WASTEFALL (gr) - Alex (Déc-2006/VF-EV)
WASTEFALL est un groupe surprenant à bien des égards. Leur musique est riche, dense, novatrice, bien que toutes les épithètes du monde ne suffisent pas à la décrire. « Self Exile » est l’album jubilatoire par excellence. De même que l’interview qui suit. Les réponses sont honnêtes, parfois obscures, mais jamais banales ou évidentes. Alex, guitariste, est à l’image de sa musique. Franc, original, intelligent et surprenant. D’où, ce qui suit…
Line-up : Domenik (Chant), Alex (Guitare), Nick (Basse), Kostis (Batterie), Christos (Claviers)
Discographie : Falling Stars And Rising Scars (Album - 2003), Soulrain (Album - 2004), Self-Exile (Album - 2006)
Metal-Impact. Bonjour Alex. Votre nouvel album, Self-Exile, couvre de très nombreux styles. Quelle est la principale influence du groupe ?
Alex. Il ‘y a pas vraiment d’influence majeure. A part notre amour pour la musique ! Nous avons tous les 5 diverses influences, et nous apprécions diverses musiques, mais on se retrouve autour d’un terrain d’entente : le Metal ! Pour ma part, j’aime la musique traditionnelle et ethnique grecque, alors que Domenik est diplômé de piano et a une grande connaissance de la musique classique. Kostis est plus porté sur l’alternatif et la musique post-moderne, Christos adore le jazz et le funk, tandis que Nick, le bassiste, est un vrai metalleux. Ca pourrait sembler très difficile à concilier, mais lorsque nous composons notre propre musique, toutes ces influences se mélangent parfaitement, pour créer notre son. C’est la vision de WASTEFALL.
MI. Vos textes sont ils introspectifs, ou juste romancés ?
Alex. C’est un peu compliqué. J’aime la philosophie qui traite de tragédies et de religions anciennes. J’ai étudié des philosophes comme Nietzsche, Hegel, Schiller, qui ont eu une grande influence sur moi. Cette connaissance combiné au savoir de notre époque concernant l’avenir du monde à crée l’univers de nos paroles. Il est évident que nos propres sentiments jouent aussi un rôle. Nous ne voulons pas être dogmatiques, alors nous donnons 50% d’interprétation de nos textes. Les autres 50 % sont fournis par l’auditeur. Bien sur, tout le monde peut comprendre notre position quant à la politique en lisant nos textes, mais nous sommes des artistes, ce qui implique que le facteur B (Le facteur A étant l’artiste, le B, l’auditeur), reste primordial.
MI. Lorsque j’ai écouté votre album, j’ai eu l’impression de pénétrer une dimension parallèle. Votre musique puise t’elle son inspiration dans votre vie de tous les jours, ou bien vous contentez vous d’attraper vos instruments et de jouer ?
Alex. Pour composer, tu dois te trouver dans ce que j’appellerai une « humeur poétique », que certains appellent inspiration, d’autres Dieu. Ce qui dure environ 10 minutes, après, tu dois t’emparer rapidement de ton instrument, car cet état ne dure jamais très longtemps. Le reste, c’est du travail, uniquement du travail. Je crois à l’inspiration, mais surtout au travail fourni après. Cette « humeur poétique » peut résulter d’un événement artistique, ou ne venir de nul part. Parfois, ça résulte d’un problème personnel ou général. La vie est faite de ces moments qu’un artiste doit savoir observer. Leur interprétation diffère selon l’observateur, mais c’est ce qui en fait la beauté !
MI. Tommy Hansen est un producteur très connu pour son travail dans les années 80 (PRETTY MAIDS, HELLOWEEN). Travailler avec lui était il un moyen de rester fidèle à un certain héritage musical ?
Alex. Tommy est un grand producteur et un mec génial. Nous étions très tendu au moment de pénétrer dans les studios Jailhouse, mais avec Tommy, tout s’est passé naturellement. Il est très gentil et très doué. Il a compris notre démarche musicale et la manière de la produire. En nous écoutant, il a réalisé que nous voulions un son très live. Il avait un planning très serré, mais nous avions l’impression d’avoir toujours plus de temps qu’il n’en fallait pour boucler l’album. Il a respecté le son et l’humeur de l’album et ne s’est pas contenté d’appliquer une quelconque recette magique. Les temps ont changé, comme la musique, Tommy en est conscient et c’est pour cette raison qu’il est toujours un grand producteur. Travailler ave lui était un honneur, et j’espère que nous renouvellerons l’expérience dans le futur.
