SHAKRA (CH) - Mark Fox et Thomas Muster (Nov-2005)
Il semblerait que ce soit avec la sortie de leur cinquième album studio, Fall, que les Suisses de SHAKRA vont enfin connaître une notoriété pourtant bien méritée. En effet, nombreux sont ceux qui découvrent ce groupe de Hard Rock avec la Tournée SHAKRA-HAMMERFALL-STRATOVARIUS. Ça, il est sûr que ça les change du public de MOLLY HATCHET ! Petite discussion avant leur concert de l’Elysée Montmartre avec le charmant Thomas Muster et un Mark Fox qui économisait visiblement sa voix pour le show.
Line-up : Mark Fox (chant), Thomas Muster (guitare), Thom Blunier (guitare), Oliver Linder (basse), Roger Tanner (batterie)
Discographie : Shakra (Album - 1998), Moving Force (Album - 1998), The Live Side (Live - 2000), Power Ride (Album - 2001), Rising (Album - 2003), My Life - My World / Live at Z7 (DVD - 2004), Fall (Album - 2005)
Crédit Photo : LudoPix.com (Retrouvez d'autres photos sur ce lien)
Metal-Impact. Bonjour, merci de m’accorder cette interview.
Thomas Muster. Je t’en prie. J’avoue que je n’ai plus trop l’habitude. C’est plutôt Mark qui se charge de la promotion.
MI. Fall est sorti depuis peu, quel accueil a-t-il reçu ?
Thomas. Nous avons eu beaucoup de réactions positives jusqu’à présent. Les journalistes ont aimé ; c’est cool. Et le public semble apprécier également. Actuellement, nous recevons beaucoup de messages de Scandinavie, où nous avons joué.[se tournant vers Mark] Est-ce que nous avons eu des réactions négatives ? Non…
MI. Quels sont les commentaires qui reviennent le plus souvent ?
Thomas. Je ne sais pas, …que nous sommes « # ». Oh, c’est intraduisible en anglais…
Mark. En français aussi…
Thomas. Beaucoup de gens n’ont jamais entendu parler de nous avant. Je pense que 90% des gens qui viennent au concert ne nous connaissent pas et ils sont très surpris. Ils disent qu’ils n’ont jamais entendu une première partie comme SHAKRA et apparemment ils aiment bien.
MI. C’est une opportunité pour vous de jouer avec HAMMERFALL et STRATOVARIUS.
Thomas. Oui, bien sûr. C’est un nouveau public pour nous. La dernière tournée était avec KROKUS, tu sais, ce groupe de Hard Rock Suisse des années 80. C’est un public totalement différent de celui que nous avons maintenant. C’est très bon pour nous.
MI. Fall semble plus sombre que le précédent album… Pourquoi ?
Thomas. Oui, tout à fait. Nous avons eu quelques problèmes au sein du groupe il y a un an, l’automne dernier. C’est pourquoi cet album s’intitule Fall (Automne). Je pense que c’est pour cela que j’ai écrit tous ces titres. Il y a un an, pendant deux-trois mois, je n’étais même plus un membre de SHAKRA, tu sais. Nous avions des problèmes tous les deux [il mime une bagarre].
Mark. Oui, c’est un trou du #$µ! [rires]
Thomas. Je pense que c’est en partie pour cela que mes compositions étaient plus sombres à l’époque car personne n’était heureux. Mais j’aime aussi beaucoup ce style. Je n’ai jamais beaucoup apprécié la musique trop « cuicui » joyeuse.
MI. La production est également différente…
Thomas. Elle est totalement différente, en effet. Mais je ne peux pas trop en dire car c’est notre guitariste principal, Thom Blunier, qui s’en occupe toujours. Je crois qu’il a voulu tester quelque chose de nouveau avec cet album, de nouveaux sons. Nous verrons à quoi ressemblera le son du prochain album ; peut-être qu’il sera une nouvelle fois totalement différent.
MI. Quel était ton état d’esprit quand tu as commencé à composer ?
Thomas. C’est dur à dire. Je suis en permanence en train de composer des morceaux quand je suis chez moi, à chaque minute : quand je suis debout sous la douche ou assis aux toilettes ou en voiture… J’y pense tout le temps. Au début, tout allait bien et puis nous avons eu ces problèmes. Toutes mes idées ont été immédiatement plus sombres mais à la fin, nous étions d’une bonne humeur pour faire cet album.
