LE DAHLIA NOIR (2006)
Auteur : James Ellroy
Traduction : Freddy Michalski
Langue : Français
Parution : 18 octobre 2006
Maison d'édition Française : Editions Payot & Rivages
Collection : Rivages/Noir
Nombre de pages : 505
Genre : Roman policier autobiographique
Format : Poche
Dimension : 11 X 17 cm
ISBN-13 : 9782743615871
Nombreux sont les artistes à avoir tenté de retranscrire la profonde noirceur du genre humain en musique. Peu y sont parvenus. Il faut dire que les élus sont encore plus rares quand ils tentent de coucher cette facette sur papier, avec des mots. La musique à ce côté « easy-listening », un peu putain qui fait qu'il n'est pas difficile d'en capter l'essence, de s'en imprégner et d'en abuser selon ses propres besoins. Il est plus difficile, pour ne pas dire impossible, de trouver un livre à vocation cathartique. Pourtant, avec son dahlia noir, James Ellroy a réussi son improbable pari. Celui de ramener à la vie une mère qui lui a été enlevée bien trop tôt. Le Dahlia Noir n'est pas un vulgaire roman policier, c'est une autobiographie sombre et douloureuse. C'est dans ce rapport d'amour/haine que j'effectuerais le rapprochement qui permettra à ce papier d'être publié en ces pages. Nous autres qui rédigeons, avons bien souvent une culture musicale très poussée. Pour ma part, un chef d'œuvre d'aliénation musicale et de folie meurtrière pur pourrait être n'importe quel enregistrement de SILENCER. XASTHUR et NORTT s'en sortent aussi très bien. Nous sommes donc dans un registre de Black dépressif. Imaginez maintenant que ces mêmes ambiances angoissantes, ces cris de désespoir, ces rythmes paisibles et morbides soient littéralement contés dans un bloc de 500 pages. Sans pour autant être un grand fan de Black Metal (du moins je l'imagine), James Ellroy à réussi à créer en moi un malaise aussi profond que l'écoute de Death – Pierce Me.
L'action se déroule au cœur du XXème siècle, juste après la guerre qui a épargné le sol américain. Un jour de janvier 1947, le corps de Betty Short est retrouvé, atrocement mutilé sur un terrain vague de Los Angeles. L'agent Bleichert et son équipier Blanchard, tous deux robustes boxeurs chevronnés, sont chargés d'élucider une affaire qui restera à jamais dans les annales du crime outre-Atlantique. En effet, Le Dahlia Noir est inspiré d'une histoire vraie et complètement similaire aux faits reportés dans le livre. Stylistiquement, Ellroy est un génie. Son débit est si intense qu'il est capable de faire tenir deux phrases sur une page entière sans embrouiller le lecteur. Ses références culturelles, ses connaissances géographiques et politiques rendent cet ouvrage deux fois plus crédible. L'enquête est haletante, un amour de roman glauque et cynique. Ecrit à la première personne du singulier, on s'identifie très vite à l'attachant Bleichert qui mettra sa vie en péril afin d'élucider une affaire complexe. Compliqué pour autant de lire cet ouvrage d'une traite, la cadence y est bien trop élevée et les dizaines de protagonistes, qu'ils soient agents de police, témoins, suspects ont tous un rôle déterminé dans ce macabre puzzle. Le coupable n'est découvert que dans les dernières pages du bouquin, ce qui est, je dois l'avouer, totalement jouissif. On a clairement la sensation d'en avoir eu pour son argent. Mais le plus poignant restera la révélation d'Ellroy dans la postface qui dédie ce récit à sa mère disparue lors de son enfance. L'auteur y dévoile les clés de son intrigue et sa manière de s'exprimer au travers des faits et gestes de l'agent Bleichert qui passe soudain du statut de héros à celui de pion dans une partie d'échec perdue d'avance. Pour ceux qui auraient davantage de mal avec les allitérations en touts genres, je ne saurais que trop vous conseiller l'adaptation cinématographique de Brian De Palma qui est la retranscription fidèle du roman avec une mention pour l'excellent Josh Hartnett, énervant de perfection dans la peau du jeune flic rebelle.
Il faudra vous armer de patience pour arriver au bout des quelques 500 pages. Mais je vous garantis que le jeu en vaut la chandelle. Et si l'ennui point par moment le bout de son nez, ce n'est que pour mieux vous mettre en latence dans l'optique d'un final grandiose et clinquant. Qu'on se le dise, Le Dahlia Noir n'égalera jamais quelconque production musicale ou cinématographique pour retranscrire dans un esprit de crasse totale, le dégoût qu'inspire le genre humain. Il serait idiot de nier une corrélation évidente entre la raison qui vous a poussé à visiter ce site web et ce roman aux frontières de la misanthropie, sans en avoir l'air.
Ajouté : Vendredi 19 Février 2010 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Editions Payot & Rivages Website Hits: 40035
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