Eh oui, c’est la reprise ! Fini le farniente, les doigts de pieds en éventail sur une plage de sable chaud, les blondes en monokini. Il faut bien reprendre le travail sous peine de voir ses petites fesses rougir sous les assauts du martinet de papa Blasphy de Blasphèmar. Alors entre toutes les possibilités de chroniques qui traînent sur mon bureau, j’ai choisi pour vous le disque qui arborait un demi-centimètre de poussière en surface (puisque reçu en avril) : le It Was Predestined des américains de MAELTROM. Que ce soit clair d’emblée, un maelstrom est une sorte de trou noir, un tourbillon infernal qui se crée au beau milieu des mers sous l’influence des courants. Je suis de nature à penser qu’un nom de groupe, un visuel reflète déjà le contenu d’un CD. Et ce CD ne sera pas celui de la bande-originale de Shrek malgré ce beau chevalier blond et son cheval à la robe neige qui a traversé les blizzards hurlants et les déserts brulants pour sauver la pucelle coincée dans le donjon. Par contre, de B.O, cet opus pourrait tout de même en être une puisque le caractère fortement épique de la musique collerait par exemple fort bien à un film du style « Braveheart » ou « Kingdom Of Heaven ».
Le point essentiel concernant la biographie des ricains est de savoir que cet EP est un véritable come-back. En effet, leur dernière sortie remonte à… 1991 et une démo cinq titres : This Battle To Make History, Yet History Never Comes. Egalement que les trois compositions qui garnissent ce palet ont toutes été écrites en… 1988 ! Deux décennies plus tard, et sous la houlette du génial Tue Madsen, le trio s’est enfin décidé à entreprendre avec plus de sérieux son avenir artistique. La première piste, « Arise » présente une introduction de type « sicilienne » avec des cordes songeuses et une atmosphère de vendetta. L’arrivée de riffs incisifs larde notre chair de coups de Power/Thrash Metal teinté de notes mystiques et de solos magiques. La bataille fait rage et en son cœur, une bête sommeille encore. A l’écoute de cette complainte, on sent bien le souffle du temps et des vingt années passées qui donne un petit côté Thrash old-school aux guitares et au chant de Gary Vosganian. « A Futile Crusade » va dans le même sens. Il y’a une volonté flagrante de faire plonger l’auditeur dans un univers fantastique, féérique mais néanmoins très noir et sombre. Le leitmotiv des cordes sonne comme affreusement pessimiste, l’état des troupes n’est visiblement pas bon. C’est d’ailleurs ce qui est surprenant. Si les professionnels s’accordent pour dire que MAELSTROM est doué dans son style et son concept Power/Thrash mélodique, on ressort de l’expérience affreusement déprimé. De une par les ondes négatives transmises par les chansons, de deux par leur prestation tout de même très moyenne. Techniquement correct, ce brulot ne respire pas l’originalité pour autant. « Predestined » entre par une oreille et sort par l’autre. Les solis sont téléphonés, les rythmes caducs, la voix Thrash souvent inadaptées aux passages en Power. It Was Predestined est un album qui se compare à un jusant. On part en croisade sur marée haute et on se heurte aux récifs à marée basse.
Au moment de conclure, je retiendrais qu’It Was Predestined, bien que garni de nombreuses qualités comme la technique ou la production est plus un album conçu pour illustrer des images guerrières, épiques (comme RHAPSODY ou HAMMERFALL savait le faire) que pour amener celui qui l’écoute à prendre ses armes et combattre à l’aveuglette, dans un monde sans repères visuels. En résumé, cet EP est une bonne bande-originale d’un epic-movie et un disque de Metal plutôt moyen.