HELMUT (ch) - XI IX XI (2011)
Label : Heimathome Records
Sortie du Scud : 11 septembre 2011
Pays : Suisse
Genre : Stoner Rock / Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 52 Mins
Regardez bien la pochette de ce disque. Me croiriez-vous si je vous disais que l’ombre des barbes touffues de Billy Gibbons et de Dusty Hill (je rajouterais volontiers Frank Beard mais il est rasé de trop près) navigue paisiblement de gauche à droite à l’intérieur même de cette œuvre ? Non ? Vous avez tort. Parce que les membres d’HELMUT eux-mêmes revendiquent l’influence du power trio Texan ZZ TOP sur leur musique. Alors pour s’en convaincre, la seule solution restera d’écouter XI IX XI. Vous pourrez dès lors vous demander ce qu’un groupe qui affiche ostensiblement ses affinités avec les patrons du bluesy-country-Rock ricain peut bien faire sur Metal-Impact. Là encore, vous avez tort. HELMUT, c’est un brassage de générations qui vous emmène tantôt du côté du delta du Mississipi pour revisiter le Blues populaire, tantôt sur la West Coast pour puiser dans un répertoire davantage Desert Rock.
Ne vous y trompez pas, ceci n’est pas un cours magistral de géographie. Il fait néanmoins bon savoir qu’HELMUT, c’est beaucoup moins exotique que ça puisque c’est Suisse. Voilà qui est dit. Concernant ce second opus, il faut reconnaître qu’en plus d’être un mélange osé d’influences, c’est sacrément couillu. Si par curiosité, on se focalise beaucoup au début sur le nom de ZZ TOP, la musique des Helvètes ne laisse place à aucune sorte d’imbroglio. Le punch du vieux Rock groovy à l’américaine est là, c’est une évidence. Mais il est léger, suggéré, nuancé. Parfois, il sort de sa tanière, comme sur l’ouverture très Rock N’ Roll de « Chouchenn ». Ça reste une rareté à savourer. La plupart du temps, HELMUT préfère tricoter autour d’un Stoner asexué dans lequel se glissent des éléments de Metal moderne comme des riffs orientés Thrash (« Chickenbrain »), des saccades rythmiques incohérentes à la MESHUGGAH (« Tap 7 ») ou même une cithare sur la longue introduction instrumentale « A Decade Of Lost Freedom » qui fait un peu Slumdog-Millionaire-Metal. XI IX XI évolue avec sérénité dans son registre et laisse constamment l’auditeur en alerte, sur le qui-vive. Le passage presque Black Metal avec roulements de batterie aux alentours des 3 minutes sur « Divine Kebab » est l’exemple type de ces jaillissements imprévisibles qui vous collent au mur. Cette galette en est garnie et pour peu que vous y soyez sensibles, ils seront ou pas une raison d’adhésion au projet. Nerveusement, c’est parfois usant et pénible. Les incessantes modulations vocales de Peter, couplées aux brusques changements de tempos rendent l’album éprouvant dans son ensemble, même si la justesse dans l’écriture fait passer la pilule. On atteint rarement l’extase, le nirvana, mais la bonne tenue de route de XI IX XI ainsi que sa production très carrée (très suisse j’ai envie de dire…) en font une œuvre somme toute logique dans sa construction, rehaussée de notes Blues et Jazz concupiscentes. Ce n’est peut-être pas une bouffée d’air frais, dans la mesure où HELMUT reste une entité relativement singulière, mère-porteuse de travaux parfois difficiles d’accès. Mais tout s’arrange après avoir répété l’écoute de ce full-lenght, pour peu qu’on ait vraiment envie de le comprendre.
Voilà surement ce qui fera la différence. XI IX XI n’est pas un disque d’ambiance, qui s’écoute à la maison comme on écoute « We Are The Champions » en poussant de la fonte ou « I’m Sexy And I Know It » en sortant de son centre de bronzage. C’est un disque qui a besoin de temps pour être appréhendé, adopté puis dompté. A vous de voir si vous en avez suffisamment à lui consacrer.
Ajouté : Mercredi 30 Mai 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Helmut Website Hits: 8924
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