Le Screamo, c’est comme les endives au jambon. A la base, je n’aime pas. Pourtant, de temps en temps, je m’auto botte le cul et m’y replonge un coup pour voir si mes goûts ont changés depuis la dernière fois. Je le dis tout de suite : je n’aime toujours pas les endives au jambon. Et, malheureusement, c’est la même chose pour le Screamo. Ce n’est pas que la musique ne me parle pas. Mais le chant est vraiment insupportable. Autant un bon growl des familles me cause quand c’est bien fait, autant des hurlements sans fin et abrasifs ont une tendance fâcheuse à me gonfler sévère et à me donner envie d’éclater le CD façon puzzle. Bon, je suis quelqu’un de civilisé et je ne me permettrais pas de faire une chose pareille. Est-ce que je pousserai le vice à tester un CD Screamo dans une tranche de jambon et de la béchamel ? Je me tâte encore…
Pourtant, je peux comprendre qu’on puisse apprécier un tant soit peu ce genre de musique. C’est une manifestation féroce d’une rage, d’une déchirure profonde entre des êtres écorchés vifs et un monde dans lequel ils n’ont rien à faire. Et cette musique qui est à la fois une démonstration de hargne et de délicatesse travestie peut être un bon exutoire pour ceux qui ne sauraient pas comment évacuer leur trop plein de violence, et qui ne veulent pas forcément s’en prendre à leur prochain.
TANEN et son Fragments sait retranscrire cet état de fait et sait aussi plonger son auditoire dans son monde malsain et hypnotique. Les riffs de guitare savent se faire aussi discrets que volubiles, comme sur « Le Porte Des Songe » et les structures complexes des morceaux sont un bon reflet d’une nature humaine à fleur de peau. Les deux parties d’« Epinéphrine » terminent cette plongée dans cette substance poisseuse et ne laisse que peu de marge pour prendre son souffle.
Je note volontairement à la moyenne parce que je ne suis pas un bon juge.
Pour ceux qui aiment les endives au jambon.