Bande de radins! Ils te demandent de chroniquer leur album, genre t'as que ça à foutre, ils t'envoient le CD et... c'est tout! Pas la moindre bouteille de vodka dans le colis, même pas une mignonette. Alors les gars je vais être clair: quand on veut obtenir une bonne note pour son album, la moindre des choses c'est d'y mettre du sien, surtout avec un nom comme le votre! Ah la la, les traditions se perdent... Enfin tant pis pour vous, ce manque de savoir-vivre entrainera mécaniquement une division par 2 de votre note. Allez, je rassemble mon courage et je tente l'impossible : écrire une chronique à jeun!

Premier constat, ZUBROWSKA est un groupe qui a l'alcool triste : artwork funèbre (et assez moche) pour des compos à la violence teintée d'une certaine mélancolie. L'humour est également présent mais on est loin des grosses blagues potaches que leur nom laissait présager. Ayant grandi dans l'ombre de GOJIRA, les toulousains se démarquent aussi très nettement de leurs illustres voisins. Plus speedée, moins massive, leur musique pourrait, en schématisant, être qualifiée de Metalcore, un style très porteur depuis quelques temps et dont le groupe entend bien profiter pour se faire une place au soleil. Pour y arriver, nos furieux peuvent compter sur 2 atouts majeurs.
D'abord une solide expérience : bien qu'assez méconnu, ZUBROWSKA roule sa bosse depuis une dizaine d'années; et s'il n'a aujourd'hui que 3 albums à son actif, c'est plus davantage à cause des changements incessants de line up que d'un quelconque manque d'inspiration. Cette expérience leur permet d'être techniquement crédibles d'un bout à l'autre de l'album, enchainant les plans avec une fluidité à faire rougir de honte les puceaux de BRING ME THE HORIZON.
Deuxième avantage: Jens Borgen. Et oui, quitte à mettre 5 ans pour sortir cet album, autant le fignoler à la perfection. Le groupe n'a donc pas hésité à casser sa tirelire pour s'offrir la Rolls des producteurs. Et on reconnaît tout de suite sa patte: massive et super clean, avec toutefois des aigus un peu étouffés, cette production de premier ordre laisse chaque instrument s'exprimer pleinement sans empiéter sur les autres. Un aspect extrêmement maîtrisé qui tranche étonnamment avec le côté un peu foutraque de la musique jouée par ZUBROWSKA mais qui au final, en renforce l'impact. Résultat: 3/4 d'heure d'un Metal furibard et sans concessions, qui vous colle une envie de tout casser en quelques secondes sans trop vous filer mal au crâne. Nos buveurs de vodka ont quand-même eu la présence d'esprit d'émailler l'album de quelques passages plus doux, 2 ou 3 lignes de chant clair et même quelques instrumentaux, histoire de nous aider à digérer les hurlements écorchés indissociables du genre Metalcore.

Bien équilibré, bien produit, bien joué et sincère, ce Zubrowska are Dead est la bonne surprise made in France de ces derniers mois. Alors ça nous fera 16/10 divisé par 2, ce qui nous donne un bon 8.
Allez, c'est pas tout ça mais il fait soif ! Je m'en vais voir si BLACK LABEL SOCIETY n'a pas un album à chroniquer...