DECAYED (pt) - Lusitanian Black Fucking Metal (2011)
Label : War Productions
Sortie du Scud : 30 novembre 2011
Pays : Portugal
Genre : Black / Thrash Metal
Type : Album
Playtime : Titres - Mins
Moi qui croyais croiser le fer avec une équipe de poussins… ça m’apprendra à cataloguer sur un simple nom d’album. Lusitanian Black Fucking Metal. Tout un programme. De l’origine géographique au style musical, tout est synthétisé dans ce titre-slogan qui n’est pas sans rappeler la prose pleine de subtilités de l’ami René Kanwulf (NARGAROTH). Mais DECAYED est finalement assez loin de ce que l’on croit. 9 albums, 9 splits, 9 compilations, 8 EP, 5 démos et 4 lives, soit pas moins de 44 enregistrements officiels depuis 1990, soit 2 sorties par an, soit un rythme de croisière qu’on retrouve dans l’univers particulièrement singulier du Black Metal. A la lecture de cette discographie assez impressionnante, on réalise assez mal que tout ce boulot soit l’œuvre d’un seul et même commandant de bord, qui n’a eu de cesse au long de sa carrière de renouveler son équipage.
On le connaît sous le pseudonyme de J.A. C’est lui le cerveau et rien d’autre ne filtre. Jamais ! Alors ne vous étonnez pas trop de devoir vous contenter d’une chronique qui n’a pas eu les moyens de prendre en compte ses travaux passés, car ils sont si rares que J.A doit être le seul homme sur Terre à posséder la collection complète. J’ai d’ailleurs beaucoup d’admiration pour cette ténacité, cette productivité qui pousse un musicien dans ses retranchements les plus intimes afin de se renouveler artistiquement, et ce après plus de deux décennies d’activités. Seulement voilà, Lusitanian Black Fucking Metal est un album poussif composé par un maestro essoufflé. Il est évident que cet homme n’en était pas à son premier coup d’essai, sinon, comment expliquer autrement cette générosité qui sonne presque forcée ? C’est avec un brin d’amusement qu’on écoute ces quelques compositions, en se disant que ce gars a beaucoup bourlingué et qu’il n’a peut être plus la même verve qu’il y a vingt ans. Musicalement, DECAYED est, et à toujours été ancré dans un Black Metal teinté d’exotisme. Sur une carte du monde, le Portugal est plus proche de la Scandinavie que du Brésil et pourtant, sa musique n’est pas sans rappeler la scène extrême sud-américaine, qui s’appuie particulièrement sur des tempos tribaux et des arrangements Thrash dans les riffs, le tout enroulé dans une production qui fleure bon l’ammoniaque d’une morue perdue sous un soleil de plomb. Dans ses propos, J.A n’est pas très convaincant puisque son discours se résume à des guitares ultra-saturées jonchées de réverbérations sur lesquels avance prudemment un chant Black en sous-mixage. La batterie a cette particularité de faire dans les rythmiques tantôt tropicales, tantôt blastées jusqu’à la moelle, sans se départir d’une certaine vitesse d’exécution. Mais le sujet fâcheux de ce disque reste et demeure les deux reprises, une de VIOLENT FORCE et une autre de BATHORY qui s’avèrent être bien supérieures au reste de l’opus. Réalisation propre tout en gardant un certain feeling (surtout sur « 13 Candles »), DECAYED est dans un hommage très abouti à son mentor, en la personne de Quorthon. C’est juste flippant que ces gars soient capables d’être meilleurs sur des covers que sur leurs propres compositions, qui sont au final la répétition graveleuse d’une recette cent fois écumée. A la seule différence que notre ami portugais soit un des rares à coller une introduction sur absolument chaque morceau, dont un excellent air de musique classique sur « Ventos Negros ». Un détail qui a le mérite de saucissonner un opus qui aurait été totalement indigeste sinon.
Lusitanian Black Fucking Metal est donc définitivement hors-concours pour le titre d’album Black Metal de l’année 2011. La faute à l’absence complète d’émotions, qui revient un peu à renverser une femme enceinte le jour de l’examen du permis de conduire. C’est éliminatoire. On regrettera aussi cette facette « usine à gaz » qui est presque palpable, même sans avoir entendu ses précédents travaux. En somme, de gros défauts qui prennent très vite le pas sur de petites qualités. Ecouté et vite oublié.
Ajouté : Mardi 21 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Decayed Website Hits: 9882
|