
Dans le genre moins lourd et surtout plus énergique, il faut souligner qu’il y a aussi du très bon. Le speedé « Chains Around You », à la mélodie tragique qui fait mouche. Et « A Thousand Cuts », tranchant comme le bon vieux Heavy Metal, avec des power-chords étouffés comme on les aime, et une paire de guitaristes (Tore Moren et Jimmy Iversen) qui se font plaisir. Seul bémol (comme quoi même sur les meilleures chansons, je trouve des choses à redire) : « A Thousand Cuts » dure plus de 8 minutes et finit par s’essouffler.
Alors que faut-il retenir de Bring Heavy Rock To The Land ? Plusieurs choses. Pour commencer, que le père Jorn se débarrasse du producteur Tommy Hansen (rien à voir avec l’acteur gay porno, hum), qui appartient malheureusement à un autre temps … Il lui faut un mec pour le recadrer, pour lui dire quand c’est mauvais, voire même pour l’orienter dans ses choix de reprise. Ensuite, quand on sort ses albums chez Frontiers, on doit pouvoir s’entourer de la crème des crèmes en termes de songwriters, citons au hasard Magnus Karlsson (PRIMAL FEAR) ou Dennis Ward (PINK CREAM 69). Pourquoi pas solliciter le petit Tobias Sammet ?!! … Voilà qui permettrait enfin de sortir un disque canon, d’utiliser cette voix magnifique à bon escient et de justifier le statut de Duke que le Suédois s’attribue sans jamais vraiment convaincre.
Ajouté : Mercredi 13 Juin 2012 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Jorn Website Hits: 7598
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