RED FANG (usa) - Trabendo à Paris (09/10/16)
Groupes Présents au concert : TORCHE (usa), RED FANG (usa)
Date du Concert : dimanche 9 octobre 2016
Lieu du Concert : salle (Paris, France)
Sur la route du Desertfest belge qui s'est déroulé les 14 et 15 octobre 2016 à Anvers, le gratin de la scène Stoner a traversé l'Europe début octobre, marquant les étapes de quelques concerts très attendus. C'est ainsi que RED FANG a posé ses valises au Trabendo pour un show à guichet fermé. L'avantage du Trabendo, c'est que même à guichet fermé, on a toute la place nécessaire pour ne pas se faire écraser les panards et assister au set dans un calme relatif (pour du Metal).
J'entends déjà les grognons du fonds m'expliquer sur tous les tons que RED FANG C'est pas du Metal. Je n'ai pas d'argument à leur opposer, et cette chronique n'est certainement pas le meilleur lieu pour le faire, mais vu la galerie de looks typés aperçus ce soir, de la traditionnelle veste à patchs au blouson Hellfest Cult et toute la gamme de tshirts, de ASPHYX à PRIMITIV en passant par PHAZM et MERRIMACK, on peut dire que le public représentait l'éclectisme de la scène Metal au sens large. Du Metal RED FANG ? Peut-être pas, mais de la musique qui plait aux métalleux, aucun doute là-dessus.
Le bon côté du public Metal, que vous connaissez tous, c'est le respect et une sorte d'attente commune. Le mauvais côté du public Metal, c'est cette tendance à vouloir pogoter et slammer à toutes occasions, y compris les plus inappropriées. Cette soirée en a fait les frais, les premiers rangs de la fosse ayant été submergés par une véritable horde de slammeurs. Vous savez, les slammeurs, c'est comme les enfants ou les vautours. Au début, ils sont timides, ils observent le spectacle en attendant qu'un inconscient se lance. Mais dès qu'ils ont constaté que c'était bon et qu'ils ne se faisaient pas défoncer par la sécurité, la meute est lâchée et c'est l'escalade vers toujours plus de prise de risque. On commence par partir du milieu du pit, puis on grimpe sur le bord de la scène, puis on squatte sur la scène en faisant coucou aux copains, puis on fait des sauts périlleux avant, arrière, on y va à plusieurs et sans s'en rendre compte, on devient un peu le spectacle. C'est peut-être l'effet voulu, me direz-vous. Mais pour ma part, même si j'essaye de garder toujours l'esprit ouvert, je considère que le slam n'a pas vraiment sa place dans un concert de Stoner, voir qu'il n'a sa place que sur la scène Punk / Hardcore et ses dérivés. C'est un petit peu réac ou rigide, mais en l'espèce, ces déferlements bouffons m'ont gâché le spectacle qui était pourtant de qualité.
Né sur les cendres tièdes du Grunge, mais n'ayant connu le succès que tardivement, RED FANG distille un Stoner évolutif qui ne se contente pas de répliquer la même partition moisie album après album. Bien au contraire, le quatuor grisonnant prend des risques en sortant de sa zone de confort sans ménager ses fans. Partant de son Stoner originel sur Red Fang et Murder the mountain le groupe a publié une perle de Sludge toxique avec son troisième opus Whales and Leeches avant de revenir à un Heavy Rock peut-être plus convenu mais pourtant très technique et presque progressif sur son dernier disque, Only Ghosts. La carte maîtresse de RED FANG, c'est son duo de chanteurs ayant chacun une personnalité musicale propre, une patte qui insuffle au répertoire une sorte de courant contraire, du joyeux Aaron Beam au sinistre Brian Giles. Mais ce qui rend RED FANG si sympathique et attachant c'est aussi l'incroyable proximité créée avec son public et au-delà, notamment au travers de ses vidéo-clips où les quatre amis se mettent en scène en américains moyens tendance Homer Simpson. En vrai, c'est avec la même décontraction que les musiciens apportent eux-mêmes leurs instruments sur scène, rigolent avec le public et donne un concert aussi cool et décontracté qu'une séance de répétition dans le garage.
Sur cette tournée, les têtes d'affiche sont accompagnées par leurs compatriotes de TORCHE, un autre projet de Stoner mais originaire de Floride. Sur scène TORCHE est impeccable. C'est du Stoner ronflant, grondant, avec de la belle disto, des moments de grâce, de la patate à revendre et une formation sympathique mais manquant peut-être un peu de relief. La scène Stoner étant plutôt encombrée, il manque à TORCHE quelque chose qui leur permette de sortir du lot et de devenir autre chose qu'un ouvreur de première partie. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti quand je les ai vus au Hellfest cet été et qui s'est confirmé avec ce set en demi-teinte.
RED FANG n'a pas encore officiellement démarré la promo de son nouveau projet (sorti le vendredi suivant), mais les ricains en interprètent néanmoins cinq extraits, soit presque la moitié de sa setlist ! Bonne pioche, le tuilage entre les nouveaux et les anciens morceaux se fait bien et ces nouvelles compos, sans marquer une rupture aussi nette que celle du précédent opus, réussissent à ressembler à du RED FANG tout en apportant une nouvelle touche, un nouveau son à leur répertoire. Ces nouveautés reçoivent un bon accueil mais c'est bien sûr sur les classiques tirés des précédents opus que le public se déchaîne, reprenant en choeur les refrains de "Wires", "Blood Like Cream" ou "Prehistoric Dog". Outre les slammeurs, les cinq premiers rangs de la fosse sont littéralement déchaînés, explosant dans un pogo endiablé dès les premières notes de "Wires". L'ambiance ne retombe pas passé les premiers rangs, tout le public est à fonds dans le concer. Louons la configuration de cette salle plus large que longue, avec plusieurs niveaux d'estrades successives et une longue coursive en pente douce qui longe le mur du fonds : tout le monde peut profiter du show, sans être jamais trop éloigné de la scène ni gêné par un voisin trop grand. Même s'ils sont plus communicatifs que TORCHE, les RED FANG sont des frontmen plutôt discrets et mis à part un "Bonjour Paris", quelques tentatives de blagues et l'annonce d'un ou deux titres, les deux chanteurs se contentent de chanter, et les musiciens de jouer. Au bout d'une petite heure, le groupe quitte la scène mais tout le monde se doute qu'il va y avoir un rappel puisqu'ils n'ont pas encore interprété "Prehistoric Dog", LE morceau phare de leur discographie. La salle explose donc en vivats quand, au-dessus des cris pour ramener le gang sur scène un spectateur s'empare du micro de Brian Giles pour hurler un "COME BACK" qui fait bien rire la salle ainsi que Brian Giles qui, retrouvant un micro rétréci s'exclame "I'm not so small". Hélas, les interactions entre les musiciens et les spectateurs sont le plus souvent limitées à l'évidente connivence entre un public qui connaît à fonds le répertoire et un gang qui prend plaisir à le jouer. C'est déjà pas mal, me direz-vous. Après deux rappels, le concert se termine. En tout, rappels compris, le spectacle a duré environ une heure quinze et laisse un goût de trop peu.
Setlist RED FANG
Wires
No Air
Into the Eye
Crows in Swine
Blood Like Cream
Flies
Cut It Short
The Deep
The Smell Of The Sound
Hank Is Dead
Throw Up
Rappel :
Dirt Wizard
Prehistoric Dog
Ajouté : Samedi 29 Octobre 2016 Live Reporteur : Rivax Score : Lien en relation: Red Fang website Hits: 7156
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