THE BEAUTY OF GEMINA (ch) - The Myrrh Sessions (2013)
Label : No Cut Records
Sortie du Scud : 16 février 2013
Pays : Suisse
Genre : Acoustic Symphonic Folk
Type : Album
Playtime : 15 Titres - 67 Mins
Cinquième album pour les suisses de THE BEAUTY OF GEMINA, et petite pause, avec un LP de morceaux acoustiques et d’anciens titres retravaillés à la sauce unplugged.
En effet, The Myrrh Sessions comme son nom l’indique, offre une relecture d’une partie du répertoire passé du groupe, tout en nous accordant un éclairage nouveau sur ces œuvres uniques et délicates comme seuls eux savent en bâtir.
Pour les néophytes, THE BEAUTY OF GEMINA joue une sorte de mélange particulier de Rock à teintes gothiques, synthétiques, agrémenté de Métal sobre, et de musique électronique. Ils sont une référence en Europe, et certains de leurs travaux comme le séminal Diary of a Lost ou le petit dernier Iscariot Blues sont des modèles du genre, à la croisée des chemins entre THE TEA PARTY et OOMPH !, de par leur volonté de briser les tabous musicaux et les carcans de style.
Je ne saurais que trop vous conseiller, si vous êtes étranger à leur monde, de commencer votre apprentissage par leurs albums dits « normaux » avant d’attaquer l’ascension de The Myrrh Sessions. Ce nouvel opus est en effet atypique, et risquerait de vous conduire sur le mauvais chemin. Car bien que très puissant dans son style intimiste, celui-ci est à des lieux de leur attitude usuelle.
Car à la manière de MARILLION avec Less Is More, le trio allemand a choisi une optique très précieuse pour mettre ses chansons en valeur, et se place de lui-même à des lieues de notre univers habituel, plus enclin aux débordements électriques et distordus.
Sur The Myrrh Sessions, tout est sobre, délicat, harmonieux. Les anciens morceaux ont reçu un lifting profond, qui – sans les dénaturer - a redonné à certains titres un éclat très pur.
Et si les fans sauront de suite se diriger vers leur segment préféré, les non initiés auront bien du mal à isoler tel ou tel passage.
Car cet album s’appréhende tel quel, comme une somme de travail immense, qu’il convient de respecter et donc d’écouter en son entier.
Alors bien sur, le trio a gardé son identité. Ce qui se sent au détour de chaque mélodie, de chaque intervention vocale, mais si des comparaisons avaient lieu d’être, on pourrait évoquer un FIELDS OF THE NEPHILIM épuré, voire un SISTERS OF MERCY apaisé, avec cette voix si grave et profonde prenant parfois les intonations d’Andrew Eldritch.
Le voyage commence par un instrumental, lourd, sombre, et les touches d’ébène et d’ivoire s’entrechoquent en un ballet pesant, presque étouffant, alors que seul le piano a droit de cité. Entre accords frappés et notes en volutes, l’ambiance se pose naturellement, et laisse ensuite la guitare acoustique faire son office.
Et que le tempo soit enlevé (« Narcotica », « Rumours » et son atmosphère très Pop, « Dark Rain » très dansante et légère, presque folklorique, « The Lonesome Death Of A Ghot DJ » et ses percussions latines, « Obscura », pure et posée, « Golden Age », qui semble issue d’un album solo de Carl McCoy), que le clavier prédomine et se retrouve en solitaire (« Suicide Landscape », lourde et crépusculaire, « Last Words » en clôture, magnifique mélodie), ou que les cordes jouent les équilibristes et nous entraînent sans cesse au bord de la rupture (« Listening Wind » aux accents celtiques, « Myrrh II » hispanisante et ciselée), The Myrrh Sessions oscille sans cesse entre respect de l’original et évolution, et nous embarque dans un tourbillon d’émotions.
Et lorsque les suisses laissent converger tous les éléments harmoniques et percussifs vers un centre épique et dramatique, à l’occasion du splendide et progressif « Hunters » (tiré du premier album Diary Of A Lost), l’entreprise prend des airs de réussite totale, enivrante, tel un ballet de l’impossible que des déesses antiques danseraient au crépuscule d’une existence.
Ainsi, The Myrrh Sessions, s’il s’appréhende en tant que pause dans la carrière de THE BEAUTY OF GEMINA, ne saurait être considéré comme une simple récréation, une façon de remplir les vides en attendant l’inspiration.
Car d’inspiration inédite, il ne manque point.
Le travail effectué est énorme et remarquable, et revisite un répertoire unique, pour le transformer quasiment en nouvelle approche de morceaux déjà captivants à la base, mais qui s’en retrouvent transfigurés pour apparaître comme des nouveautés à découvrir.
Nous sommes ici à des kilomètres de ces albums acoustiques bouche-trous, uniquement destinés à soutirer quelques deniers aux fans, mais bien en territoire créatif qui ne prend pas les fidèles pour des imbéciles.
Et le groupe, une fois de plus, nous étonne, nous émerveille, et n’entache en rien sa réputation immaculée, amplement méritée.
Libre à vous maintenant de faire l’effort ou non de les découvrir par le moyen le plus détourné qui soit. Mais un refus serait plus qu’une erreur.
Une bêtise sans nom.
Ajouté : Lundi 04 Mars 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Beauty Of Gemina Website Hits: 7432
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