Une décennie, rien que ça ! Il y’a dix ans de cela, MIND ODYSSEY nous offrait un dernier signe de vie sous forme d’un album au nom à l’évocation minime et ambiguë ; Signs. Fallait-il justement y voir quelque chose de spécial ? Ce signe là a été le dernier d’une belle série de quatre opus en cinq ans avant une disparition du radar. C’était en 1999. Nous sommes désormais en 2009. Dix calendriers ont étés brûlés entre temps, les premiers cheveux blancs commencent à apparaître et par manque d’entretien, les pantalons en cuir et les Perfecto’s satinent. Mais cela n’a pas grande importance. Les trois grands-pères qui composent ce combo allemand ont toujours la fougue et les jambes de vaillants Hard-Rockeurs et reviennent pour un tour de piste inattendu avec Time To Change It.
Si je n’avais pas été mis au courant que cette offrande intervient après un tel silence, j’aurais été tenté de trouver ce disque bon et conséquemment couillu. Cependant, les mecs ont eu le même délai pour réfléchir à un retour qui aurait dû être triomphal. Au lieu de ça, ce dernier est à peine convenable. Je n’ose même pas recommander aux amateurs de Metal old-school de tenter de découvrir le nouveau visage de MIND ODYSSEY car ils risqueraient d’avoir une furieuse envie de se réenfiler un Keep It All Turning ou Nailed To The Shade. Les teutons ne nous feront pas le coup d’un Château Mouton-Rothschild qui a la capacité de se bonifier en vieillissant. Non, les papys semblent avoir assez mal subi le souffle du temps (musicalement, j’entends) en dépit d’une énergie et d’une forme qu’on ne peut que souhaiter pour ses propres aïeuls. Le principal ingrédient qui compose la galette est, bien évidement, la création de refrains entêtants et chantants. Nul doute que vous vous surprendrez à entonner le motif d’un « I Want It All » ou à siffloter l’air d’un « Final Fight ». Et pour cause, toutes ces mélodies font leur effet au niveau du cerveau. Il est juste regrettable que l’alchimie n’opère quasi-pas. Encore une fois, on ne peut se permettre de critiquer les initiatives, tant il ne doit pas être chose aisée de revenir ainsi aux affaires. Mais à l’oreille, le résultat est loin d’être au point. C’est un problème de rythme et d’allant. Difficile de faire du Metal progressif quand il n’y a qu’un guitariste pour gérer la rythmique et la lead. De plus, les solos sont irréguliers et peu efficaces. Difficile également de prétendre faire du Power quand la voix ne suit plus. Mario Le Mole, le verdict n’est sans doute pas agréable à entendre mais c’est comme votre ligne de chant. Et le résultat en découle aussi : vos cordes vocales méritent du repos après de belles années de service. Si ça passe pour cette fois, j’ai bien peur qu’au prochain coup, vous ne frôliez un claquage du larynx en forçant trop. Trop rares sont les compositions comme « Higher Ground » qui sauve un peu la mise grâce à un quartier-libre dans les claviers. Cette tactique n’a pas été utilisée plus que ça et le trio peut nourrir quelques regrets car les éparses incursions des Keyboards se sont soldées par des morceaux tout à fait acceptables.
Time To Change It est un retour saluable mais trop brouillon pour faire apprécier les musiciens à leur juste valeur. L’âge d’or des germaniques se situe hélas une décennie en arrière. Alors il n’y a plus qu’à espérer que le Metal leur manquait et que cette sortie n’ait pas l’arrogance de vouloir offrir un lifting à MIND ODYSSEY.