PRONG (usa) - Carved Into Stone (2012)
Label : Long Branch Records / SPV
Sortie du Scud : 24 avril 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 44 Mins
C’est vrai, PRONG a mené une première partie de carrière sans faute. De Primitive Origins à Rude Awakening, la progression a été constante, et le Hard-core des débuts à fait place à un Metal unique, aux influences éparses, mais louchant sensiblement vers l’Indus, aux sonorités froides et répétitives.
Certes, il y a les nostalgiques de l’ère Mike Kirkland, vouant un culte aux trois premiers LP du groupe. Il est vrai que l’ex portier du CBGB’s avait une voix unique, et une propension à composer des titres louches et secs.
Il y a aussi ceux qui vénèrent les trois derniers efforts du groupe, ceux sur lesquels le jeu de Ted Parsons a pris une ampleur inestimable, au point qu’on aurait presque pu croire qu’il s’était transformé en boite à rythme (le final métronomique de « Who’s Fist Is This Anyway » en a traumatisé plus d’un…).
Je suis moi-même un fervent défenseur de Cleansing, album compact et rythmiquement imparable. Mais je garde une tendresse toute particulière pour Force Fed, lorsque le trio dégageait cette alchimie si unique, ce parfum si enivrant, lorsqu’il mixait les influences core de New York aux expérimentations urbaines de SONIC YOUTH et des SWANS.
Alors lorsque PRONG est revenu une première fois avec Scorpio Rising en 2003, puis Power Of The Damager en 2007, mon enthousiasme fut nuancé bien sur d’une pointe de déception. Ils avaient changé.
Bien sur, il ne subsistait plus du line-up des dernières années que l’indétrônable Tommy Victor. Mais il ne faudrait pas oublier que les seuls points communs entre tous les travaux du groupe ont toujours été sa guitare et sa voix.
Alors, il est un peu chez lui quand même.
Que pouvait donc donner un nouvel album de PRONG en 2012 ? Que pouvait nous apporter cette entité qui fut si influente il y a maintenant vingt ans ? Des surprises ? Des déconvenues ?
La réponse est simple. Rien de tout cela.
Juste du plaisir.
Tommy Victor a sacrément bien joué son coup. Car Carved Into Stone est un album qui a été réfléchi, pesé, estimé, avant d’être lancé sur le marché. On y retrouve ces rythmiques pesantes et cathartiques, ces riffs simples mais biscornus, ces alternances de tempo. La voix du maître de cérémonie n’a pas changé d’un iota, toujours aussi ferme mais intelligible. Et de ça de là, on retrouve par petites touches le passé, même si le LP est résolument tourné vers l’avenir.
Prenez « Revenge Served Cold » par exemple. On croirait ce morceau issu des sessions de Cleansing ou Rude Awakening. Même charlet sinueux, même rigueur, même fausse linéarité dissimulant avec peine une structure travaillée. « State Of Rebellion » pourrait être un leftover de Prove You Wrong. Refrain clair et scandé, couplets solides et stables, même construction flottant entre les atmosphères, même basse ronflante. Ni mimétisme, ni passéisme, juste un acquis qu’on ne peut occulter. Et c’est normal, car c’est un héritage, un don.
Mais la tradition ne doit pas nous faire oublier que Carved Into Stone est aussi atypique parfois, tout du moins d’une façon interne. Le furieusement Thrash « Eternal Heat », dont le riff semble calqué sur le « I’m A Gun » de SHOTGUN MESSIAH ouvre les hostilités d’une façon bien hargneuse.
« Subtract », c’est le meilleur du Heavy teinté d’un refrain catchy, comme seul PRONG sait les pondre. « Ammunition », c’est le genre de riff dont Rob Zombie pourrait rêver. Plus WHITE ZOMBIE que nature, avec cette rigidité que les ex-fans de série B n’auront jamais que touchée du doigt.
« Reinvestigate », où comment refermer la page en adressant un salut aux tâches déjà accomplies. Sombre, pesant, c’est la facette la plus profonde de Tommy Victor. Et un bien beau moyen de nous remercier d’avoir écouté l’album jusqu’à son terme.
En écoutant Carved Into Stone, j’ai réalisé à quel point il serait vain d’essayer d’établir des ponts entre le présent et le passé. Certes, cette réalisation est moins aventureuse que bon nombre de LPs du groupe. Mais quand on a déjà tellement fait, comment donner plus ? Comment repousser les limites ? Même des artistes majeurs comme Dylan ou plus proches de nous, IRON MAIDEN ou SLAYER ont un jour dit stop. Nous avons assez fait avancer la machine. Soyons juste nous-même. Tout le monde n’est pas METALLICA, toujours sur la brèche, cherchant à déstabiliser, en produisant des albums improbables aptes à ne séduire qu’une petite frange de leur public.
PRONG ici, ne cherche pas à prouver quoi que ce soit. Juste à jouer une musique puissante et inspirée. Et c’est le cas.
Tommy, tu es un homme intelligent après tout. Sinon, pourquoi serais tu encore là ?
Ajouté : Lundi 05 Mars 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: http://www.prongmusic.com Hits: 11578
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