Dieu sait que je ne suis pas un vrai connaisseur en matière de Rock français, c’est pour ça qu’il m’absoudra de n’avoir jamais entendu parler d’ALTERNINE. Et pour cause, après trois ans d’intenses efforts, il est venu l’heure pour eux de nous présenter le fruit de leur travail, une première démo qu’ils n’ont pas jugé bon de nommer. Autant dire que partir sur une inconnue (en l’occurrence, le titre) n’est pas un signe distinctif d’inspiration. En parlant de distinction, pas le moindre petit indice n’est laissé sur le lieu du crime pour en définir sa nature. Les rennais jouent le flou artistique, néanmoins en ce qui concerne la cover. A peine le temps de constater que cette démonstration se compose de quatre tours de pistes que me voilà immergé dans un environnement hostile qui me glisse comme une savonnette entre les doigts.
Sur « Sciensology », les mots m’échappent. On se retrouve en présence d’un hybride entre la bande-originale d’un film d’action et une musique de publicité pour une voiture incontrôlable. Vous voyez le genre ? Un son frais, pêchu, définitivement Rock, énergique comme pas deux. Mais surtout transporté par une voix féminine un brin trop criarde. Si, selon le pressbook, l’arrivée de Laeticia Jehanno au chant à été synonyme d’envol artistique pour le groupe, on est en mesure de se demander dans quel secteur. La demoiselle, accompagne les musiciens sans réelle conviction tout au long du chemin. Ses cordes vocales sont indéniablement puissantes (trop ?) mais s’accordent assez mal à l’ensemble, à tel point de créer par moment une scission malvenue entre elle et ses collègues. Laissons-lui tout de même une volonté certaine de bien faire et un désir évident d’aider ALTERNINE à franchir un pallier. Il faudra simplement baisser de volume la prochaine fois. Pour le reste, je suis resté béat devant la qualité de production. Le mixage est exemplaire et respecte bien la balance entre les solos de guitares, la présence de la basse, le chant et les percussions diffusées par la batterie. Le tout dans une limpidité troublante. Les tracks sont, pour leurs parts, pas foncièrement mauvaise. Elles manquent un peu de naturel, de vista mais alternent correctement les atmosphères (énervée sur « Ignition », planante sur « Satellites »). En ce sens, on ne pourra pas arguer s’ennuyer sur les dix-sept minutes proposées. Pourtant, si aujourd’hui on supporte sans trop de peine ces quatre plages, reste à déterminer notre taux de résistance à une dizaine de cette trempe. Le mien est assez faible, par conséquence, je pense que l’expérience ALTERNINE s’arrêtera au stade de cette démo pour moi.
Je ne regrette pas d’avoir essayé, mais ce genre n’est pas conçu pour mes oreilles. Il est synonyme de fadeur, de routine, de banalité. Et si les français ne peuvent en aucun cas être qualifiés par ces trois adjectifs, c’est qu’ils ont réussi leur coup et que leur potentiel est très certainement au dessus de la moyenne.