PAUL GILBERT (usa) - Paul Gilbert (Mars-2013)
Si le temps ne semble avoir aucune prise sur Paul Gilbert à l’instar d’Eric Martin, le bougre n’en est pas moins un vétéran avec presque trente années de bons et loyaux services dans divers combo plus mythiques les uns que les autres. Avec son apparence d’éternel adolescent, notre ami à débuté sa carrière à l’age de 15 ans en postulant tout simplement au poste ultra convoité de successeur à Randy Rhoads (OZZY OSBOURNE). Notre étudiant boutonneux n’a pas hésité une seule seconde pour envoyer une cassette à Mike Varney. Fait incroyable, le célèbre producteur lui téléphona pour lui poser des montagnes de questions. Malheureusement son jeune âge ne lui permis pas d’obtenir le job. Mais cela indiquait que notre grateux en herbe avait déjà une volonté et une détermination hors du commun. Quelques années plus tard, notre guitariste quitta sa Pennsylvanie natale pour s’envoler vers Los Angeles et commencer des études au célèbre Guitar Institute Of Technology qui a vu défiler une bonne partie des plus célèbres Shredders Américains. C’est là qu’il rencontra John Alderete (Basse), Harry Gschoesser (Batterie) et Jeff Martin (chant), une association qui devait donner naissance à RACER X un combo ultra technique qui allait s’imposer sur la scène US en l’espace de deux albums devenu cultes Street Lethal (1986) et Second Heat (1987). Toutefois, malgré le succès d’estime dont bénéficiait le combo sur la côte ouest des Etats-Unis, RACER X ne parvint jamais à émerger malgré des prestations live phénoménales qui leurs valu une réputation scénique dithyrambique. Les shows donnés au célèbre Country Club furent d’ailleurs enregistrés et publiés sous les noms révélateurs de Live Extreme Volume I et II. Ces deux pépites permirent toutefois à Paul Gilbert de se faire remarquer, il sera d’ailleurs élu par un magazine américain comme l’un des plus rapides guitaristes au monde, le décor était planté il ne manquait plus à notre lascar qu’à trouver les musiciens qui allaient lui donner l’opportunité de faire découvrir son talent au monde entier. Heureusement pour Mr Gilbert, il ne lui faudra pas attendre très longtemps puisqu’en 1988 Billy Sheehan qui venait de quitter David Lee Roth se mis en quête de créer un nouveau combo. Pour cela, il fit appel à son vieil ami Mike Varney qui lui conseilla de s’intéresser à Paul de très prêt. Ne tarissant pas d’éloges sur son jeune poulain, l’affaire fut conclue en un éclair et notre Shredder se retrouva guitariste au coté de Pat Torpey et Eric Martin au sein de ce qui allait devenir MR BIG. Leur premier méfait sorti en 1989 et obtint immédiatement un énorme succès au Japon. Cette petite bombe fit aussi très forte impression auprès des médias qui n’arrêtèrent pas de porter aux nus cette formation ultra technique. Mais c’est en 1991 avec Lean To It que nos américains s’imposèrent définitivement sur la scène mondiale, notamment grâce au succès de la balade "To Be With You" qui cartonna sur toutes les ondes. La France ne fut d’ailleurs pas épargnée par le hit et succomba sous les assauts répétés du gang ! Un vrai triomphe qui leur permis de tourner aux quatre coins du monde en présentant des shows impressionnants qui leur permettaient d’offrir aux yeux et aux oreilles du public leur technique prodigieuse et phénoménale. Paul allant jusqu'à faire un solo avec une perceuse électrique sur laquelle il avait ajouté trois médiators, du grand art. MR BIG enchaîna les galettes avec Bump Ahead en 1993 et Hey Man en 1996 deux opus de très bonne qualité qui, malheureusement, ne parvinrent jamais à égaler le succès de leur deuxième LP. En 1997, Paul Gilbert jeta l’éponge et entreprit de se lancer dans une carrière solo. Fort de son succès au pays du soleil levant, c’est un label japonais qui distribua son premier effort Kings Of Club où il retrouva son ancien compère Bruce Bouillet, l’espace d’un morceau. Une frénésie s’empara alors de notre compère qui aligna pas moins de cinq opus en moins de cinq ans ! Cette boulimie lui permis de démontrer toute l’étendue de son talent et prouver qu’on ne pouvait pas le réduire au simple fait qu’il soit plus rapide que son ombre. Au fil des années, son univers musical s’élargit de plus en plus et après maintes hésitations, il s’attaqua enfin à sa première réalisation entièrement instrumentale en 2006 avec Get Out Of My Yard. Ce fut un succès qui lui permis de continuer sur sa lancée avec Silence Followed By A Deafening Roar en 2008 puis Fuzz Universe en 2010, une trilogie éblouissante d’inspiration qui montre bien la complexité du personnage. Il s’offrit même le luxe de tourner aux cotés de Joe Satriani et John Petrucci en 2007 dans le cadre du G3 nouvelle version. Car notre ami est un stakhanoviste de la guitare, multipliant les projets sans jamais s’arrêter, une vraie machine de guerre ! En 1999, parallèlement à sa carrière solo, il décide de reformer RACER X et publie Technical Difficulties qui, d’emblée, est un énorme succès au Japon où il se voit certifié or ! L’aventure continue donc de plus belle et en 2000 déboule dans les bacs Superheroes. Nos lascars en profitent pour se transformer en personnages de bandes dessinées habillés dans des costumes plus marrants les uns que les autres et adoptent tous un surnom délirant pour mieux coller au concept. Ils prouvent ainsi qu’humour et Metal ne sont pas incompatibles. Là encore, c’est une totale réussite qui leur permet de tourner un maximum, ils en profitent d’ailleurs pour sortir un cd/dvd live (Snowball Of Doom) enregistré au Whisky A Gogo 13 ans après leur mythique passage dans le club. L’histoire se poursuivra jusqu’en 2002 par de nouvelles tournées dans des pays plus exotiques les uns que les autres et s’achèvera fin 2002 avec la publication de Getting Heavier qui mis un point final à la reformation. Paul en profita pour rebondir et s’atteler à réaliser un de ses vieux rêves en rendant hommage à ses héros ! En 2003, il participa au projet YELLOW MATTER CUSTARD regroupant une belle brochette de pointures : Mike Portnoy, Neal Morse et Matt Bissonette. Ils donnèrent ensemble deux concerts exceptionnels pour célébrer les BEATLES. En 2004, il réitérera l’exploit cette fois-ci pour LED ZEPPELIN avec HAMMER OF THE GODS. L’année suivante, il sévira au sein de CYGNUS AND THE SEA en l’honneur cette fois-ci de RUSH. Un vrai sacerdoce qui le mènera à recommencer une nouvelle fois en 2006 pour trois shows unique à la gloire des WHO accompagné de Mike Portnoy, Gary Cherone et Billy Sheehan un line-up prestigieux qui laisse rêveur ! Heureusement, ils eurent la bonne idée de filmer toutes ces prestations indispensables pour tout passionné de Rock ! En 2012, il revient avec Vibrato son premier album chanté depuis plusieurs années et, cerise sur le gâteau, il a la bonne idée de nous rendre une petite visite pour un concert unique dans un club parisien : La Fleche d’Or en mars dernier. Il n’en fallait pas plus pour que votre serviteur se précipite à sa rencontre, histoire d’en savoir un peu plus sur le personnage et son parcours musical. Rencontre très rapide avec un musicien disponible, humble et passionné. Magnéto Paul !
Line-up : Paul Gilbert (Chant/Guitare), Kelly Lemieux (Basse), Emi Gilbert (Chant/Claviers), Thomas Lang (Batterie), Tony Spinner (Live - Chant/Guitare), Craig Martini (Live - Chant/Basse), Jeff Bowders (Live - Batterie)
Discographie : King Of Clubs (1998), Flying Dog (1998), Beehive Live (1999), Alligator Farm (2000), Burning Organ (2002), Paul The Young Dude (2003) ,Gilbert Hotel (2003), Accoustic Samurai (2003), Space Ship One (2005), Get Out Of My Yard (2006), Silence Followed By A Deafening Roar (2008), Fuzz Universe (2010), Vibrato (2012)
Retranscription / Traduction : Vanessa Laulit
Metal-Impact. Bonjour Paul, je suis très heureux de te revoir à Paris, c’est une ville que tu connais bien, tu y a joué de nombreuses fois. Hier tu étais en Espagne, tu viens de commencer ta tournée européenne, quel regard portes-tu sur ces premiers shows en Europe ?
