Curieuse trajectoire que celle du combo suédois SCARPOINT. Existant depuis 1999, le groupe fondé par Henrik Englund (voix) et Zoran Kululj (guitares) a trimé pendant de longues années pour aboutir à la signature chez un label indépendant (Blind Prophecy Records) et enregistrer leur premier album, The Silence We Deserve, produit par le talentueux et respecté Daniel Bergstrand (IN FLAMES, MESHUGGAH). Que vaut donc ce premier album du quintet originaire de Stockholm présenté par la maison de disques comme une bombe musicale à retardement ? Rendons nous compte, bien au-delà des on-dit et rumeurs, ce que SCARPOINT a dans le ventre ?
Fort de leur expérience scénique acquise au cours de ces années de shows divers, l’éclectisme y est de rigueur, avec des influences allant de PETER GABRIEL et passant par LAMB OF GOD, SCARPOINT dispose d’un son hybride, mélangeant une grande variété de styles Metal. Ne désirant pas s’affubler d’une étiquette de style trop réductrice, les musiciens répondent seulement qu’ils créent ce qu’ils aiment faire… Ainsi, dix morceaux mystérieux attendent l’auditeur dans ce The Silence We Deserve. «XxX», une intro instrumentale auquel sont apposées des incantations arabisantes plongeant d’emblée dans uns atmosphère orientale, énigmatique et obscure. L’enchainement se veut brutal avec «Disorder» qui porte bien son nom, enchevêtrement de sonorités et de cassures rythmiques, premier exercice de genre plutôt réussi et qui plante une ambiance particulièrement captivante. Expressifs et enthousiastes, les musiciens suédois assurent avec brio les suites de style sans jamais dépareiller comme l’illustre le titre «Behind The Shadows». Les montages musicaux se veulent toujours plus intrépides et à mesure que l’on progresse dans leur univers musical, SCARPOINT fait montre d’une cohérence musicale assez intelligente.
Il en résulte du gros Metal Heavy avec des pointes de fureur de Thrash combinées à des passages plus aériens qui assurent la trame générale pendant que des breaks massifs perturbent le tout, l’idée n’est certes pas originale, mais l’ensemble est digéré avec facilité et rondement bien mené par le quintet. C’est dans ce cas de figure que l’on se rend compte de l’expérience décrochée au long de ces dix années. Ce premier enregistrement est hardi et plutôt audacieux, l’unité est ultra homogène et compacte, bref on a sous la main un album carré qui sans défrayé la chronique saura trouver preneur.
Une œuvre musicale qui ne pouvait venir que de Suède tant ils sont friands de Thrash Mélodique alambiqué. De plus l’ombre de Bergstrand planant au dessus de cet opus, le résultat n’est finalement pas si éloigné des expectatives primaires. SCARPOINT délivre donc un premier essai plutôt enjoué et honnête, où les petites prises de risques constantes savent éveiller chez l’auditeur un regain d’intérêt certain. A entendre avec attention…