AMOEBA (FRA) - Lucas et Marius (Nov-2011)
A Metal-Impact, quand on découvre un truc bien, on le partage. C’est le cas avec AMOEBA, de jeunes lorrains de 17 ans qui en ont dans le pantalon. Preuve en est avec leur premier EP : Day In Black. Pot-pourri odorant qui combine la fraicheur d’un Death moderne avec des ramifications techniques ou brutales, leur musique sauvage commence à peine à faire couler de l’encre. Pour l’occasion, Metal-Impact est fier d’offrir à la relève sa première interview « comme les grands ». Et ce sont Marius et Lucas qui reviennent avec sagesse et en toute simplicité sur un projet qui compte bien faire encore plus de bruit à l’avenir. Entretien.
Line-up : Lucas (chant), Marius (guitare), Simon (basse), Louis (batterie)
Discographie : Day In Black (EP - 2011)
Metal-Impact. Salut Lucas, salut Marius, je suis Stef pour Metal-Impact.com. Pouvez-vous vous présenter et en profiter pour introduire AMOEBA ?
Marius. J’ai 17 ans, je fais de la gratte depuis cinq ans, je suis passionné de musique comme beaucoup de monde. J’écoute principalement du Metal extrême mais ça m’arrive de lorgner vers des trucs style jazz-fusion ou de la guitare percussive.
Lucas. 17 ans aussi, je suis entré dans le groupe alors qu’il venait de se former, il y a un peu plus d'un an et demi et c'est aussi à partir de là que je me suis mis au chant. Je connaissais bien les membres, on était de bons potes au collège et un jour Marius m'a demandé si je voulais essayer de brailler quelques lignes. A la base on cherchait juste à se faire plaisir mais au bout de quelque mois, le projet est devenu plus sérieux.
MI. Que signifie AMOEBA et pourquoi avoir choisi ce nom de scène ?
Marius. En fait c’est vraiment une raison à la con : lors de notre tout premier concert, il y a un peu plus d’un an, il s’avère qu’on n’avait pas encore de nom de groupe, et quand quelques jours avant, les organisateurs nous ont demandé comment on s’appelait pour faire les affiches, on a été pris de court et j’ai fini par répondre « Amoeba » parce qu’à ce moment là, les deux albums que j’écoutais étaient « Amoeba » d’HACRIDE, et Echoes Of Decimation d’ORIGIN sur lequel on trouve une putain de toune qui s’appelle « Amoeba » ! On s’est d’abord dit qu’on changerait par la suite, mais finalement on s’est bien attaché à ce nom et on ne verrait pas ça autrement.
MI. La particularité de votre groupe est d’avoir une moyenne d’âge très basse, à peine 17 ans. Comment ça se passe quand on côtoie des musiciens qui ont des années de métier ? On est pris de haut ou bien il y’a une relation saine de maitre à élève qui s’installe ?
Marius. Pour tout dire, jusqu’à maintenant, comme on n’avait pas d’enregistrement et donc pas de légitimité, on n’a jamais joué avec de gros groupes de Metal mais plutôt des groupes d’autres style qu’on a côtoyé dans des festivals. La majorité est souvent bien étonnée du genre de musique que l’on fait, il y en a pour qui le niveau de violence ultime dans la musique s’arrête à METALLICA donc en général, ils n’ont pas grand chose à nous apprendre au niveau des réglages et autres spécificités techniques ! Mais j’espère bien que ça va changer à partir de maintenant étant donné que notre EP va nous permettre de jouer ailleurs. On a énormément à apprendre.
MI. On vous a déjà fait remarquer les similitudes troublantes avec HACKNEYED, tant au niveau de la précocité que de la musique ?
Lucas. Il est vrai qu’HACKNEYED nous a bien inspiré, mais essentiellement par leur jeune moyenne d'âge. Si ces types pouvait le faire, pourquoi pas nous ? Musicalement nous avons préféré nous orienter vers quelque chose de plus brutal et de plus rapide, de moins old-school.
MI. Venons-en à Day In Black, comment s’est déroulée la composition de cet EP ?
