AUSTERE (au) - To Lay Like Old Ashes (2009)
Label : Eisenwald Records
Sortie du Scud : 27 février 2009
Pays : Australie
Genre : Black Metal austère
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 55 Mins
Austère, je l’étais. Du moins, je pensais l’être. Je me suis toujours, dans le passé, obligé à respecter une hygiène de vie stricte et saine, bien au-delà des cinq fruits et légumes pas jour. Et puis, le Metal est arrivé dans ma piètre existence, il y’a quelques années de cela et a bouleversé nombreux de mes comportements. Je n’en suis pas fier, je ne sais pas si j’ai perdu ou gagné au change. Un peu des deux, sans doute. Finalement, il n’aura suffi que de ça pour faire basculer le quotidien. Alors aujourd’hui se présente à moi un groupe australien nommé AUSTERE et je remets, par la force des choses, tout le sens de ce mot en question. Austère, j’aurais aimé le rester.
Ce deuxième album, intitulé To Lay Like Old Ashes arrive de nulle part, dans un sillage embué par les larmes d’une nouvelle conception du Black Metal. On ne l’a pas vu venir. Et il remue les tripes. Le livret met déjà l’accent sur la nature, avec des prises de vue d’un champ. Une légère bise semble souffler sur les épis de blé mais on ne l’entend pas, on la devine. L’opus se glisse dans la platine et le spectacle peut commencer. Une introduction un peu nostalgique résonne. C’est agréable, reposant. Puis déboule « To Fade With The Dusk ». Les guitares saturent et la batterie s’envole dans des épopées mythologiques. A l’arrivée des vocaux tenus par les deux seuls commanditaires du projet, à savoir Mitch (guitares, chant et claviers) et Tim (batterie, chant et claviers), épaulés par le bassiste de session D., cette dernière devient même trop groovy pour qu’on croit encore écouter du Black Metal. AUSTERE aborde une nouvelle dimension du style. Au diable le froid, la neige, le grésillement d’une poêle à frire, les australiens nous présentent une musique chaleureuse et féerique, à double tranchant. Car les vocaux sont ceux d’un condamné à mort qui a perdu toute raison. Des hurlements qui font froid dans le dos et qui contrastent avec la beauté des mélodies atmosphériques. Mais attention, ce serait bien vite résumer ce chef d’œuvre monumental qu’est To Lay Like Old Ashes que de se contenter de si peu. Au contraire, les pistes, aussi rares soient-elles (cinq, sans compter l’avant-propos), font chacune preuve d’un sens de l’équilibre hors du commun. Ainsi, un chant clair fabuleux, empreint de spleen, vient s’incruster dans « This Dreadful Emptiness » et tient même le premier rôle sur « Just For A Moment… ». Quant à la plage éponyme, c’est un triptyque maladif autour de la nature, du destin et de la dépression, sur lequel se greffe des chœurs, un break de batterie au pattern malin et des vocaux pincés à la Brian Molko (PLACEBO) sur la fin. AUSTERE frappe fort. Le duo jette un caillou dans la mare avec son Black Metal révolutionnaire et intense. Ecouter ce disque, c’est comme exhumer la plus belle fille du monde. Sa peau est glacée, sans vie. Elle est comme endormie. Sa beauté est intacte. Mais on ne l’exhume pas pour la violer ou brûler sa rate, comme le ferait les barbares peinturlurés du grand Nord. Au Sud, on préfère l’admirer et profiter à chaque instant de cette merveille de la nature. Les émotions avant tout. Les ambiances, la recherche de la transcendance, c’est tout ça AUSTERE. Et il vous faudra des nerfs en métal pour supporter les vingt minutes de l’instrumentale « Coma II », qui n’est constituée que de quatre notes de guitares qui sonnent paisiblement pendant les trois quarts du morceau et qui se réveillent sur le dernier quart, avec le même leitmotiv, mais joué plus fort et accompagné de claviers surnaturels. On se quitte, groggy, sur un orage.
Mais quelle est donc cette palette venue d’une autre dimension ? Dans la chaleur des baies exotiques, dans l’aridité du sol et entre les vagues, les palmiers, les blondes en string et la mer tempérée qui bordent les cotes australiennes, il existe aussi des artistes qui ont les pieds sur terre. Cette terre qu’ils foulent leur aura donné l’inspiration pour effectuer une sortie démentielle comme il ne s’en fait que trop rarement. Tout ça repose sur des principes de vie définis et une éducation parfaite aux dernières valeurs du monde qui nous entoure. Ce ne serait pas ça qu’on appelle l’austérité ?
Ajouté : Mardi 12 Mai 2009 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Austere Website Hits: 13847
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