Paul Gilbert. L’Espagne… Ca s’est bien passé. Si je me rappelle bien on a fait 5 concerts ! Le principal dans tout ça c’est que j’ai un nouveau groupe maintenant, j’ai Thomas Lang à la batterie, Kelly Lemieux à la basse et ma femme Emi au clavier. Nous avions déjà joué ensemble auparavant, nous avons du faire des tonnes de concerts ensemble ! Mais c’est la première fois pour moi que Thomas et Kelly sont réunis. C’est un bon groupe, j’ai donc hâte de les emmener en tournée à travers l’Europe. Paris ça a toujours été notre point culminant. Ici à Paris, j’ai toujours eu de merveilleux concerts que ce soit avec mon groupe ou avec MR BIG, c’est toujours un endroit fabuleux pour jouer ! Le public est fantastique et nous a toujours bien accueillis.
MI. Te souviens-tu des deux concerts que tu as donnés au Bataclan avec MR BIG ?
Paul. Oui, je m’en souviens très bien parce que j’avais bien joué sur ces deux shows au Bataclan ! Tous les musiciens ont leurs bons moments et aussi des moins bons… La plupart du temps, il y a des concerts qui font partie des prestations moins intéressantes pour tout un tas de raisons. Mais pour je ne sais quelle raison, à Paris c’est toujours très bien.
MI. Sur cette tournée tu es accompagné par ta femme Emi qui joue du clavier, comment se passe votre collaboration ?
Paul. C’est une très bonne musicienne ! Elle joue du clavier depuis qu’elle a 3 ans. Elle peut lire la musique très bien, moi non… à chaque fois que nous avons une nouvelle partition à lire, je peux lui demander « Chérie, peux-tu m’aider…». [Rires] ... Elle est parfaite ! On fait deux soli pendant le concert où j’improvise et elle continue le truc. C’est incroyable parce qu’elle arrive en réalité à reproduire tout ce que je fais à la guitare, c’est impressionnant. Quand les gens nous entendent, ils doivent aussi se dire que c’est magique qu’on puisse faire ça, on dirait qu’on a répété énormément pour en arriver là alors que, pas du tout. C’est juste de l’improvisation. Elle est vraiment fantastique !
MI. Est-ce qu’elle fait bien la cuisine ? [Rires] ...
Paul. [Rires] ... Nous aimons tous les deux beaucoup la nourriture, alors quand on est ensemble, c’est plutôt pas mal au niveau cuisine ! Elle est originaire du Japon, elle prépare donc beaucoup de plats typiquement de là-bas ! Même si je suis américain, je tambouille aussi beaucoup de plats chinois, et nous adorons aussi tous les deux la bouffe française. Nous utilisons beaucoup de beurre dans tout ce que nous préparons !
MI. Tu viens de sortir un nouvel album Vibrato, qui n’est pas totalement instrumental puisque tu chantes sur de nombreux morceaux, tu t’es lassé des opus instrumentaux ?
Paul. Je pense que c’est une bonne façon de recommencer en solo après MR BIG. La première fois, j’avais essayé pour me rendre compte de ce que cela donnait et pour savoir si j’étais vraiment capable de réaliser tout un album instrumental. Parce que la musique que j’écoute n’est pas instrumentale, c’est souvent des titres avec du chant et des paroles ! Mais j’ai vraiment adoré le faire et la réponse du public a vraiment été très bonne donc j’en ai refait deux. Au milieu de ces deux galettes, je me suis rendu compte que j’avais atteint mon point d’orgue et donc je me suis dit que si je le voulais, je pouvais parfaitement écrire des morceaux sans chant qui ne soient pas rébarbatifs. Pour celui-ci, je n’avais donc pas de format imposé, dans un sens je m’étais mis à vouloir composer des titres instrumentaux et puis quand j’ai réfléchi, j’ai eu envie d’y ajouter du chant. Il n’y a pas de préméditation, c’est venu à moi comme ça, naturellement.
MI. Qu’est ce qui t’a poussé à proposer en bonus trois reprises live de YES, WILLIE DIXON et AC/DC ?
