ANTHRAX (usa) - Worship Music (2011)
Label : Nuclear Blast
Sortie du Scud : 13 septembre 2011
Pays : France
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 66 Mins
1990. Et oui, déjà. La dernière collaboration entre ANTHRAX et son ancien chanteur eut lieu il y a vingt et un ans, lors de la sortie de Persistence Of Time. Beaucoup d’eau à coulé sous les ponts depuis. Joey Belladonna s’est perdu dans des albums solo dispensables et trop estampillés Heavy 80’s, tandis que ses anciens compères se permettaient au contraire d’entamer la meilleure partie de leur carrière, proposant presque sans efforts des LP incroyables. Grâce à l’apport du talent de l’inestimable John Bush, ANTHRAX a gagné en respectabilité et crédibilité, et nombreux sont les fans du groupe à encenser cette période bénie, bercés par des chefs d’œuvres comme Stomp 442, Sound Of White Noise ou encore Volume 8, The Threat Is Real.
Mais voilà, John est parti, remplacé par le discret et sympathique Dan Nelson, qui fut le premier à coucher ses parties vocales sur cet album.
Depuis, pas mal de choses. Le Big4 bien sur, le retour de Bush, et puis son départ à nouveau. Et cette promesse de nouvel album qui traînait en longueur depuis 2010, avec deux titres lancés en éclaireurs, le plutôt furieux « Fight’em ‘Til You Can’t » au refrain fédérateur, et le Heavy « The Devil You Know ». A tel point qu’on y croyait presque plus.
Et pourtant il est là ce fameux Worship Music. Et bien là.
Il faut d’abord que je vous avoue une chose. En dehors du légendaire Among The Living, qui depuis 1987 fait partie de mes albums de chevet, je n’ai jamais supporté la voix de Belladonna. Trop aigue, trop en décalage avec la musique de Ian et Benante. Alors le ANTHRAX de State Of Euphoria et Persistence Of Time, je n’en ai cure. Chansons tirant en longueur, riffs ruinés par les intonations clichesques de Joey, je n’ai jamais pu, désolé. Tout ça pour dire que je n’attendais pas grand-chose de Worship Music, même après la brillante prestation du combo au Sonisphère, où même Belladonna fut remarquable et en place.
Mais je tenais quand même à l’écouter, par respect.
Et grand bien m’en a pris.
Car ne le cachons pas, c’est une réussite totale.
Même en étant de mauvaise foi, même en regrettant l’absence de Bush, même en usant d’arguments aussi hypocrites que condescendants, je n’arriverai pas à le descendre. Je ne sais pas, car même si son enregistrement fut tout sauf une symbiose parfaite, puisqu’il fut composé et enregistré avec Dan, on a l’impression en l’écoutant qu’il est né d’un effort collectif, synthétisant la créativité et le talent de tous. Scott et Charlie ont une fois de plus pondu des rythmiques irrésistibles, comme eux seuls savent le faire, mais ils les ont agrémentés de mélodies parfaites, et quasiment créé un crossover monstrueux entre leur Heavy période Bush et le Thrash joyeux des années 80. Avec quand même une emphase particulière pour la première catégorie. La voix de Joey, loin d’en faire des tonnes comme avant, est placée juste, tombe toujours pile, est puissante, racée, et met en valeur des refrains inoubliables. Je dois être franc. Ca n’est pas forcément choquant à la première écoute. Il faut laisser le temps à l’album de s’installer en vous, il vous faut le ressentir, et au final, l’évidence apparaît comme l’éclair au milieu des nuages du doute.
Worship Music est bien un des meilleurs albums d’ANTHRAX. Mieux qu’un come-back, une démonstration de force.
Car outre les deux morceaux déjà connus, il contient un nombre impressionnant de pépites vers lesquelles on revient régulièrement par admiration. Des pépites lourdes, précieuses et qui ne se contentent pas de briller par des effets de manche.
De « Earth On Hell » et son Thrash furieux qui se pose en résumé parfait de ce que l’Amérique peut produire de meilleur dans le genre, jusqu’à « Revolution Screams » qui emprunte le même chemin avant son drop out menant tout droit à une cover immense du « New Noise » des REFUSED, tout est hautement comestible. Y compris les deux pavés de plus de six minutes, « In The End » et son tocsin lugubre, ainsi que « Judas Priest » et son hommage même pas déguisé envers un groupe qui en a influencé tant d’autres.
Avec en cerise sur le gâteau un son parfait, brillant, puissant mais pas écrasant, des musiciens irréprochables dans l’exécution, et une pochette sublime signée Alex Ross (We've Come For You All, Music Of Mass Destruction), vous avez entre les mains un LP bien redoutable.
Je n’aurais jamais cru qu’un jour je puisse célébrer le retour de Joey Belladonna dans ANTHRAX. Et pourtant c’est fait. En même temps, il faut savoir rester objectif et souligner le talent dont a fait preuve un groupe dont on n’attendait plus grand-chose, il faut l’avouer. Mais c’est justement quand la bête est à terre, blessée physiquement et dans son honneur qu’elle est la plus dangereuse.
Et Worship Music est une attaque à pleins crocs. Dont on ne ressort pas indemne, croyez moi !
Ajouté : Jeudi 08 Septembre 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Anthrax Website Hits: 11148
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