DIMMU BORGIR (no) - Death Cult Armageddon (2003)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 8 Septembre 2003
Pays : Norvège
Genre : Sympho Black Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 63 Mins
Ce que j'entends là, c'est la mélodie de Satan, majestueuse et infime, lointaine et magiquement proche, réfléchie et ténébreusement énigmatique, de temps à autre comme libérée à dessein. Immobile au bord de mon abîme vertigineux, j'écoute cette vibration musicale, ces brefs éclats de cris distincts sur un arrière-fond apocalyptique. Et soudain je comprends que le plus accablant dans tout cela, c'est la méticulosité qui réside au cœur de cette harmonie. A tel ou tel détour, je sens mon moi insaisissable se dérober, s'enfoncer dans des eaux bien trop sombres et trop profondes pour que j'ose les sonder. Voilà la seule immortalité que je puis partager à présent. De vous à moi, la déflagration a traversé et secoué tout ce que je perçois. C'est son retentissement, l'écho multiple du tonnerre et ses grondements en cascade, faisant le bruit d'une myriade d'immeubles s'écroulant comme des rangées de livres aux versets sataniques, qui me poussent à partager les lignes de force de l'album, les points secrets, les coordonnées subliminales autour desquelles se dessinent les ombres spectrales de l'invitation au supplice.
"Death Cult Armageddon" est le dernier chef-d'œuvre des norvégiens de DIMMU BORGIR, un des seuls groupes encore en lice (après l'extinction d'EMPEROR et d'IMMORTAL) qui puisse tenir tête aux assauts ravageurs de CRADLE OF FILTH quant à la propagation idéologique. En une seule écoute, on se rend parfaitement compte que le successeur du gigantesque "Puritanical Euphoric Misanthropia", dernier rempart de la perfection malsaine, a réussi le pari d'égaler cette qualité extrême et cette pureté inconcevable. Le mot d'ordre est qu'on ne change pas une équipe qui gagne et on garde quasiment les mêmes paramètres : line-up identique, enregistrement au Friedman Studio en Suède par Fredrik Nordström avec l'appui de l'arrangeur Gaute Storaas et d'un orchestre symphonique, et Silenoz reste le principal parolier du groupe depuis le départ définitif de Nagash (THE KOVENANT, TROLL) après "Spiritual Black Dimensions".
En réalité, l'album s'avère plus extrême et nuancé qu'à l'accoutumée. Hormis ce Black Metal intense souligné de parties symphoniques, il développe parfois une touche plus Heavy. On cherche à se renouveler à chaque sortie avec des participations moindres en chant clair de Vortex, l'abandon du Metal-Indus expérimenté sur l'album précédent, et l'utilisation d'un orchestre symphonique (de Prague cette fois), stratégie certes que DIMMU BORGIR réitère mais dans une progression quantitative et qualitative. On note un retour à des titres écrits en norvégien et une complicité qui fait plaisir par la présence sur "Progenies Of The Great" et "Heavenly Perverse" du fils de l'obscurité nordique, Abbath de feu IMMORTAL, assénant ses habituels aboiements méphistophéliques.
Radical, violent et mélodique, "Death Cult Armageddon" se présente comme une exaspérante obscurité aux oreilles des auditeurs. Il se détache du peloton par son relief théâtral appuyé par des plages orchestrales dignes de bande-son pour films épiques et comme autant de stimuli pour les guitares. La tâche se révèle en fait plus aisée que nous l'escomptions mais on peut dire aujourd'hui qu'il y a un avant et un après "Puritanical Euphoric Misanthropia". Grandiloquent par nature, plus sombre et destructeur que jamais (conception de l'emballage plus ténébreuse), DIMMU BORGIR détruit tout et sans relâche sur son passage et part à l'assaut de la planète faisant en sorte que ses ambitions déjouent le destin. Rien ne sert d'attendre les douze coups de minuit pour vivre dans le chaos et la perversion, désormais DIMMU BORGIR se charge de nous transporter à notre demande dans cet univers des plus décadents.
Ajouté : Jeudi 06 Novembre 2003 Chroniqueur : ZdunWalker Score : Lien en relation: Dimmu Borgir Website Hits: 18278
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