Paul. Sur notre dernière tournée, nous avions une table de mixage digitale alors nous pouvions enregistrer en très bonne qualité tous les morceaux de chaque concert ! Alors quand je suis rentré à la maison avec tous ces titres live, je les ai écouté et je me suis dis qu’il y avait de très bonnes versions de telles ou telles chansons. Je me suis retrouvé avec un bon titre enregistrée à Bucarest et une autre chanson enregistrée lors de nos concerts en Grèce qui était elle aussi fantastique. Il y avait vraiment des versions magiques sur quelques unes de ces dates. Du coup je me suis dis qu’il était indispensable que je partage cela avec ceux qui m’apprécient. J’en ai sélectionné quelques unes pour les bonus. J’ai choisi une reprise de YES « Roundabout », une d’AC/DC « Go Down » et une de WILLIE DIXON « I Want To Be Loved ». Ce sont des artistes que j’adore. C’est un petit cadeau pour mes fans !
MI. Tu as participé à beaucoup d’albums hommages aux BEATLES, aux WHO à LED ZEPPELIN. Qu’est ce qui t’attire dans ce genre d’expérience ?
Paul. C’est une musique avec laquelle j’ai grandi. Mike Portnoy et moi avons presque le même âge. Nous avons grandi en écoutant les BEATLES, les WHO, LED ZEPPELIN en quelque sorte. C’est cette musique qui a été mon professeur de guitare si j’y réfléchis, j’ai tout appris avec eux. C’est ces artistes qui m’ont donné envie de faire comme eux. C’est comme ça que j’ai appris à jouer, en écoutant leurs morceaux et en essayant de les reproduire du mieux que je pouvais. Du coup, je connaissais pratiquement tous leurs titres, c’était très facile pour moi, je n’avais qu’à travailler sur les détails. C’était juste sympa de pouvoir jouer la musique que nous écoutions quand on était petits car elle reste à tout jamais graver en toi !
MI. Donc ça a été plutôt facile pour toi de rejouer tous ces morceaux puisque tu les connaissais déjà ?
Paul. A vrai dire, la version la plus difficile a été le tribute que nous avons fait en hommage aux WHO. Il est vrai que quand nous avons travaillé sur cet opus, on a choisi beaucoup de titres de « Who’s Next » et nous avons enregistré ceux qui nous plaisaient le plus. Mais on a aussi choisi des morceaux de leur Rock Opéra « Tommy », c’est un de leur album culte mais celui-ci je ne le possédais pas, j’ai donc du apprendre à jouer ces titres là qui sont particulièrement difficiles. Pete Townsend a vraiment un style à lui, il est unique. Quand j’étais plus jeune, j’écoutais plus de Heavy Metal, j’étais plus un fan de Metal que de Rock des Seventies. Ce qui m’intéressait, c’était de travailler les rythmiques, j’apprenais beaucoup dans cet esprit, les parties de guitares en solo sont venues bien après. Mais Peter a vraiment une technique de jeu différente des autres. Je n’avais jamais vraiment eu l’occasion d’apprendre ces morceaux là et de les écouter vraiment en analysant chaque partie en détail. Ce qui est certain c’est que jouer leurs morceaux m’a vraiment aidé à améliorer ma technique à la guitare, ça a vraiment été très agréable de découvrir l’univers des WHO. C’est un groupe extraordinaire.
MI. Tu es considéré comme un des meilleur guitariste de ta génération doté d’une très bonne technique, est-ce que tu penses que tu peux encore progresser ?
Paul. Oui, absolument ! Je suis plus excité face à ma guitare maintenant que je ne l’ai jamais été auparavant. Plus tu apprends et plus de nouvelles portes s’ouvrent à toi et alors tu réalises qu’il y a toujours encore plus à faire, il y a toujours quelque chose à découvrir ! C’est sans fin. Je pense que la seule fois où j’ai vraiment eu le sentiment qu’il n’y avait plus rien à faire remonte peut-être à l’époque où j’étais adolescent, j’avais alors une vingtaine d’années. Cela vient du fait qu’à l’époque, mon style était restreint alors je ne voyais pas très bien comment progresser et surtout je n’avais pas compris que le monde de la musique était vaste et ne cessait d’évoluer. Je pense que je vais continuer à m’améliorer au moins pendant encore une dizaine d’années. Enfin je n’en sais rien en fait, c’est un vraiment un monde sans limite.
MI. Tu as inclus de nombreux élément de Jazz et de Blues sur Vibrato ce sont des styles que tu apprécies particulièrement, penses-tu que c’est une évolution naturelle ?