Marius. Alors c’est simple, en janvier on a callé quelques jours d’enregistrement dans un studio près de Nancy, le Fucking Hostile Studio, qui devaient avoir lieu en juillet, et à partir de là ça nous laissait six mois pour composer. On avait vraiment le désir de ne pas prendre d’anciennes chansons et de composer les trois chansons d’une traite pour qu’il y ait une certaine homogénéité sur l’EP. Je trouvais les riffs de grattes, je faisais les arrangements pendant la semaine et je montrais le tout aux autres le week-end lors des répètes. Simon, notre bassiste, a également amené quelques riffs.
MI. Pourquoi avoir choisi de le mettre en ligne gratuitement alors que d’autres ne se privent pas pour faire payer de simples démos ?
Lucas. Eh bien tout simplement parce qu'on veut diffuser notre musique de la manière la plus efficace possible. Nous allons cependant faire presser l’EP en format physique et le vendront trois euros lors des concerts, pour pouvoir plus tard financer des t-shirts, du matos ou tout simplement un nouveau passage au studio.
MI. Musicalement, de quels groupes vous vous sentez proches et en quoi AMOEBA n’est-il pas un simple regroupement d’influences ?
Lucas. Personnellement, j'écoute principalement du Death moderne à la THE LAST FELONY ou bien encore du Deathcore bien dur à la WHITECHAPEL. Les formations qui m’influencent pas mal sont les grands DYING FETUS, FLESHGOD APOCALYPSE et TREPALIUM. En passant, j’aime bien aussi écouter des musiques électroniques, du Dub pour planer de temps en temps.
Marius. De mon côté, les grosses influences que j’ai pour composer sont mes groupes favoris : TRIGGER THE BLOODSHED, BEHEMOTH, NILE, HOUR OF PENANCE, THE LAST FELONY, DILUVIAN et j’en oublie un bon nombre qui sont des putains de pointures ! Pour répondre à ta question, s’il est clair que nous ne sommes pas une formation d’une éclatante originalité, nous essayons de mêler des passages vraiment extrêmes avec des riffs plus accrocheurs, plus posés, des refrains et des répétitions au niveau des paroles afin que notre musique reste variée et accessible sans perdre la violence qui lui est propre. Je ne sais pas si tu l’as ressenti comme ça mais c’était l’objectif !
MI. Objectif atteint dans ce cas (rires) ! Aussi j’ai cru comprendre que cet EP suivait un concept qui tournait autour de l’arme atomique et de l’autodestruction de l’Homme. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Marius. Oui, c’est le concept qui englobe les trois chansons ; les paroles mettent en scène une personne qui se trouve seule, à l’abri alors qu’au dehors, c’est la fin de tout, et qui couche ces pensées sur le papier de manière désordonnée. Comme je l’ai dit, on voulait vraiment faire de cet enregistrement un véritable objet plutôt qu’un regroupement de titres interchangeables. Pour en savoir plus sur ce concept, j’invite tout le monde à télécharger l’EP et le livret sur notre site officiel !
MI. De combien de compositions disposez-vous dans votre répertoire et pourquoi n’en avoir choisi que trois pour cet EP ?
Marius. On a actuellement six compositions, on travaille activement à agrandir ce répertoire ! Comme dit, on a choisi de composer trois chansons d’une traite pour essayer de rester dans le même esprit général.
MI. Parmi les trois, quelle est celle qui représente le mieux l’esprit AMOEBA et pourquoi ?
Lucas. Je pense que « Martyrdom » représente bien notre esprit en temps que groupe, on n’essaye de ne laisser aucun répit sur certains passages et sur d’autres c’est plus posé, plus mid-tempo, ça bouge constamment. C'est notamment cette idée que nous voulons partager, montrer que tout pourrait s'écrouler d'un moment à l'autre.
MI. Quels sont les premiers retours qui vous sont parvenus pour votre travail, que ce soit les fans ou la presse spécialisée ?
Marius. L’EP est disponible à l’écoute depuis quinze jours (ndr : interview réalisée en octobre 2011) donc on n’a pas encore eu de retours dans la presse, mais quatre ou cinq chroniques sont en cours sur des webzines ! Sinon on a eu de très bons retours de la part des gens, autant ceux qui viennent de découvrir que ceux qui nous suivent depuis le début. On espère que ça continuera !
MI. On peut lire sur votre site une citation d’Albert Camus : « Tout accomplissement est une servitude. Il oblige à un accomplissement plus haut ». C’est dans cette démarche qu’AMOEBA travaillerait secrètement sur un premier album ?