MI. J’aime beaucoup la chanson « Sleepwalk ». Pourrais tu m’en dire plus, comment a-t-elle été composé par exemple ?
Alex. « Sleepwalk » est le bébé de Domenik. Elle est venue d’un rêve-cauchemar qu’il a fait. C’était un rêve très sombre, presque gothique à propos d’une fille, presque une silhouette, qui n’avait pas d’yeux et qui guidait Domenik. C’était assez terrible, mais une belle chanson a émergé de cela, alors, c’est plutôt cool ! La même nuit, il a enregistré la chanson, et nous avons ajouté des arrangements. Le tout fut presque instantanément bouclé, à 90% dirais je !
MI. Quelle est ta chanson préférée sur « Self Exile », et pourquoi ?
Alex. Ca c’est rude comme question. Je dirais « Utopia Fragmented ». Le riff de départ est bon, et la partie de batterie est époustouflante. Cette chanson est une tuerie live, et les gens deviennent fous ! C’est pour ça que je l’adore, c’est un titre 100% live en studio !
MI. L’amour est un thème prépondérant chez vous. Ne trouvez vous pas que les paroles de groupes Heavy Metal sont trop souvent focalisés sur la violence et la mort ?
Alex. L’amour n’est question que de perte et de mort ! C’est l’antithèse entre « memento mori » et « memento vivente » ! L’essence même de la vie est l’amour. Nombre de philosophes de la Grèce antique que l’amour est semblable au désir d’aimer. L’amour devient donc la matrice même. Tu crées et tu détruis pour et à cause de l’amour. C’est l’émotion la plus grande et la plus absolue. En philosophie, l’amour en tant que concept n’a que très peu de rapport avec les sentiments éprouvés par deux êtres. Comme je l’ai dit, c’est une puissance créatrice. L’amour est proche de la mort, car deux vérités radicalement opposées se réunissent toujours. Comme l’a écrit un auteur japonais du 12ème siècle : « Imaginez que des concepts éloignés soient en fait très proches. Par exemple, le dernier jour de l’année est très proche du premier jour de l’année suivante, ils sont pourtant si lointains. Il existe la même distance entre l’amour et la mort ». La signification de nos paroles contenant le mot « amour » trouvent leur signification dans ceci : un poète grec a autrefois écrit : « La tragédie de l’homme vient de ceci : ses yeux sont trop proches de ses oreilles, mais l’œil ne peut voir l’oreille et l’oreille ne peut entendre l’œil ! », n’est ce pas extraordinaire ? Par rapport aux paroles usuelles du Heavy Metal, nous ne nous en soucions pas du tout. Les textes sont une déclaration, pas une mode !
MI. Tous vos titres font à peine 5 minutes, ou un peu plus. Pensez vous que ce soit une durée raisonnable, comparé aux autres groupes de progressif, qui composent des chansons de plus de 10 minutes très souvent ?
Alex. Sur notre album précédent, Riot Of Oblivion, nous avions composé un titre de 13 minutes. Nous n’avons pas ressenti le besoin de recommencer. Nous ne suivons aucune mode en ce qui concerne la musique. Nous laissons les choses se faire normalement. Si un titre ne demande pas un long dévellopement, pourquoi essayer quand même ? Tu sais, chaque chanson a son identité propre, on ne peut pas l’étirer, la compresser à loisir, ça n’aurait aucun sens. Peut être qu’un jour nous composerons un titre long et épique, qui sait ?
MI. La France à bien souvent été la terre promise pour de nombreux groupes de progressif. Tu es d’accord avec ça ?
Alex. Oui, j’ai remarqué ça. Je sais que ARK et PAIN OF SALVATION marchent fort chez vous. C’est plutôt une surprise pour nous, la presse y est dithyrambique ! Je ne comprends pas vraiment, peut être avez-vous un mauvais goût concernant la musique (Rires). C’est une joie de voir que la musique sincère et complexe a du succès en France. Ca en dit long sur l’héritage culturel de votre nation. Et nous vous en sommes très gré !
MI. Quel serait votre groupe idéal avec qui tourner ?
Alex. PORCUPINE TREE mec ! Ils tuent ! C’est un de nos groupes favoris. Ca serait très intéressant de jouer avec eux. Ca serait comme un trip énorme, chaotique au début, mais à l’arrivée, ça deviendrait très space et nostalgique. Ca serait une expérience extraordinaire pour le public, et pour nous !
MI. Que penses-tu d’autres groupes progressifs, comme DREAM THEATER ou RUSH ?
