Deuxième album solo du beau Sebastian après le classique Angel Down en 2007, et de nombreuses expériences sur les scènes de Broadway ainsi que quelques participations télévisuelles (Gilmore Girls notamment). Bach s’est cette fois ci entouré de pointures pour mettre tous les atouts de son côté, et nous retrouvons ainsi Bobby Jarzombek (JUGGERNAUT, RIOT, HALFORD, FATES WARNING, DEMONS & WIZARDS, et accessoirement frère de Ron Jarzombek, tricoteur de génie qui officia chez les irréels WATCHTOWER) à la batterie, et l’excellent Nick Sterling (AEROSMITH, KID ROCK, CHEAP TRICK, CINDERELLA, Steve Vai, Joe Satriani, Eric Johnson, Gary Hoey, Peter Frampton, Gavin Degraw, Bachman–Turner Overdrive, Jackyl, excusez du peu..) à la guitare.
Alors, une belle équipe, c’est un fait. Mais cela suffit il pour composer et interpréter un bon album de Hard-Rock bien velu ?
De ce côté-là, pas de souci, ça bastonne, c’est Heavy à souhait, ça rappelle un peu l’orientation de son ancien groupe sur Slave To The Grind (pour le côté rugueux et sombre des guitares et l’atmosphère généralement explosive et tendue), les riffs sont puissants, et les changements de rythme assez récurrents. Tout le monde fait le job, et pourtant, après de nombreuses écoutes, on se dit que ça ne décolle pas vraiment jusqu’à ce que la cinquième piste, « Caught In A Dream » n’intervienne.

Car c’est selon moi le premier morceau où la voix mythique de Sebastian rentre enfin en scène, avec ses modulations diaboliques, ses variations allant du scream pur jus à la séduction venimeuse et veloutée, et surtout son développement musical semble un poil plus travaillé que les quatre titres précédents. Impression confirmée par « As Long As I Got The Music », qui ressemble en tout point à un savant dosage entre le premier et éponyme effort de SKID ROW et son successeur.
Et ça n’est point le superbe « I’m Alive » qui viendra contredire ce soudain virage de mi album, avec sa mélodie magnifique mettant parfaitement en valeur le chant sublime du Bach. Réminiscence des power ballads de la fin des 80’s/début des 90’s, dans laquelle Nick donne toute l’étendue de son talent, ce morceau est vraiment un des points forts de cet album, avec en contrepoint ce vibrato vocal précis qui colle des frissons et que Sebastian manie à merveille.

Le médium « Dream Forever » enfonce un peu plus le clou, et renforce l’impression que cet album dégage depuis le début, à savoir que ce sont les titres les plus accessibles et mélodiques qui emportent l’adhésion de l’auditeur. Non que les titres les plus puissants soient complètement dénués d’intérêt, comme le prouve le très rapide et décalé « My Own Worst Enemy » (un clin d’œil à « My Enemy » qui ouvrait Subhuman Race ?), mais ils tombent le plus souvent dans la redite, la faute certainement à des riffs la plupart du temps similaires. Et ils ne permettent pas vraiment à Baz de s’envoler, et vous conviendrez que brider un chanteur pareil n’est pas la meilleure option possible. Cela dit, sa voix est toujours à des années lumières au dessus de bon nombres de vocalistes de Métal contemporains, et c’est toujours une joie de l’entendre, car il restera pour l’éternité un des meilleurs chanteurs que le Hard Rock ait connu.

Au rayon des réussites, n’hésitons pas à nommer « Tunnelvision » et son riff quasi Thrash qui fait flotter l’esprit de Dimebag Darrell tout autour de la pièce, et le plus nuancé et mélancolique « Wishin’ » qui clôture l’album d’une bien belle façon.

Alors non, Kicking & Screaming, ne sera pas le chef d’œuvre ultime d’un gosier qui aura fait se dresser bien des poils de bras tout au long des années, mais il reste un témoignage sympathique de ce que Baz est encore capable de nous proposer en 2011.
Et un mec qui arrive avec sa seule voix à vous faire occulter une musique parfois très dispensable, vous en connaissez beaucoup franchement ?
Moi non plus.