Lucas. Secrètement, non ! On travaille effectivement à un premier full-length mais le chemin sera long… En attendant, on va essayer de promouvoir au maximum notre EP, en jouant là où on peut.
MI. Quelles sont vos sources d’inspiration culturelles, autres que musicales ?
Marius. Bonne question… Au niveau des paroles, c’est en lisant « La Route » de Cormac McCarthy puis en voyant le film que les idées ont commencé à germer. Par la suite, j’ai lu des passages de philosophes qui ont pensé à l’Apocalypse nucléaire afin de mieux cerner le sujet, des gens comme Gunther Anders ou Jean-Pierre Dupuy. Il y a aussi « Fin de Partie » de Beckett qui possède une ambiance qui a bien influencé l’écriture.
MI. Avez-vous suivi une formation ou êtes vous autodidactes ? Te concernant Lucas, comment entretiens-tu ta voix ?
Lucas. Comme dis, je suis devenu chanteur de manière totalement inattendue, je m'y suis vite plu et donc j'ai essayé de travailler ma voix, j'ai regardé des vidéos sur le Net, écouté un tas de musiques. Il n’y a pas un côté technique très développé vu que je n'arrive pas vraiment à expliquer de quelle manière je procède, mais disons qu'il y a pas mal de boulot. Marius et moi sommes à l’internat ensemble, dans le même lycée donc on a souvent l’occasion de bosser.
Marius. De mon côté, mon père est un guitariste de Funk donc il a pu me montrer les bases… Sinon j’ai toujours bossé via Internet, sur les sites spécialisés, les vidéos « covers » sur YouTube…
MI. Vous allez jouer le 24 mars 2012 en compagnie de BETRAYING THE MARTYRS. Vous évoluez dans deux registres assez différents, que ce soit niveau popularité, niveau musical ou même au niveau des thèmes abordés dans les chansons. Que vous inspire ce groupe ?
Marius. Alors je dois dire que ce n’est pas un groupe que l’on écoute, exception faite de notre bassiste, très axé sur les ambiances, qui aime bien certaines chansons du dernier album. De mon côté, il y a des trucs dans BTM qui ont a tendance à m’insupporter. En gros, le côté Deathcore chrétien fait par des mécheux parisiens, c’est aux antipodes de ma conception de cette musique, mais ils ont un sacré mérite d’être arrivé jusque là et je ne suis pas vraiment à la meilleure place pour critiquer… Sinon on est très content de jouer avec un groupe de leur calibre, ce sera avec nos potes d’INHEYRIA à Grosbliederstroff dans le 57, viendez tous !
MI. Avez-vous pour ambition de vivre de la musique plus tard ou ce n’est qu’une passion momentanée ?
Lucas. Evidemment, tout le monde aimerait vivre de sa passion mais il faut être un peu réaliste et garder les pieds sur terre, nous ne sommes qu’une bande de potes qui aiment faire du bruit ensemble. Ce qu’on vise pour le moment c’est d’acquérir une certaine notoriété et de pouvoir tourner un peu avec des groupes importants de la scène, on verra pour la suite…
MI. Pour en être originaire, je sais que le Nord-Est niveau Metal est une grande famille où tout le monde se connaît, alors si vous voulez faire un coup de pub pour vos amis musiciens, certains groupes, c’est maintenant…
Marius. J’invite tout le monde à aller écouter INHEYRIA qui font du Deathcore et qui vont sortir leur premier LP dans pas longtemps, les mecs de SUBDIVISION ainsi qu’ARMAGEDDON DEATH SQUAD et DESDINOVA. Sinon c’est vrai qu’il y a une tripotée de groupe dans le coin et on espère en rencontrer un maximum sur scène dans les mois à venir !
MI. Bien, nous arrivons à la fin de cet entretien. Merci d’avoir pris de votre temps pour répondre à ces quelques questions. Bonne continuation à AMOEBA auquel on souhaite évidement un destin prospère à la HACKNEYED. Libre à vous de conclure comme bon vous semble...
Marius. Eh bien merci à toi pour cette interview !
Lucas. Pareil, un grand merci à toi et espérons que nous pourrons faire passer de bons moments aux fans de musiques extrêmes ! KEEP IT FUCKING BRUTAL !
Ajouté : Vendredi 20 Janvier 2012 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Amoeba Website Hits: 11137
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