Un mal pour un bien. En effet, si des milliers de personnes meurent encore chaque année des chaleurs caniculaires qui s'abattent dans certains pays et qui déclenchent d'importants incendies ravageurs, c'est au fin fond de l'Autriche que se trouve le remède. Ecouter un album d'HELLSAW suffirait amplement à glacer en un instant les steppes arides du Nord de l'Afrique ou les déserts brulants du cœur des Etats-Unis. Car en matière de froid, le quintet sait s'y prendre. En matière de Black Metal également. D'ailleurs, les températures négatives semblent avoir jetées un voile givré sur cette pochette magnifique de sobriété et d'élégance. Les cratères de la Lune donnent à cette dernière l'expression figée du visage d'un défunt. Elle hâle légèrement cette forêt lugubre. J'ai froid, j'ai la goutte au nez et je vais m'enfiler un brûlot de Metal noir dont le thème sera polaire. Tout un programme.
C'est pourtant bizarre, j'imaginais plutôt nos cinq larrons en train de dévaster les caves obscures par le feu et le sang de compositions issues de leurs deux premiers albums, Spiritual Twilight (2005) et Phantasm (2007). Peut-être que la signature sur Napalm Records à suffi à doucher leurs ardeurs, sans mauvais jeu de mots (ou si peu...). Mais ce n'est pas pour me déplaire puisque le combo nous accueille avec une très belle introduction aérienne aux guitares. Deux minutes après débarquent les premiers riffs qui sortent du congélo. Comme on pouvait l'imaginer, les cordes sont accordées assez hautes et sujettes à de fréquentes distorsions qui entraînent des sonorités assez fines et râpeuses. A première oreille, on réentend un peu d'ISKALD ou de DARK FORTRESS. Ce Black Metal est très traditionnel et souvent influencé par des harmonies mélodiques. Parfois, on a la chance de percevoir deux ou trois riffs un peu plus Thrash, comme sur "Cold Aeon" qui intervient après la matérialisation sonore du blizzard avec "1°F". Je suis encore sous le choc d'avoir trouvé quelque chose qui ressemble vaguement à une température positive dans cette mer gelée qu'un brise-glace ne pourrait pas ébranler. Fort heureusement, cet iceberg n'est pas non plus uniforme. L'enchaînement entre la psychotique "Psycho Pastor", l'étrange "Sulphur Prayer" et l'entraînante "I Saw Hell" (sur laquelle on retrouve un improbable leitmotiv mélodique) renverse toute la vapeur et procure une agréable sensation d'inspiration artistique. Pour rester dans le thème : ça réchauffe l'atmosphère. Une fonte des neiges que s'empresse de résorber les rythmiques arctiques de "Moonrites Diabolicum" et d'"Ache". Enfin, l'outroduction qu'on pourrait qualifier d'orchestrale si c'avait été un orchestre et non pas un clavier scelle définitivement le tombeau de glace dans lequel nous allons être conservé. Les incantations barbares et le phrasé spectaculaire dans la voix d'Aries iront jusqu'à faire cristalliser la dernière de nos globules rouges.
Ce Cold est vraiment comme son nom l'indique. Mais à part ça, on est encore loin d'un pur génie musical. HELLSAW à accommodé le Black Metal à sa sauce, avec moult inspirations issues du grand Nord et c'est vraisemblablement suffisant pour faire chavirer mon cœur. Ce n'est pas du grand Black Metal mais ça tient la route. D'ailleurs, je viens de remarquer qu'une stalactite glacée me pendouille au nez...