Quand on y réfléchit, quoi de plus banal de baptiser un groupe de Doom MONOLITHE ? Effectivement, quand on parle de monolithe, on ne peut que penser à 2001, l’Odyssée de l’Espace, le chef d’œuvre intemporel de Stanley Kubrick où un mégalithe tient le rôle de fil conducteur au long de ce périple cosmique à travers les âges. MONOLITHE, le groupe, semble avoir également été fortement marqué par cette image du monolithe majestueux flottant dans l’infini de l’espace et de vouloir traduire cette sensation en ondes harmonieuses.
Projet d’un seul humanoïde réalisé en …2001 (évidemment) et mené à bien par son créateur Sylvain Bégot (ex ANTHEMON, UPON THE DEEP), ce premier volet constitue la première partie d’une saga développée à travers les expressions et les thèmes musicaux utilisés et répartis sur plusieurs albums. Pour ce premier opus, sobrement désigné par I, on se retrouve face à un morceau indivisible de plus de 52 minutes mixant des atmosphères clairement distinctes, tour à tour mystiques et ténébreuses, étranges, pesantes mais surtout oniriques. Archétype même de l’Extrême Doom Metal, Sylvain Bégot et ses musiciens de session font en sorte de se détacher des stéréotypes enclavés du Doom : atmosphérique et hypnotisant, ce premier chapitre de la saga monolithique s’écoute facilement d’une traite, distillées par de nombreuses ambiances et ne laissant que très peu de place à la redondance. La lenteur, est bien sûr de rigueur, les guitares sous accordées et les exhortations caverneuses aménagent un climat mélancolique, triste et minimaliste. La pesanteur et la lourdeur du monolithe se fait sentir telle une chape de plomb sur nos frêles épaules d’humains.
De plus, MONOLITHE se débarrasse des artifices et des effets sans saveur pour établir une température colorée et grise dans le même temps, à la fois amère et éclatante. Les couches de claviers et les harmonies de guitares y sont pour quelque chose, le travail des trois guitaristes rythmiques apportant un plus aux arrangements de cet unique morceau fleuve lourd, lent et imposant.
Mélange astucieux hérité des maitres du genre, au hasard et dans le désordre MY DYING BRIDE, ANATHEMA, SHAPE OF DESPAIR, MONOLITHE se détache sans peine de ses références musicales pour produire une œuvre singulière et spécifique, distribuée par le label Appease Me (label du leader de BLUT AUS NORD), autre ovni musical du paysage «Metal» hexagonal. Particulier, MONOLITHE n’en reste pas moins un groupe captivant, proposant pour leur premier opus un long voyage continuel et impérissable à travers les sinuosités de l’espace temps.