Alex. Je pense que DREAM THEATER a cessé d’être un groupe progressif après la sortie de Metropolis Part II. La musique progressive, c’est l’évolution, pas la capacité technique RUSH est un des pères fondateurs du progressif, chacun de leurs albums est un achèvement, alors respect. Pour moi les groupes progressifs actuels sont plutôt ARCTURUS, THE DILLINGER ESCAPE PLAN, SYSTEM OF A DOWN, ou SLIPKNOT. Ces groupes là brisent les barrières de la musique, non pas juste pour leur propre plaisir, mais pour l’art en général. (Ndr : Alors celle là elle est bonne ! Décidément, Alex est d’une très grande lucidité !)
MI. Quels seraient les cds que tu emmènerais sur une île déserte ?
Alex. BLIND GUARDIAN : Nightfall in Middle Earth (toute mon enfance!). OPETH : Still Life. ARCTURUS : La Masquerade Infernale. PAIN OF SALVATION : Remedy Lane. PORCUPINE TREE : In Absentia Camel- The Snow Goose. Et SCORPIONS : In Trance pour la pochette (ben oui, sur une île déserte, il n’y a pas de femme!).
MI. Nous allons bientôt célébrer la nouvelle année. As-tu un souhait particulier pour 2007 ?
Alex. Vivez sans regarder derrière vous et sans regrets pour 2006 ! Et de la musique, la santé et de nouvelles expériences si possible !
MI. As-tu un message pour les lecteurs de Metal-Impact ?
Alex. Merci d’avoir lu cette interview et j’espère vous retrouver le 3 Mars 2007 à l’Elysée Montmartre avec PAIN OF SALVATION ! Ca va tuer ! Merci pour ces bonnes questions et a bientôt !
==================== ENGLISH VERSION ====================
Metal-Impact. Your new album, « Self Exile » embraces many different styles. What’s your main influence in the band?
Alex. There’s not such thing as a main influence. Love for music in general counts? Well all the 5 of us have different influences and we enjoy different styles and artists but we meet of course in a common ground: Heavy Metal. I am more into ethnic and traditional Greek music while Domenik has a diploma in piano and knows a lot about classical music. Kostis is into more alternative and post-modern style music. Christos really enjoys jazz and funky music while Nick on the bass is a classic metalhead! It could be hard to blend all these influences but when it comes down to composing our own stuff all these influences emerge from within and come out in a natural way. The WASTEFALL vision keeps it together.
MI. Are your lyrics introspective or just about fantasy?
Alex. Our lyrics are a tough subject. I am really into philosophy concerning ancient tragedy and theology. I study philosophers like Nietzsche, Hegel, Schiller e.t.c and they have a strong impact on me. This knowledge in combination with the current era and world status give birth to WASTEFALL lyrics. Of course our personal matters are reflected in the lyrics. We don’t want to be dogmatic about anything so the lyrics are 50% done. The other 50% is added by the listener-reader. Of course anyone can understand our thesis on political matters by reading the lyrics but we want to create art, which means that the B factor (A stands for the artist B stands for the audience) is very important as well.
MI. When I listened to your album, I felt like I’ve been taken to another dimension. Is your music inspired by your own experience of life, or do you just grab your instruments and play?
Alex. In order to compose the main idea you need to feel this certain “poetical mood” (some call it inspiration, others call it God) that lasts about 10 minutes. When you are in that mood you better grab the instrument ‘cause otherwise this moment will be lost. After that is hard work and hard work only. So yes, I believe in inspiration but I mostly believe in hard work. This poetical mood can be caused for no reason at all or another work of art can cause it. Sometimes it is caused by a social matter or a personal matter. So life is full of these moments that have to be properly observed by an artist. Of course these matters vary from man to man and that’s the beauty of it.
MI. Tommy Hansen is a well known producer, especially for all his works in the 80’s (PRETTY MAIDS, HELLOWEEN). Is working with him a way to stay tuned with your musical background?
Alex. Tommy Hansen is a great producer and above all a great guy! We were very stressed when we arrived at Jailhouse studio but Tommy Hansen made it all seem right and normal. He is very kind and gifted. He understood the feeling we want to produce and so he did. He understood the ‘’live feeling’’ we want to have while listening to WASTEFALL. He worked on a strict schedule but still you had the impression that there was time enough to do anything you like concerning the album. He totally respected the sound and mood of the album so he didn’t just apply the “success recipe”. The times have changed, music has evolved and Tommy Hansen knows that this is why he is still a great producer. It was an honour and we want to work again with Tommy Hansen in the future.
MI. I really love the song “Sleepwalk”. May you tell us more about it, the way you’ve created it for instance?