MI. Et comment se sont passées les répétitions ?
Thomas. En fait, très bien ! Comme si nous n’avions pas eu ces problèmes. Mark est plus jeune que moi et je suis plus âgé mais à la fin il y avait une chose que nous voulions vraiment faire : c’était cet album. C’est le principal.
MI. Après Rising, vous appelez cet album Fall, n’est-ce pas un peu ironique ?
Thomas. Oui, en un sens. Pour les fans, c’est sympa… On le savait avant de toute façon. Cela ne signifie pas Fall, notre chute mais Fall, la saison. Les Américains nous l’ont dit mais si les gens pense que ça a un rapport avec le fait que le groupe va mal, grand bien leur fasse.
MI. Vous le saviez mais vous vous en fichez.
Thomas. Exactement. Nous cherchions juste un bon titre et nous en avons discuté entre nous. J’ai dit que le titre du nouvel album devait avoir un lien avec les évènements de l’automne dernier. Cela me faisait penser à une feuille tombant de l’arbre. Et puis, je ne sais pas comment l’idée nous est venue exactement mais « pourquoi ne pas l’appeler tout simplement Fall ! » Et c’est ce que nous avons fait. Un seul mot, simple, c’est toujours une bonne chose.
MI. Mark, tu es bien en place maintenant, quel a été ton rôle sur cet album ?
Mark. Chanter et écrire toutes les paroles. Sur Rising, je n’avais composé les textes que d’un seul morceau alors que j’ai écrit tous ceux de Fall. J’ai donc moins pris part à la composition de la musique mais beaucoup plus à celle des paroles.
MI. L’ambiance est plus sombre et la musique est plus sombre. Qu’en est-il des paroles ?
Thomas. Tu as lu le texte d’Immortal, la dernière chanson ? [rires]
Mark. Ce n’est pas vraiment un concept que j’ai voulu faire avec les textes de cet album. Cela ne reflète pas la situation de la même manière. J’écris beaucoup en me basant sur ma vie, mes expériences personnelles et sur les relations que j’entretiens avec les gens…
MI. Vous avez un contrat avec un nouveau label. Pouvez-vous me donner des détails sur ce qui a changé ?
Thomas. Notre tour bus n’est pas aussi confortable qu’avant ! [rires] Donc nous allons changer de label encore une fois ! Non, c’est une plaisanterie mais il est vrai que jusqu’à maintenant nous avions toujours eu de bons bus pour les trajets de nuit. Cette tournée est bien plus longue que les précédentes et nous devons donc économiser un peu d’argent. C’est pour cela que notre tour bus est un vieux bus de l’armée [ndli : nous l’avons vu garé devant la salle et, même s’il s’agit d’une plaisanterie, la description est loin d’être exagérée !]. Ils font du très bon travail pour nous, surtout en Allemagne. Ce qui se passe dans les autres pays, surtout en France, je ne le sais pas encore. Quand on est en tournée, on ne s’intéresse pas à ce qui se passe alentour, on joue 30 minutes chaque soir et c’est tout. C’est la seule chose dont nous nous préoccupons.
Mark. Mais nous faisons beaucoup plus de dates dans chaque pays.
Thomas. Notre ancien label faisait du bon travail en Allemagne mais n’avait pas un réseau européen suffisant. C’est la principale différence avec AFM. Même en Amérique du Nord et du Sud : l’album n’est sorti qu’il y a un mois et demi et on en entend déjà parler.
MI. Dans le DVD, tu dis que tu ne vis pas de ta musique, Mark ; cela va changer maintenant ?
Thomas. Cela a changé ! Tant que nous sommes en tournée, tout va bien.
Mark. Oui, maintenant, nous pouvons vivre de notre musique. Nous avons de l’argent !
MI. Vous avez toujours sorti des albums de qualité…
Thomas. [m’interrompant] Tu le penses ?
MI. Oui.
Thomas. Oh, merci !
MI. Ne trouves-tu pas injuste d’être si peu connu en-dehors de la Suisse ?
Thomas. Non, ce n’est pas injuste car c’est comme ça que ça se passe. La situation actuelle fait que beaucoup de gens écoutent la même chose. Vous avez ça aussi en France, Pop Star ? C’est comme cela que ça marche maintenant ! Tu ne peux rien y changer, tout ce que tu peux faire, c’est écrire de bonnes chansons et avoir une bonne production. On fait de notre mieux mais on ne peut pas dire que ce soit juste ou injuste. C’est comme ça et c’est tout. Et la situation n’est pas mauvaise. Regarde, nous sommes partis pour une grande tournée européenne !
