THE 69 EYES (fi) - Jyrki 69 et Jussi 69 (Jan-2005)
THE 69 EYES est un groupe mythique dans son pays d’origine, la Finlande, et où il accumule les hits et est parvenu à se hisser au niveau des plus grandes stars locales. Pourtant, le reste du monde tarde à les consacrer. On a pu lire toutes sortes de critiques désobligeantes, parfois féroces, souvent injustes, cherchant davantage à dénicher les similitudes avec telle ou telle autre formation plutôt que de s’intéresser à leur dimension artistique. METAL-IMPACT s’est penché sur cette injustice ; nous y avons découvert des gens inspirés, intelligents, passionnés et pertinents. L’interview a très rapidement pris des airs de discussion entre passionnés de musique et de cinéma, dans le cadre agréable du BLACK DOG...
Line-up : Timo-Timo (guitare), Bazie (guitare), Jyrki 69 (chant), Jussi 69 (batterie), Archzie (basse)
Dicographie : Bump 'n' Grind (1992), Savage Garden (1995), Wrap Your Troubles in Dreams (1997), Wasting the Dawn (1999), Blessed Be (2000), Paris Kills (2002), Helsinki Vampires (DVD-2003), Framed in Blood - The Very Blessed of the 69 Eyes (2003), Devils (2004)
Juste avant de rencontrer le groupe, la responsable d’EMI me fait visionner le clip du single “Lost Boys”.
Metal-Impact. Ce clip est bien cool.
Jyrki. Merci. Tu as vu ce film ?
MI. Je l’ai vu il y a longtemps. Le titre Français est Génération Perdue.
Jyrki. “Génération Perdue”, hum, oui, s’est aussi un bon titre. C’est un film qui est sorti en 1987 et qui a eu un certain succès. Je suis très fan de ce genre de films, j’y trouve presque tous les ingrédients que j’aime : du rock, des ados, des vampires, de l’action… je regrette beaucoup qu’il n’y ait plus de films de ce genre de nos jours. Les vampires sont très à la mode, ainsi que tout ce qui s’attache à la culture gothique, mais il n’y a plus de Rock dans les films. C’est pourtant un mélange génial. Il y avait bien la “Reine Des Damnés”…
MI. Je n’ai pas beaucoup aimé ce film, les personnages sont très clichés et n’ont pas beaucoup de personnalité.
Jyrki. Oui, c’est vrai. Ce n’était pas un très bon film. Mais c’est l’un des rares qui s’approche encore un tant soit peu de ce que j’aime. Il y a aussi “ The Crow ”, bien sûr. C’est marrant, lorsque ce film est sorti tout le monde s’en foutait ! C’était juste une série B de plus, jusqu’au jour où il a cartonné au box office et là tout le monde s’y est intéressé. Les gens se sont rendus compte qu’il y avait une culture gothique en pleine expansion. Puis ils ont réalisé des suites et on est retombé dans la soupe.
Et, musicalement parlant, je m’ennuie ferme depuis ces 10 dernières années. Il n’y a pas grand chose qui m’a enthousiasmé.
MI. Qu’as-tu écouté alors pendant ces 10 ans ?
Jyrki. Beaucoup de choses, certaines n’étaient pas mal du tout mais je regrette cette attitude très Rock des années 80 et du début des 90’s.
Jussi. C’est une période qui a vu naître de très grands groupes et des albums énormes. Mais je n’ai pas autant de regrets. Je considère que si la musique est vraiment bonne, elle sublime les considérations de mode ou de style. J’aime beaucoup le dernier SLIPKNOT même s’il ne correspond pas a priori à ma culture. C’est un chef d’œuvre.
MI. Oui, mais crois-tu qu’il va devenir aussi mythique que les 3 premiers albums de MOTLEY CRUE ?
Jussi. (silence) Je ne crois pas. C’est vrai.
MI. Qui a réalisé le clip que l’on vient de voir ?
Jyrki. C’est Bam Margera. Il fait partie de l’équipe des Jackass. C’est un gros déconneur mais il a du génie. J’aime beaucoup sa façon de filmer. Je suis très content d’avoir pu tourner avec lui, je trouve que ce qu’il a fait correspond parfaitement aux émotions que l’on souhaite véhiculer, et c’est conforme à notre image.
MI. Y a-t’il un réalisateur avec lequel vous aimeriez tourner à l’avenir ?
Jyrki. Eh bien, au risque de passer pour le type qui a préparé son discours, je dirais Bam Margera. Je sais, ça fait un peu combine marketing de dire ça, mais c’est la vérité. C’est un ami et bosser avec lui a vraiment été un grand plaisir.
