FRACTAL GATES (FRA) - Altered State Of Consciousness (2009)
Label : Rusty Cage Records
Sortie du Scud : 12 juin 2009
Pays : France
Genre : Death Metal Mélodique Progressif
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 48 Mins
Dans quelques jours se tiendront les épreuves du bac ; il n’est alors que trop temps d’entamer les révisions. Le chapitre « Satellites et Planètes » dans une main et celui « La conscience, l’inconscient, le sujet » dans l’autre, je décide de mettre dans mon lecteur Altered State Of Consciousness, le très attendu premier album du récent groupe FRACTAL GATES, formation hexagonale pourtant déjà connue, voire reconnue, parmi une grande partie des français amateurs de Death Metal Mélodique (1000 fans en quelques jours sur le réseau social Facebook).
Alors que la lecture débute, j’ouvre le livret et remarque, avec plaisir, qu’une attention particulière a été apportée aux dessins. Les tons de couleur jaunes et verts sont superbement utilisés et dépeignent une atmosphère figée, fantastique et inquiétante, digne des sublimes œuvres spatiales du dessinateur Greg Martin. C’est alors que je me surprends à rêvasser. Mes pensées vaguent et divaguent…
Dans le noir total je me trouve, flottant dans le vide. Un son me parvient tandis qu’une lumière blafarde et grandissante entache mon champ de vision. Soudain… le Big Bang, l’instant zéro, la naissance de notre univers. 10-43 seconde plus tard, la chaleur est intense, une véritable fournaise. D’énormes explosions retentissent à un rythme soutenu, les cordes se mettent en place et vrombissent avec insistance, posant les bases de la gravité quantique, à mesure que se forment neutrons, protons, puis noyaux. Une voix grave et profonde, d’une grande puissance, emplit alors l’espace. Petit à petit, ma conscience s’altère, l’espace et le temps se mêlent à nouveau. Les images deviennent des sons et les sons des images. L’Univers s’harmonise et seule sa complainte musicale importe désormais. Telle une fractale, cette complainte est irrégulière et fragmentée : souvent sombre et violente, mais toutefois entrecoupée de passages atmosphériques. C’est à un voyage qu’elle me convie. Un voyage somptueux au-delà des étoiles et des galaxies, guidé par les instruments.
Voguant dans le néant, l’éternité, j’assiste à la naissance d’une nébuleuse. Grossissant en cadence d’une batterie qui s’impose peu à peu, son aura violacée m’enveloppe, bientôt, totalement. Ainsi, je remarque avec étonnement que, tout autour de moi, m’accompagnent des bosons de Higgs. La présence de ces « particules de Dieu » explique donc cette ambiance et ces mélodies si pesantes, si massives ; un pur régal. Puis, je poursuis mon cheminement, percevant, au loin, derrière moi, le chant de cette nébuleuse s’évanouissant dans un effet de claviers atmosphériques d’une grande beauté. Suivant les instruments qui me mènent à l’encontre des corps célestes, je parcours des reliefs connus, ceux des planètes du système AMON AMARTH. Mon voyage s’avère, cependant, souvent tortueux tant les changements de rythme sont importants. Effectivement, il n’est pas rare, dû à l’inertie soudaine d’un amas d’astéroïdes, de se laisser entraîner par des breaks acoustiques qui déroutent sur les grondements puissants de supernovas entrant en collision. Par ailleurs, un chant, probablement celui de lointaines étoiles, profond et chuchoté, intensifie cette noirceur dans laquelle je me trouve, la rendant presque menaçante. Je prends alors conscience de l’infinitésimalité de mon être face à cette machinerie cosmique exécutée à merveille, sans la moindre anicroche.
Au détour d’un amas galactique, se déroule une éclipse ; un phénomène courant et commun, mais qui se révèle toujours aussi efficace. Le cosmos même se synchronise avec cet évènement, une grande harmonie règne alors. La batterie s’accélère à mesure que la planète cache son soleil. Puis, lorsqu’entièrement apparaît cette sphère d’une « sombre tranquillité » devant l’étoile « en flammes », lorsque seulement un mince halo de la boule de feu devient perceptible, c’est une explosion de violence et de mélodie qui déferle de cette scène épique.
Guidé par des nappes de claviers au travers d’orages magnétiques, j’atteins les cieux de la constellation d’Orion. Sur ses étoiles, l’atmosphère y est lourde et oppressante ; et de nombreux blast beats jalonnent le sol, rendant ma progression instable. Fréquemment, des salves de comètes embrasent et font gronder les cieux, amplifiant la beauté du moment. Un instant plus tard, je l’aperçois : un être étrangement humain, mises à part sa peau reptilienne et sa tête affreusement osseuse. De ses orbites vides, il me fixe ; la tension qui se dégage est palpable sur les shreds environnants. Avant que je n’atteigne la démence, j’entame mon départ. Juste à temps : j’entendais déjà les riffs s’enchaîner à un rythme élevé et les voix se multiplier dans mon crâne. Je poursuis donc mon épopée à travers l’Univers, une épopée qui me mènera à ce faible éclat que je perçois au loin. Lentement je progresse parmi les claviers, quelques notes m’accompagnent. Puis un chuchotement me parvient, il me guide. C’est un moment d’une rare intensité. Cette voix gagne en ampleur et résonne, se propage autour de moi avec beaucoup de mélancolie, plus je m’approche de cet éclat.
Sa lumière est forte à présent. Aveuglés, mes yeux se plissent. L’inconnu face à moi, les images de mon voyage envahissent mon esprit. Un voyage auquel on ne se lasse de participer, encore et encore, indéfiniment, mais qui, malgré son spectacle subjuguant et son déroulement exempt de maladresse, s’aventure peu en dehors d’espaces connus, dans les méandres de la création, là où aucun homme ne s’est jamais rendu. Le sombre infini a désormais cédé sa place à une blancheur accablante. Le temps semble s’être figé. La respiration devenant intense, je traverse ce portail grand ouvert… (to outer Worlds)
Lentement, mes yeux se rouvrent. Autour de moi : une armoire, un lit, un bureau. Sur mes genoux, un livret est ouvert. Ma curiosité attisée, je le feuillette et reste alors muet : en ses douze pages sont présentés des tableaux d’une grande qualité, retraçant parfaitement la fresque stellaire dont je viens d’être le témoin. Est-ce possible ? Toute cette beauté, couplée à de planants passages atmosphériques, et ce sens accru de la mélodie dosée à une agressivité implacable n’étaient-ils qu’un simple rêve ? Ou bien, une vision… (of a distant Life)
Ajouté : Mardi 09 Juin 2009 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Fractal Gates Website Hits: 11991
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