ABSU, c’est une entité musicale à part. Un phénomène. Un ovni. Visez un peu : le seul groupe Texan connu au monde pour faire du Black Metal Thrash Pagan à consonance Celtique. Au milieu des Rangers et des champs de pétrole, ABSU, guidé par son Duce, l'âme, l’esprit et le nourrisseur du groupe américain, le génial batteur Proscriptor opère un come back éclatant et attendu comme le Messie par les Juifs. C’est dire que l’attente fut longue. Avec Absu, le titre de ce sixième album, il s’agit de leur premier opus depuis leur dernier effort que fut le très bon Tara paru en 2001. Autant dire une éternité pour un groupe de la trempe artistique et technique d’ABSU. On a encore en mémoire les fines et sibyllines mélopées de The Sun of Tiphareth ou de The Third Storm of Cythraul.
Avec dorénavant en son sein des membres inconnus au bataillon suite à la défection des membres originels Shaftiel et Equitant, heureusement que S.A.S. Sir Proscriptor Mc Govern, batteur, parolier et chanteur de premier ordre est encore là pour piloter et maintenir le navire ABSU à flot. Fluctuat nec mergitur. Rayon changement, le groupe ne fait pas dans la demi mesure puisque que la collaboration avec Osmose Productions ayant échue, les voilà signé chez le puissant label britannique Candlelight Records.
Leur Metal occulte à tendance mythologique n’a pas pris une ride. ABSU ressert sa fameuse recette magique de Thrash Black Prog Atmosphérique guidé par les incantations magistrales d’un Proscriptor au sommet de sa forme. Pour cet opus, l’accent a été mis sur les mythes et légendes Sumériennes, où il faut voir là l’influence d’Ashmedi, leader de MELECHESH. A cet effet, on ne peut pas faire l’impasse sur la quantité de guests stars prestigieuses garnissant ce met délicieux, dans le désordre : Blasphemer (ex-MAYHEM), Equitant (ex-ABSU), David Harbour (KING DIAMOND), Nornagest (ENTHRONED) et pleins d’autres encore.
Du point de vue de l’artwork (leur dessinateur attitré l’homme aux doigts d’or Kris Vervimp), ABSU marque d’emblée des points avec un visuel précisément éclatant et flamboyant. Il correspond en tout point à la musique de l’œuvre, consistante, ténébreuse, technique et méthodique. Doté d’une atmosphère toujours sur la brèche et frétillante, l’opus est à appréhender sous plusieurs angles et degrés de lecture tant Absu foisonne d’idées perpétrées entre autre par des structures alternant riffs Thrash sinueux et frénétiques avec parties Speed et agiles. Friands de compositions et de structures dantesques, l’opus regorge de morceaux de bravoure. L’incipit est engendré par un morceau supersonique et vicieux : «The Absu of Eridu & Erech», départ en trombe excellent qui ne trompe pas sur la marchandise. ABSU enchaine ensuite avec un Thrash enragé et engagé à la rythmique épileptique. En confiance, le trio nous régale avec «Amy», piste ultra Thrashy excitante qui prend aux tripes avec un break tout bonnement hallucinant. Avec «Nunbarshegunu», la triplette texane dévoile ses talents pour les ambiances et dimensions épiques et magistrales. Du bel ouvrage. Complètement possédés, ABSU nous gratifie par la suite d’un «13 Globes» à la vélocité implacable et aux riffs dantesques et phénoménaux.
Le gros morceau de l’album arrive avec la sixième plage , sorte de pièce centrale sonore divisée en deux grands mouvements, denses avec un final instrumental énigmatique et mystique dont on pourra encore profiter sur la dernière piste «Twix Yesterday, The Day & The Morrow». Imperturbables, ABSU se déchaine pour nous offrir tour à tour des morceaux de Thrash venimeux et impitoyables comme sur «Magic(k) Square Cipher», «Sceptre Command», saignante au final impressionnant. De superbes arpèges font leur apparition sur «Those of The Void Will Re-Enter», épique à souhait ! ABSU montre enfin sa face la plus mélodique avec «Ye Uttuku Spells» où un gros travail sur les lignes de guitares plus harmonieuses a été perpétré. Un grand titre. Comme à l’accoutumée, ABSU agrémente ses pistes de nappes de synthés et Russley R. Givens (Proscriptor) montre à quel point le Mytholigcal Occult Metal de son groupes est efficient et magique !
La production reste précise et incisive même si on peut regretter le peu de crédit accordé à la basse, instrument sous mixé qui peut être aurait rendu les compositions plus denses. Quant à la prestation de ce satané percussionniste qu’est Mc Govern, on ne peut que saluer sa rapidité et sa technicité particulièrement séduisante, au même titre que ces acolytes qui livrent une prestation du tonnerre.
Atypique et généreux, ABSU gâte la critique et ses fans pour cette nouvelle mouture ! Attention, chef d’œuvre.