MI. Mais est-ce qu’il aime ta musique ?
Jyrki. Oui, c’est un ami et c’est aussi un fan.
MI. Et à part lui ?
Jyrki. Il n’y en a pas tant que ça avec qui j’aimerai travailler. J’aime beaucoup les films de David Lynch. Son univers me fascine mais je ne crois pas que ce serait un réalisateur de clip idéal pour nous. Bien sûr il serait très à l’aise pour reproduire des ambiances gothiques que nous aimons mais il y a aussi un aspect Rock, une façon très dynamique de filmer qu’il n’a pas ou qui ne sont pas instinctives chez lui. Or, sans cet aspect, nos clips sont incomplets.
MI. Personne d’autre ? David Fincher ?
Jyrki. Oui, David Fincher aurait sans doute les qualités requises. C’est un très bon réalisateur. Il y a aussi Rob Zombie. Alors là, oui, je serais partant à 100% avec Rob Zombie. Tu as vu son film (NDLR : The House Of 1000 Corpses) ?
MI. Non, il n’est jamais sorti en France.
Jussi. Il n’est jamais sorti en Finlande non plus. Il a fallu qu’on se le procure aux Etats-Unis.
MI. Jusqu'à présent, comment se déroule la sortie de votre nouvel album ?
Jyrki. Très bien. Il est trop tôt pour faire un bilan car l’album n’est pas sorti partout. En fait, il n’est sorti que dans très peu de pays, il sort progressivement. En Finlande nous avons atteint le top des meilleures ventes d’albums et de singles. On nous réclame un peu partout. C’est plutôt bon signe. Nous avons lu de très bonnes chroniques, ça fait plaisir. Tu sais, nous n’avons jamais eu pour objectif d’être les maîtres du monde (rires) mais nous progressons régulièrement. Nous avons commencé avec des ventes modestes et nous sommes aujourd’hui dans les hit-parades, nous tournons avec les plus grands dans des festivals énormes, c’est très gratifiant.
Jussi. Sur le plan artistique, je crois que c’est la première fois que nous sommes pleinement satisfaits d’un album. J’en suis fier à 100%.
MI. Ce n’était pas le cas pour les albums précédents ?
Jussi. Il y a toujours des trucs où tu te dis : “Si j’avais su, j’aurais joué ça comme ça” ou “Pourquoi on a mis ça, c’est pas génial”, des trucs comme ça. Ce sont des détails car je suis très content des albums précédents mais cette fois je crois qu’il n’y a rien à changer. Si c’était à refaire, il faudrait refaire la même chose !
Jyrki. Lorsque nous sommes sortis du studio, nous avions vraiment le sentiment d’avoir bien bossé.
MI. Tu t’attaches beaucoup aux paroles, tu sembles avoir une certaine culture et d’un autre côté tu aimes le porno et les films d’horreurs ; comment combines-tu ces deux facettes de ta personnalité ?
Jyrki. Je vais peut-être te surprendre mais je ne suis pas un fan de porno. Ça ne fait pas partie des choses qui m’intéressent. Ceci dit, pour répondre à ta question, je crois que c’est justement parce que ma personnalité a plusieurs facettes que j’exprime ces différents aspects à travers les chansons de THE 69 EYES. J’écris ce que je ressens, donc cela vient de moi, quelque soit l’état dans lequel je me trouve.
MI. Tu dis n’être pas attaché au porno, pourtant sur votre site internet il est indiqué que vous allez tourner un clip de “ Devils ” en version X.
Jyrki. [Rires] C’est une plaisanterie.
Jussi. Nous avons récupéré des passages filmés avec des nanas qui se trémoussent de façon, hum, plutôt sexy et nous allons faire un clip à partir de ça. C’est considéré “ X ” dans les pays puritains mais ce n’est pas du porno. C’est juste que ce n’est pas diffusable en prime-time.
Jyrki. Ca ne plaira pas à ma mère !
MI. Que pense-t’elle de ta carrière ?
Jyrki. Elle n’approuve pas vraiment mais que peut-elle faire ? Tu sais, il y a quelques jours nous avons joué dans un concert de charité pour les victimes du tsunami en Asie. C’était un grand festival diffusé en direct à la télé avec 10.000 spectateurs, le Président de la Finlande était présent. Le concert s’est très bien passé et en sortant de scène je me suis dit que ma mère serait enfin fière de moi. Mais comme je sors de scène le premier, je n’ai pas vu ce qui s’est passé à la toute fin : Jussi à sauté par-dessus la batterie et à montré son cul ! (Jussi est hilare) Tu peux y croire, toi ! Devant la télé et le Président !
