WARNING (FRA) - Warning II (1982)
Label : Polydor
Sortie du Scud : 1982
Pays : France
Genre : Hard-Rock échevelé
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 39 Mins
1982, la France du Hard-Rock est aux abois. TRUST truste le haut de l’affiche, l’arrivée du socialisme l’année précédente met fin à sept ans de censure Giscardienne, tout semble permis.
Le paysage musical va bientôt se teinter de claviers envahissants et de Druckerinnades insupportables, mais pour l’instant, les perfectos brillent sous le feu de mille badges.
1981 n’aura pas uniquement été l’année de la rose, car un petit groupe sorti de nulle part avait déjà dispensé la bonne parole, sous la forme d’un album éponyme, en guise d’avertissement, WARNING.
L’album concerné connut un très grand succès, et fut déclaré disque d’or, ce qui poussa Rapha et sa bande sur les rails de la célébrité.
Forts de ce plébiscite, la maison de disque décida alors de pousser les choses un peu plus loin, et de mettre le paquet pour le second album, sobrement intitulé Warning II.
Dierks studios en Allemagne, sous la houlette de celui qui fut responsable de l’éclosion de SCORPIONS sur la scène internationale, pochette en relief, rien ne sera économisé pour asseoir la popularité du seul adversaire potable de Bernie & Co.
On décide d’un commun accord de changer un peu de direction, et de diluer le Rock dans un Metal de bon aloi. Ainsi naquit un des disques les plus célèbres et célébré de la scène française, à juste titre qui plus est.
On commence très fort, avec un titre très influencé par le quintette de Hanovre justement, « Rock City », et son mid tempo rageur. Les riffs sont plombés, la rythmique pulse comme le pacemaker de Jacques C., et la voix très particulière de Rapha fait le reste. On croit rêver !
« Commando » sonne presque MOTORHEAD, et a certainement du influencer sur Manœuvre et Dionnet quand au choix du nom de leur émission future. Rapha atteint des notes quasi surnaturelles, et les lyrics pleins de fantasmes tissent une toile de décor imparable.
Le très lourd « Série Noire » ramène dare-dare le Heavy de sous les nénuphars, et la guitare de Christophe AUBERT se la joue hystérique, dans un festival de sifflantes et de chorus possédés. Il convient à l’occasion de ce titre de replacer Christophe à sa juste place dans le panthéon des guitar-heroes français. Combinant une science de la rythmique extraordinaire et une habileté magique en solo, on comprend facilement pourquoi il a accompagné Johnny, qui n’a pas l’habitude de s’entourer de manchots.
« Fire Fire » est sans doute le morceau le plus estampillé New Wave Of British Heavy Metal du lot, avec sa cavalcade rythmique caractéristique et son chant très lyrique. Mais le style unique de WARNING revient vite au galop sur l’indispensable « Speed Moi », carré, propre, avec encore une fois un texte très emprunt de culture anglo-saxonne et d’anglicismes divers, typiques de l’époque.
L’ambiance se fait plus légère et limite VAN HALEN avec « Bahama's Memorial », s’il n’y avait cette voix d’écorché vif et ce tempo plombé.
On accentue un peu le côté suintant à l’occasion de « Strange Way of Love (Sixty-Nine) », et ses allusions finaudes. Toujours l’ombre de SCORPIONS qui plane en arrière plan, on n’est pas au Dierks studio pour rien !
« Sexy Lubie » se fait plus commercial, et se rapproche du premier album avec sa tonalité soft, ce qui n’empêche pas Rapha de hurler comme un beau diable. La guitare de Christophe ne s’en laisse pas conter, et se glisse facilement à la hauteur d’un Matthias JABS.
On finit le bal sur du Rock speed pur jus, et « Planète Reverse » achève les hostilités de la meilleure façon qu’il soit. Sa double grosse caisse intarissable ne connaît aucune faiblesse, et le groove qu’elle dispense est bien contagieux…
Alors, comment expliquer le naufrage de WARNING quand on se met entre les feuilles un tel album ? La réponse est simple. Le groupe fut victime d’une maison de disques trop gourmande, qui misa la carrière du combo sur une publicité tapageuse, avec des encarts pleine page réguliers dans tous les magazines, des télés à gogo, et une tournée minable…d’une vingtaine de dates !
Le remaniement chez Polydor fut fatal à Rapha, Christophe et les autres, et devant le rapport dépenses/rentrées de l’album, un divorce fut prononcé.
WARNING s’en revint 2 ans plus tard, avec un autre chanteur et un plutôt bon album, Métamorphose, mais le train de la gloire était déjà passé…
Il nous reste quand même une discographie, qui, aussi succincte soit elle, a révélé un groupe au potentiel phénoménal et capable de rivaliser avec les formations internationales.
Et surtout, un WARNING II qui résonne encore au fond de certaines cités, faisant par la même vivre la guitare de Christophe AUBERT pour l’éternité…
Ajouté : Mardi 21 Avril 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Hits: 12861
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