Avec SLEEPPERS, on est gâté. Il faut avouer que ce combo Bordelais formé en 1989 détient une expérience non négligeable. Ils ont su rester intègres tout au long de leur carrière, bâtissant une identité forte qui se ressent vraiment sur leur musique. En effet, on peut facilement dire que SLEEPPERS a trouvé sa marque de fabrique, un vrai son avec une couleur particulière.
L’album débute sur un sample oppressant qui nous plonge immédiatement dans l’ambiance sombre de ce Signals From Elements. Mais lorsque l’on croit avoir enfin trouvé nos repères, une voix intervient : « I am the Devil ». On se fait alors lourdement attaquer par un gros riff Stoner carburant au kérosène. On sera ainsi écrasé jusqu’au bout de cette terrible compo. Surprenant. On pense à Kyuss sur le moment, mais non, il y a autre chose… Et cette chose, c’est la touche de SLEEPPERS. C’est cette identité forte dont je vous parlais précédemment. Voilà un groupe qui a pris le pari de l’évolution musicale et qui l’a remporté. L’album varie entre une multitude d’univers et d’atmosphères différentes, avec des influences qui vont plus loin que l’imaginable. Les guitares empruntent sans vergogne au Post Hardcore, au Noise, au Stoner ou encore au Sludge. La batterie que l’on peut qualifier de « Toolesque » vient les appuyer avec brio. UNSANE n’est pas très loin, c’est indéniable. On sent bien l’esprit Rock n’ Roll sur « Slaves » et « Blaklisted » par exemple. Des titres énervés comme « Recycle » et « Don’t » restent quant à eux assez basiques mais jouent beaucoup en faveur de l’homogénéité du CD, c’est important. Sur la pesante « Thrill », des grincements Electro viendront perturber le calme du début, puis nous serons ensuite complètement embarqué dans une envolé lyrique digne de CULT OF LUNA. Tout ça sent la maturité à plein nez.
Les musiciens de SLEEPPERS savent nous emmener là où bon leur semble en jouant sur la moindre petite ambiance. Les touches tribales sur « Ruines » se marieront parfaitement avec les interventions mouvementées de Reno de LOFOFORA. Beau travail sur ce titre qui reste pour moi un des plus efficaces de l’album. En s’approchant de la fin de l’album, on sent les expérimentations se faire de plus en plus présentes. « Monkey Decisions » alternera entre guitares grinçantes tendant vers une ambiance Electro et un Riff complètement Old School, c’est étrange. Mais c’est véritablement sur les deux derniers titres que l’on sera le plus surpris. Comment ne pas succomber au charme de « Landscapes » ? Une envolé instrumentale longue de 10 minutes où un grand nombre d’instruments (cuivre, violons, instruments traditionnels) s’ajoutent à la formation de base. C’est magnifique, on se laisse complètement porter par ce titre complètement enivrant.
L’atterrissage est difficile, mais SLEEPPERS a tout prévu, une dernière piste comme pour nous remettre de ça. « Tokio 3127 » vient donc clôturer cette jolie galette avec une ambiance Trip Hop dans la veine d’un Lamb ou Alif Tree. Grandiose.