Jussi. Ce n’était pas la première fois que le Président voyait mon cul !
MI. Je vois que tu porte une croix de fer allemande, quelle signification a t’elle pour toi ?
Jyrki. C’est juste Rock n’ Roll. Il n’y a aucune signification politique ou idéologique derrière cela. Je désapprouve ce qui a été fait à l’époque ou cet insigne était porté. Des groupes que j’aime le portaient avant moi, c’est pour ça que je le porte aussi. Ça n’est pas politique.
MI. Votre album commence avec “ Devils ” et se termine avec “ Only You Can Save Me ” (Lord) ; est-ce que vous considérez cet album comme une rédemption ?
Jyrki. (silence). C’est une bonne question. C’est effectivement un peu comme cela qu’il faut voir les choses. Sauf que tout s’est construit de façon très naturelle. Je ne suis pas dit : “ Tiens, si on appelait l’album Devils, et que la dernière chanson se terminait par une sorte de prière ”. Pour moi, c’était devenu logique de faire comme ça au fur et à mesure de l’avancement de l’écriture.
Par ailleurs, je suis très fier de ce titre “ Devils ”, je trouve qu’il va bien avec notre image, notre musique. C’est un titre qu’auraient pu avoir tous les groupes que j’aime : les MISFITS, les NEW YORKS DOLLS, même Elvis.
MI. Alice Cooper…
Jyrki. Oui, parfaitement. C’est un terme très suggestif auquel se rattachent parfois des sentiments contradictoires comme l’amour. C’est un peu malsain, un peu “ provoc ” mais pas trop. Ce n’est pas comme “ Demons ” ou “ 666 ” qui ont des connotations immédiatement identifiables au Diable. Avec “ Devils ” nous faisons référence à plein de choses, c’est large. Et dans chaque signification, nous sommes à l’aise, cela nous correspond. Lorsque j’ai eu l’idée de ce titre, j’ai immédiatement su qu’il fallait l’imposer au groupe, il n’y aurait pas de discussion !
(Jussi hoche la tête en souriant !).
MI. Certaines chansons font un peu penser à Billy Idol, je crois que c’est quelqu’un qui t’as influencé.
Jyrki. Absolument. J’aime beaucoup Billy Idol et la ressemblance est volontaire.
MI. Votre groupe a une évolution comparable à la sienne : des débuts Punk/Rock anonymes puis une belle carrière Rock mélodique.
Jyrki. Oui. Il est vrai que nous évoluons de manière semblable. J’espère que nous ferons la même carrière que lui !
MI. En parlant de tes influences, n’en as-tu pas assez d’être comparé à Peter Steel ?
Jyrki. Non. Tant pis pour mon ego, mais je ne trouve pas cela gênant. Tout d’abord j’ai beaucoup de respect pour lui, j’aime beaucoup TYPE O NEGATIVE. Ensuite, je crois qu’il faut prendre cela avec humour. En Allemagne, par exemple, j’ai enregistré une pub radio où je disais (il fait sa voix très grâve) : “ Salut, c’est Peter Steele, achetez le nouvel album de THE 69 EYES ” (rires).
Cela dit, j’ai fait des efforts pour que ma voix soit différente sur cet album, j’espère que les gens le remarqueront.
MI. Quelle chanson aurais-tu aimé écrire ?
Jyrki. (très long silence). Ouah, je ne l’avais pas vu venir, celle-là ! (rires). Il y en a beaucoup mais je dirais une chanson de CREAM ou peut-être des MISFITS.
MI. Et pour quel(s) artiste(s) auriez-vous aimer jouer ?
Jussi. Elvis !
Jyrki. Oui, Elvis, mais c’est un peu facile. J’aurais bien voulu jammer avec les RAMONES.
Jussi. MOTLEY CRUE, aussi.
MI. Jyrki, tu aimes faire le DJ ; Que vas-tu jouer ce soir ?
Jyrki. En fait, je ne fais pas ça souvent. En Finlande ça ne m’arrive jamais. J’ai fait ça au KATA BAR l’année dernière, puis en Autriche et maintenant ici. Ça m’amuse bien. Je pense que je vais mettre des trucs que j’aime bien ; des bons vieux titres des années 80 !
La discussion se prolonge sur SHOTGUN MESSIAH, un groupe fabuleux resté anonyme, que Jyrki me fait promettre de citer dans cette interview. Chose promise…
Il revient également sur sa croix de fer, apparemment turlupiné par ma question, et m’assure une fois encore qu’il ne faut pas mal l’interpréter.
Ajouté : Mardi 01 Février 2005 Intervieweur : Alexis de Fireball Lien en relation: The 69 Eyes Website Hits: 29710
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