Paul. Je pense que tous les styles de musique ont quelque chose de différent et d’intéressant. En un sens, on retrouve dans tous les genres les mêmes éléments mais différents styles permettent de rendre certaines parties plus intéressantes. C’est un plus qui est utile pour développer des morceaux. Si tu cuisines et que tu as un poulet, du sel et du beurre, des brocolis et de l’huile tu peux faire beaucoup de choses différentes en jouant sur les nuances. Cela dépend si tu mets beaucoup de poulet et moins de brocolis ou l’inverse, le plat n’aura pas la même saveur en fonction des proportions que tu détermines pour chaque ingrédient. C’est la même chose avec le Rock. Tous les genres de musique ont une mélodie mais je pense que le jazz en utilise plus que le blues par exemple. Mais le blues comprend tellement de variantes et a ses propres dynamiques. C’est une sorte de vibrato qu’il est très intéressant d’utiliser. C’est ce qu’on ne retrouve pas dans le piano classique par exemple, car lui n’a pas de vibrato. Tout à son propre élément, une particularité que tu peux utiliser pour pimenter tes morceaux. C’est comme de grandir en jouant du Heavy Metal c’est toujours plutôt fort et agressif comme genre mais pour moi, c’est tout aussi excitant de pouvoir jouer du blues ou du jazz, il y a toujours des parties rapides mais parfois j’ajoute des éléments plus soft, parce qu’en fait la technique demande aussi de pouvoir jouer calmement, simplement. Il ne faut pas croire que c’est facile parce que c’est simple ou du moins ça le parait. En fait, ça demande beaucoup de travail. Cette façon de jouer est très difficile et demande vraiment une maîtrise technique importante, c’est plus facile de jouer fort que tout en finesse. Ma pratique de la guitare a tellement évoluée qu’aujourd’hui je peux contrôler ma façon de jouer, je contrôle beaucoup mieux mon jeu de guitare. Je peux jouer de manière très simple et ensuite passer à un passage beaucoup plus puissant et rapide, c’est vraiment très excitant de progresser de cette manière.
MI. Donc en fait c’est vraiment plus difficile de jouer des morceaux lents que des morceaux rapides ?
Paul. En réalité, c’est juste très différent, c’est très gratifiant de pouvoir faire ça, d’avoir ce contrôle total sur ce que tu peux jouer ! De tout retenir en jouant calmement et ensuite de tout balancer comme ça en puissance ! J’aime quand ces deux éléments sont réunis !
MI. Tu as commencé très jeune et ce qui est incroyable c’est que tu aurais pu succéder à Randy Rhoads et devenir le guitariste d’OZZY OSBOURNE ?
Paul. Avec Ozzy, ouais c’est vrai ! Quand j’étais adolescent j’étais un grand fan de Randy Rhoads, je suis allé le voir en concert plusieurs fois, et je l’ai rencontré une fois dans une clinique de guitare. C’est tellement tragique cette histoire, il y a eu ce crash d’avion et il est mort. J’ai été énormément choqué à l’époque parce que j’étais un grand fan. J’ai appris toutes les parties de guitare des deux premiers opus d’OZZY. Je n’étais pas célèbre, rien de ce genre juste un adolescent qui jouait de la guitare mais j’ai pensé que si je n’essayais pas de faire, ne serait-ce qu’une audition, je le regretterais toute ma vie ! Je pensais que je devais au moins essayer, je n’avais rien à perdre ! Je me suis dis bon je n’ai que 15 ans, j’habite dans une petite ville, mais au moins je dois tenter de me faire entendre ! Et là je me suis demandé ce que je devais faire, comment m’y prendre, je ne connaissais personne en ce temps là dans le monde de la musique. Puis j’ai vu un article dans un magazine une fois à propos de Mike Varney et il avait eu la bonne idée de mettre son adresse au bas de l’article. Le message disait que n’importe qui pouvait envoyer sa démo à cette adresse. Alors j’ai fait un solo et je l’ai enregistré sur une cassette que j’ai envoyée. Trois jours plus tard après m’avoir écouté, il m’a appelé et m’a dit que mon enregistrement était vraiment plutôt pas mal et il m’a interviewé en quelque sorte, c’était étrange et un peu surréaliste. Il m’a demandé comment j’étais physiquement, si j’étais plutôt grand, avec les cheveux plutôt longs ou courts, il m’a demandé aussi si je prenais des drogues ou autre chose dans le genre. Et je lui ai répondu que je ne prenais aucune sorte de drogue quelle qu’elle soit. Il m’a aussi demandé s’il m’était possible de voyager facilement et puis finalement il m’a demandé mon âge. Quand je lui ait répondu que je n’avais que 15 ans il m’a dit « Oooooh… , je ne pense pas qu’OZZY aimerait jouer avec quelqu’un de ton âge ! ». Voilà toute l’histoire !
