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CODEON (fi) - Source (2008)






Label : Stay Heavy Records
Sortie du Scud : 18 juin 2008
Pays : Finlande
Genre : Death / Thrash Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 45 Mins





Non, ce groupe n’a rien à voir avec CHIMAIRA, bien que le logo s’en rapproche fortement. CODEON, c’est plutôt un quintette finlandais de Death/Thrash Mélodique qui, suite à une démo, puis un EP, en 2005, s’est attelé à la composition d’un nouvel album l’année suivante. Il est bon de noter que cet opus, Source, a tout de même demandé deux années d’enregistrement, d’où sa sortie si tardive. Il ne reste, alors, plus qu’à espérer qu’un temps aussi long ait été le résultat d’un perfectionnisme absolu du groupe, peaufinant chaque détail au possible. Cette dernière phrase pourrait laisser penser que je m’apprête à exposer le contraire, et en profiter pour descendre l’album en flèche ; mais non, il faudrait vraiment être d’une extrême mauvaise foi pour ne pas reconnaître le travail monumental de composition dont a bénéficié chacun des dix titres. Les morceaux se révèlent être d’une durée supérieure aux standards du genre, laissant entrevoir un groupe inspiré qui ne construit pas ses compositions seulement en fonction de refrains qui n’en seraient alors que le seul intérêt.
De prime abord, les guitares s’imposent comme élément moteur et principal de ce disque, ce qui était plutôt attendu quand on sait que les deux instrumentistes sont Sami Raatikainen (NECROPHAGIST) et Asko Sartanen (NAILDOWN et ex-IMPERANON), soit deux membres dont le potentiel à la manipulation des six cordes est relativement élevé. A partir de là, attendez-vous à être pris dans un tourbillon d’envolées magistrales durant les trois quarts d’heure que dure l’album. En effet, alternant riffs déchiqueteurs suintant l’agressivité, appuyés de percussions impartiales, et d’autres mélodiques conduisant les morceaux, dans un agencement plutôt réfléchi, on les trouve également à construire un break plus atmosphérique, sur « Humanity Inspection », ou exécuter des lignes davantage convenues (« Envy Machinery »), mais qui n’en restent pas moins efficaces. Seulement, le talentueux duo est loin de ne s’en tenir qu’à cela puisqu’il pare chacun des dix titres d’au moins un solo d’une virtuosité déconcertante, à l’instar des sweep picking architecturaux des deux dernières pistes, soutenus par une rythmique explosive, de « Shattermind » et son envolée mélodique fluide servant de pont, ou de « Deception » et son break technique suppléé d’un tapping à rallonge. Le tout est réalisé avec une maîtrise parfaite et s’insère admirablement au sein des compositions, majoritairement à une cadence soutenue imposée par la section rythmique, qui n’est pas non plus dénuée de complexité.
Lauri Mailasalo, à la basse, bien que souvent calqué sur le même schéma que les guitares, laisse ses cordes graves intensifier pleinement l’agressivité du son, même si l’on aurait apprécié davantage d’écarts dans la veine du très rapide break, bien pensé, de « Death Is All We Get ». Pour ce qui est de la batterie, inutile de tergiverser, Jonatan Varon connaît son instrument du bout des baguettes et exécute autant des structures simples que des plus complexes. Son jeu se montre violent et énergique, conservant un tempo, la plupart du temps, soutenu, et délivrant des blast beats à profusion, intensifiant la violence également instaurée par les cordes, tout en se faisant plus plombante sur les quelques pistes mid-tempo. Malgré les nombreux breaks ingénieux et variations de jeu, on note tout de même une certaine répétition, au sein d’une même piste, accrue par le rendu sonore trop claquant et sec des toms, désagréable à la longue. Sa puissance et son efficacité n’en restent pas moins incontestables et, combinées aux riffs incisifs des guitares, ses lignes se veulent imparables, comme sur l’intro monumentale de « Betrayer In Me », où la batterie semble presqu’organique, entraînée par une rafale de riffs incisifs et véloces, ou sur le violent « Rebirth », au sein duquel le schéma d’un pont se montre plus classique, mais sans appel.
Toutefois, il reste un membre qui ne jouit pas du même rendu et tire, malheureusement, l’album vers le bas ; c’est Vesa Mattila, intervenant comme porte-parole du groupe. Si l’ensemble des lignes instrumentales a bénéficié d’un travail soigné, voire chirurgical, quant à leur agencement et leur composition, on ne peut guère en dire de même pour les vocaux du frontman. Agissant dans un registre growlé, plutôt old school et conventionnel, ce dernier créé un contraste peu harmonieux avec les autres lignes qui, bien que résolument agressives, sont orientées vers un son clair et moderne. Par ailleurs, le chant varie peu et se contente souvent de n’être qu’un élément secondaire devant l’intérêt porté sur la mise en évidence des jeux techniques des musiciens dans le mix, même s’il possède ses quelques moments d’efficacité, à l’image de « Destination Decoder », où il parvient enfin à s’imposer avec une profondeur appréciable lors d’un break puissant. Peut-être que la formation s’est rendue compte de cette monotonie vocale lors de l’enregistrement et, de ce fait, on peut aussi entendre Vesa s’adonner à l’exercice d’une voix hurlée claire poussive lors de certains refrains, qui s’avère finalement maladroite et dessert de très bon titres comme « Betrayer In Me ». Seul « Death Is All We Get » réussit à gagner l’intérêt en usant d’une voix analogique qui permet de relancer le morceau avec le growl au moment du refrain.
Un autre défaut porté par cet album provient de sa production qui s’avère plutôt froide, et sans réelle personnalité, voire sans âme. Effectivement, le groupe ayant préféré miser entièrement sur ses capacités techniques époustouflantes, il en résulte des compositions impassibles qui, à aucun moment, ne dégagent d’émotions, même lorsque l’instrumentation se veut dévastatrice. On se contente d’apprécier les combinaisons rythmiques et mélodiques, mais il leur manque encore un aspect pour toucher pleinement l’auditeur. Ce qui a également un impact sur l’accroche des titres. Toutes les pistes contenant leur dose de virtuosité des cordes ou des percussions, aucune ne se hisse véritablement hors du lot, grâce à un trait distinctif mémorable.
Pour un premier album, Source possède un potentiel technique prodigieux, délivré par n’importe lequel des instruments, et montre un travail de composition subtilement articulé, qui ferait facilement passer le groupe pour un des ténors du genre, alors qu’il n’en est rien. A vouloir présenter une image de lui trop sérieuse, et des morceaux réglées à la milliseconde près, CODEON perd grandement en spontanéité et ce premier album ne dispose pas de réel passage accrocheur, hormis sa multitude de démonstrations virtuoses. Difficile de leur reprocher d’avoir voulu trop bien faire et épater l’auditeur, mais on préfèrera, à l’avenir, ressentir davantage de personnalité plutôt qu’un simple étalage déshumanisé de capacités qui se sont révélées indiscutables dès le second titre. Source n’en reste pas moins un très bon album, pour peu que l’on recherche des compositions plus complexes que la moyenne des titres de Death Mélo actuels.



Ajouté :  Mercredi 30 Mars 2011
Chroniqueur :  CyberIF.
Score :
Lien en relation:  Codeon Website
Hits: 12230
  
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