Alex. Don’t we all! (Laughter) Sleepwalk is Domenik’s personal song. It has emerged from a dream-nightmare he had one day. It was a dark almost gothic dream about a girl, more of a figure, which had no eyes and tried to lead Domenik. It was pretty wicked but a great song came out of that nightmare, so it’s fine with me! In the same night Domenik recorded the song and then we added some final orchestration tricks. The song was 90% at the same night!
MI. What’s your favourite song on “Self Exile”, and why?
Alex. Tough one man! I would say Utopia Fragmented. It has some great opening riffs and the drum themes are awesome. Well this song is a great one to be played live and people go crazy! This is why it’s my favourite one. It is a 100% live song caught in tape!
MI. Love seems to be a very important point in your lyrics. Don’t you think that the metal lyrics in general are too much focalized on violence and death?
Alex. Love has everything to do with loss and death! It is the great antithesis of “memento mori” and “memento vivere”. The essence of life is love. Many philosophers from Ancient Greece believe that love is identical to the will to love. So love becomes the main force of creation. You create because of love and you destroy because of love. It is the greatest and most absolute emotion. In philosophy Love as a term has not much to do with love as between two people. As I said it is the force of creation. Love is very close to Death because all absolute truths that are totally opposed, are very close. As a Japanese writer of the 12th century said: “Imagine that all things that are totally opposed are actually very close. For example the last day of the year is extremely close to the first day of the New Year. So close yet so far away. The same distant lies between Love and Death”. The meaning of our lyrics concerning the term Love is enclosed in the following declaration: A Greek poet once wrote: The tragedy of man is this: The eye is really close to the ear. But the eye cannot see the ear and the ear cannot listen to the eye! Isn’t great?! Concerning the metal cliché, we don’t care too much. Lyrics are a declaration not a fashion.
MI. All your songs fall short of 5 minutes, or just a bit more. Do you think it’s a reasonable length, considering the fact that many progressive bands play titles lasting more than 10 minutes sometimes?
Alex. Well, we’ve composed a 13-minute song in our previous album called Riot of Oblivion. We never felt the need to do that again. We don’t follow fashions concerning music. We let the song lead the way. So far the songs didn’t demand to be longer, who are we to disagree? You know, when a song is born it has a life of its own. We can’t push it one way or another, it would be unfair. Who knows, maybe in the future a song will come that will be long and epic, you never know.
MI. France has always been a promised land to numerous progressive bands throughout the world. Do you agree with that?
Alex. I noticed that! I knew about the success of Ark and Pain of Salvation in France. It came as a surprise to us. The press so far has been amazing to us! I don’t know what to say! Maybe you have a bad taste in music! It is great to see that complex and true music is loved in France. It tells me a lot about your culture and the great history of your country. Thank you.
MI. What would be the perfect band to tour with for WASTEFALL?
Alex. Porcupine Tree man! They rock!!! It is one of our favourite bands. It would be a very interesting thing to play together. It would feel like a big trip, rough and turbulent in the beginning and then spacey and nostalgic. It would be a very complete and fruitful experience for the audience and for us of course!
MI. What do you think about other so called “progressive bands” like DREAM THEATER or RUSH?
Alex. Well DREAM THEATER was once a progressive band but I think that since Metropolis Pt 2 they are not a prog band. Progressive music has to do with progress, not with skills, not with technique or so. RUSH are one of the fathers of Prog music and any album is a statement, so respect! To make that clear I think that progressive bands nowadays are: ARCTURUS, THE DILLINGER ESCAPE PLAN, SYSTEM OF A DOWN, SLIPKNOT. These bands push the music to the limits not just for the sake of music but for the sake of art in general.
MI. If you were sent to a desert island, what would be the cds you’ll bring with you?
Alex. Blind Guardian: Nightfall in Middle Earth ( childhood man!), Opeth - Still Life, Arcturus - La masquerade Infernale, Pain of Salvation- Remedy Lane , Porcupine Tree- In Absentia Camel- The Snow Goose and Scorpions- In Trance mostly because of the cover! You know, I would be in a deserted island and women would be hard to find so…
MI. We’ll soon celebrate the New Year, do you have special wish for year 2007?
Alex. Live like there’s no tomorrow and hold no regrets for 2006! Music, health and experiences needed as always!
MI. Do you have a message for all metal-impact readers?
Alex. Thank you for reading the interview and I hope we’ll see you on the 3rd of March in Elysee Montmartre along with Pain of Salvation! It is going to be a blast!!!! Thank you for the great questions and have fun!
Ajouté : Jeudi 01 Février 2007 Intervieweur : Mortne2001 Lien en relation: Wastefall Website Hits: 16687
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