MI. Donc tu n’as pas auditionné pour OZZY ?
Paul. Oui, en fait il ne s’est rien passé à cette époque là. Mike m’a dit que j’étais juste trop jeune ! Mais il m’a dit qu’il allait me rajouter à sa liste de nouveaux talents et m’a demandé de continuer de lui envoyer d’autres démos, ce que j’ai fait.
MI. Tu as tout de même été en couverture d’un magazine de guitare à l’âge de 15 ans !
Paul. Ah oui ! C’est vrai !
MI. A 15 ans tu pouvais rejouer tous les solos de Randy Rhoads, qu’est-ce qu’il représente pour toi ?
Paul. Bien, pour moi c’est une source inspiration fondamentale. Comme je te le disais, je l’ai vu en live de nombreuses fois et ça m’a marqué à tout jamais ! Et puis en studio il était fantastique, mais je trouve qu’il était encore plus extraordinaire en concert ! J’étais tellement excité de le voir sur scène, il était tout bonnement magique lors des shows avec OZZY! Ses parties de guitare étaient exceptionnelles, d’une limpidité et d’une précision qui forçait l’admiration. Et puis tous ces morceaux fabuleux qui sont devenus des classiques aujourd’hui ! Que dire de plus, il était juste grandiose à tous les niveaux ! C’était un seigneur !
MI. Quel souvenir gardes-tu de RACER X, ton premier groupe que tu as formé en 1985 à Los Angeles ?
Paul. A cette époque, j’étais encore un élève dans une école de musique qui s’appelle le GIT ! J’y ai rencontré John Alderete qui est devenu notre bassiste par la suite. Il était également élève dans la même école et apprenait la basse. Et le batteur originel était Harry Gschoesser. Nous étions tous étudiants là-bas et nous nous retrouvions le soir pour jouer. Le souvenir qui me revient est celui d’une époque où nous répétions beaucoup ! Et nous n’étions pas en mesure d’acheter ou louer une salle pour pouvoir jouer. A l’école, tu pouvais répéter mais il y avait tellement d’élèves qui voulaient le faire aussi qu’on ne pouvait de toute façon pas avoir une salle tous les jours ! Où alors il fallait se lever vraiment très tôt le matin et courir à l’école dés son ouverture à 7h tapante ! Et puisque personne n’était debout à cette heure là, on en profitait. Mais ce n’était pas facile tous les jours. Mais quand on se levait tôt on pouvait répéter au moins 3 heures dans le meilleur des cas ! Enfin tu te rends compte qu’ à l’époque où je jouais du Heavy Metal, je me levais à 6h pour être à l’école à 7h. Avec le groupe on a fait ça pendant un an je crois et ensuite on a enregistré notre premier album ! Notre groupe faisait partie de ceux qui répétaient très tôt le matin ! [Rires] ...
MI. Pour finir, est ce que tu peux me dire si MR BIG compte faire un autre opus dans le futur ?
Paul. Avec de la chance, il y aura beaucoup d’autres albums qui sait ? Mais je ne connais l’avenir que pour les trois prochains mois donc je ne peux rien te dire à ce sujet !
MI. Pour terminer un mot pour ton public français ?
Paul. Je suis très heureux d’être à Paris encore une fois merci, si vous pouvez, venez au concert ce soir ! Et si vous êtes venus nous voir, j’espère que vous aurez apprécié notre show ! Et de toute façon je reviendrai parce que c’est un super endroit pour jouer, un lieu magique pour le Rock’n’Roll ! Rock’n’Roll c’est ma devise !
MI. Merci, c’était très bien !
Paul. Merci beaucoup à bientôt.
Ajouté : Vendredi 02 Août 2013 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Paul Gilbert Website Hits: 14620
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