EVERGREY (se) - Nouveau Casino à Paris (01/10/09)
Date du Concert : jeudi 1er octobre 2009
Lieu du Concert : Nouveau Casino (Paris, France)
Déjà trois ans qu'EVERGREY n'a plus foulé les planches parisiennes. On se souvient de cette soirée d'octobre 2006 qui les avait vus ponctuer leur tournée « Monday Morning Apocalypse » d'un show un poil brouillon, à moitié ivres, sur cette même scène du Nouveau Casino. Entre temps, EVERGREY s'est trouvé un bassiste permanent, et pas n'importe lequel, puisque c'est le finlandais Jari Kainulainen, qui a repris du service après avoir quitté STRATOVARIUS en 2005. Le quintet a également sorti un album réussi (« Torn »), empreint de maturité et d'expérience, salué par la presse et les fans. De quoi s'attendre à un gros concert rue Oberkampf...
La salle peine à se remplir, et les italiens de CHAOSWAVE entament leur set devant une assistance clairsemée. Cette tournée en première partie est une bénédiction pour ce groupe débutant sur la scène internationale, qui présente la particularité d'avoir en ses rangs deux chanteurs, Giorgia et Fabio, pleins de charme et de talent. Pour une fois qu'une chanteuse ne répond pas forcément aux standards physiques de la profession, à savoir nageuse austro-hongroise ou rouquine coquine, on apprécie. Leur Heavy Metal moderne est de bonne facture, et n'hésite pas à tendre vers le prog (« Blind Eye Focus », sans conteste leur meilleur titre), voire le Metal extrême, le batteur sacrifiant sans état d'âme la finesse pour la puissance. Le spectacle est assez plaisant, même si on se lasse rapidement des simagrées des deux frontmen, italiens jusqu'au bout des ongles, qui se tirent la bourre et rivalisent de poses trop « cliché » pour être crédibles... Le guitariste est plutôt doué, ses bouclettes blondes et son attitude plus posée faisant légitimement suspecter des origines scandinaves... Après 40 minutes, le combo remballe sous les acclamations somme toute assez fournies d'un public bienveillant, et laisse place nette à ceux qu'on attend tous.
La salle s'est enfin remplie, phénomène de soir de semaine où les plus courageux sprintent en sortant d'une journée de labeur pour espérer arriver à l'heure... L'attente est plutôt longue, et la foule impatiente trépigne. Enfin les lumières s'éteignent, l'intro retentit, et au moment du « We All Have To Die Eventually... » résonnent les premières notes de « Fear » extrait du dernier album d’EVERGREY. Idéal pour lancer le concert, ce brûlot emballe d'emblée et donne le la d'une soirée endiablée. Sans attendre, le méga-tube « As I Lie Here Bleeding », au tempo un peu ralenti, marque une entrée fracassante pour les suédois qui retrouvent la capitale avec un plaisir non dissimulé. Si Tom prend alors le temps de saluer l'audience, on sait le grand costaud plutôt avare en long discours, et la musique reprend le pas avec « Soaked », nouveau morceau inédit donc sur scène, qui ravit les fans.
On est rassuré par la qualité du son, brouillonne en début de set, mais qui s'améliore au fil des titres. En revanche, le concert sera émaillé de problèmes techniques, une pédale de Tom Englund faisant d'abord des siennes, avant que Jari ne casse une corde qu'il a fallu plus d'un titre avant de changer... Les allers-retours des techniciens agacent le groupe le temps de « More Than Ever » et « She Speaks To The Dead », rapides et entraînants, indispensables. La setlist est simplement impeccable, et panache avec justesse nouvelles compos et tubes indémodables. « In Remembrance » et « Watching The Skies » célèbre « Monday Morning Apcalypse » avec justesse, on apprécie les choeurs de Rikard et Henrik, même si ce dernier impressionne d'avantage avec ses soli soignés et son élégance que seul Jari peut éventuellement lui contester. Le finnois conjugue avec brio l'expérience de la scène avec une technique d'un jeu sans faille sur 5 cordes et demi, et allie à sa sobriété légendaire un vrai charisme tout scandinave. On l'a rarement vu aussi démonstratif, du moins avec STRATOVARIUS. Il semble prendre plaisir à jouer avec EVERGREY, et s'éclater sur ces morceaux exigeants et techniques.
L'enchaînement « Blinded » - « The End Of Your Days », qui débutait les concerts d'EVERGREY ces dernières années, fait mouche. Le refrain du premier est repris en choeur par le Nouveau Casino qui se lâche enfin, alors que les riffs assassins du deuxième donnent lieu à de furieux headbangs. On laisse la scène à Henrik pour le traditionnel solo qui annonce un nouveau hit, « The Masterplan ». Chauffé à blanc, le public n'attend que les premières notes de clavier pour hurler, lui qui devait attendre impatiemment ce morceau aux allures hymniques. On regrettera simplement que certains choeurs soient samplés. Aucun temps mort dans cette soirée concentrée en moments forts, « Still In The Water », puis « Monday Morning Apocalypse » s'enchaînant rapidement, et surtout proprement. Moins éméchés qu'à leur habitude, nos chevelus font le boulot avec application et professionnalisme.
Avant les rappels, Tom et Rikard calment le jeu avec une version bouleversante de « Words Mean Nothing » (« The Inner Circle »), sous de très belles lumières. Lorsque le reste du groupe revient discrètement, c'est pour envoyer « I'm Sorry », sur lequel on laisse à la salle le soin de chanter le refrain. Frissons ga-ran-tis. Un très beau moment. L'assistance rappelle ses idoles, et les premières notes du très sombre « When The Walls Go Down » retentissent. Jonas fait apprécier son interprétation tout en puissance de cette instrumentale bienvenue, qui prend une dimension considérable en live. Les rappels font littéralement hurler de bonheur les spectateurs, jugez plutôt : « Recreation Day », certainement l'un des meilleurs titres de l'album éponyme, « Broken Wings », le dernier tube de Torn, pour finir avec le superbe et très classe « A Touch Of Blessing ».
Après plus d'une heure et demi de très gros son, EVERGREY mérite son ovation et peut saluer son public avec le sentiment du devoir accompli, et la satisfaction d'avoir procuré à ses fans parisiens de belles émotions. Avec une discographie qui s'étoffe, une expérience grandissante et une fanbase conséquence, le groupe a de quoi envisager l'avenir avec sérénité et confiance. Vivement la suite.
Ajouté : Lundi 05 Octobre 2009 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Evergrey website Hits: 18787
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