MI. Et tu n’en as pas marre qu’on vous compare à GOTTHARD ?
Thomas. Beaucoup de gens nous disent qu’on se ressemble. C’est pour cela que nous tournons avec HAMMERFALL ! [rires] C’est vrai que c’est un peu fatigant. Je pense que maintenant, c’est un autre style de musique. Mais GOTTHARD est un très bon groupe et c’est aussi un compliment d’être comparés à eux.
MI. C’est la première fois que vous jouez en France ?
Thomas. Non ! On était ici il y a deux ans avec MOLLY HATCHET. C’est du vieux rock’n’roll, du Texas je crois. C’était une soirée étrange ! Le public avait en moyenne 40 ans et c’était très dur pour nous. Ils étaient debout là, à nous regarder, simplement. Et puis, nous venons de jouer à Lille. C’était très cool ! De très bonnes réactions du public… Comme partout depuis le début de cette tournée, d’ailleurs. Et cela se passe très bien avec HAMMERFALL et STRATOVARIUS. Notre seul problème est que nous ne jouons que 30 minutes. Avec trois groupes, ce n’est pas possible de faire plus. Il n’y aurait eu qu’HAMMERFALL, on aurait pu jouer 45 minutes. Là, c’est trop court.
MI. Comment avez-vous sélectionné les morceaux ?
Thomas. C’est vrai que ce n’est pas facile mais un musicien doit savoir sélectionner les morceaux pour des sets aussi courts. On joue trois titres du dernier album, deux de Rising et une de Power, je crois.
MI. Vous les avez sélectionné avec à l’esprit le fait que vous ouvriez pour HAMMERFALL et STRATO ? Ce sont des styles très différents du votre…
Thomas. Oui, en un sens, bien sûr. Par exemple, nous avons des ballades sur chaque album mais quand tu ne joues que 30 minutes, cela ne rime à rien de jouer une ballade sur scène. Les gens veulent du rock et c’est tout. Et il y a quelques morceaux comme « Walk on Water », sur Fall, qui durent 7 minutes et quelque ; ce n’est pas possible de les jouer. Nous avons préféré jouer plus de titres plus courts.
MI. Vous écoutez des groupes comme STRATOVARIUS ou HAMMERFALL ?
Thomas. J’aime bien STRATOVARIUS ; surtout sur ce tour. C’est très cool. HAMMERFALL, ce n’est pas pareil. Si j’écoute du Heavy Metal, je préfère des groupes comme ACCEPT, JUDAS PRIEST ou SAXON. Mais je veux vraiment m’acheter certains albums de STRATO. Ou je pourrais leur demander, peut-être qu’ils me les offriraient !
MI. Je suis même sûr qu’ils te les dédicaceraient ! [rires] Peux-tu me parler du Sweden Rock Festival où vous avez joué récemment.
Thomas. C’était la première fois qu’on y participait et c’était vraiment génial car nous y sommes allés en avion –c’est toujours plus confortable. On y jouait à midi devant un public de 5 ou 10.000 personnes. Je n’ai pas eu les chiffres exacts mais il y avait une ambiance fantastique !
MI. L’un de nos rédacteurs pense, je cite, que toi et Thom Blunier êtes des dieux, qu’en penses-tu ?
Thomas. Oh, je ne veux pas être un dieu ! Je ne suis pas habillé en blanc… Dis-lui merci mais je ne le pense pas. C’est bon à entendre, que les gens aiment notre musique mais je ne pense même pas que je sois un très bon guitariste. Je trouve que ce que je fais de mieux, c’est composer. Thom est bien meilleur que moi et c’est pourquoi il est guitariste principal du groupe. Je ne joue que les rythmes. Pour SHAKRA, cela convient bien. Des dieux… non, vraiment pas.
MI. Si tu as quelque chose à ajouter…
Thomas. <Juste dire hello à tous les Français, tous les lecteurs, et j’espère que nous pourrons revenir bientôt en France, peut-être même comme tête d’affiche, qui sait.
MI. Merci beaucoup pour l’interview !
Thomas. Merci à toi !
Ajouté : Mardi 22 Novembre 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Shakra Website Hits: 36171
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