NIGHTMARE (FRA) - Yves Campion (Sept-2016)
La dernière fois que j'avais croisé Yves Campion - bassiste et leader désormais incontesté de NIGHTMARE - c'était à l'occasion de la sortie de Aftermath. L'avenir était resplendissant et le combo semblait confiant dans la suite de leur carrière déjà longue et bien remplie. Le vaisseau voguait alors sous le commandement de deux maître de bord : Yves Campion et Jo Amore, les seuls membres fondateurs encore en activité. Rien ne laissait présager qu'un séisme sans précédent allait submerger les NIGHTMARE à vitesse grand V. Un tsunami puissant dont peu de groupes se relèvent : le départ simultané en juillet 2015 de Jo Amore et David Amore, respectivement chanteur et batteur. Une décision qui en a surpris plus d'un et a laissé pantois une horde de fans totalement désemparés devant une annonce aussi soudaine qu'incompréhensible. A cet instant, peu de monde envisageait que la formation allait survivre à ces deux départs fracassants qui laissait présager le pire pour l'avenir. Jo Amore étant la voix incontestée de NIGHTMARE depuis 1999, date du grand retour des Bad Boys sur le devant de la scène. Le bougre faisait partie intégrante à ce titre de l'identité des grenoblois avec cette voix unique proche du maître Ronnie James DIO. Une décision qui marque un tournant dans l'histoire de NIGHTMARE qui désormais ne sera jamais plus comme avant. Si l'avenir semblait sombre c'était sans compter sur la volonté inébranlable d'Yves Campion bien décidé à ne pas laisser sombrer corps et âmes son navire amiral. Après un moment d'égarement et de doutes, le lascar a repris la barre et s'est alors mis en quête de trouver une nouvelle voix et un nouveau batteur pour le groupe. Un challenge loin d'être facile et qui aurait pu s'avérer difficile voir impossible à réaliser. La surprise fut de taille quand finalement NIGHTMARE annonça que le remplaçant de Jo Amore était non pas un chanteur mais une chanteuse en la personne de Maggy Luyten accompagnée dans la foulée d'Olivier "Piv" Casula (SANGDRAGON) qui viendra compléter le line-up à la batterie. Un choc pour de nombreux fans qui étaient à mille lieues d'imaginer un tel scénario et qui se sont tout a coup retrouvés au coeur d'une montagne d'interrogations quand à la suite des évènements. Pour les plus avertis, Maggy n'est pas vraiment une inconnue puisqu'elle avait été invité à chanté sur le titre Dominion Gates part II (The Burden Of God). Au final, cette décision s'avère plutôt judicieuse au vu des qualités de la belle dont le chant sied à merveille au Metal de NIGHTMARE. Un recrutement de haute volée indispensable pour assurer la pérennité du combo. Il faut dire que Maggy n'officie pas dans un registre opéra lyrique. Bien au contraire, on est plus proche de ARCH ENNEMY ou de CHASTAIN que de NIGHTWISH. Un choix qui, au final, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux grenoblois. Doté d'une longue expérience, Maggy a débutée en 2001 et sévie au sein de nombreux combos comme BEAUTIFUL SIN, VIRUS IV et a participé à une pléiade de projets notamment aux côtés de Arjen Lucassen (AYRON). La présentation officielle aura lieu au HELLFEST 2016 ou elle recevra la bénédiction du public agréablement surpris par sa prestation et son dynamisme. Si l'épreuve du feu était une réussite, il restait néanmoins à nos vétérans une ultime épreuve : le retour en studio pour sceller ce nouveau départ. Dead Sun, leur nouvelle galette, a été composée et enregistrée en un temps record. Il aura fallu moins d'un an pour affronter un défi décisif pour le futur de NIGHTMARE. Pour relever le challenge, les bougres se sont donner les moyens en faisant appel à Patrick Liotard, Joost Van Den Broek (THE GENTLE STORM, EPICA) et Gerald Jans pour finaliser le tout et sont allés tout droit s'enfermer au Noise Factory Studio en Belgique, terre natale de Maggy. Pour couronner le tout Kelly Sundown Carpenter (ADAGIO, FIREWIND, BEYOND TWILIGHT) est venu leur donner un sérieux coup de pouce au niveau des compositions. Il s'en donne à coeur joie en faisant une apparition sur "Serpentine" un des nouveaux morceaux de Dead Sun. Au final le résultat s'avère plus que concluant et les NIGHTMARE réussissent haut la main l'épreuve du feu en nous délivrant un opus de haute volée qui ne s'éloigne pas de ce qu'ils savent faire de mieux : du Heavy de grande classe. Mieux encore le chant féminin ne choque pas et offre au combo une nouvelle palette musicale très diversifiée qui risque de s'intensifier sur leurs prochains méfaits. L'inspecteur gadget, votre fidèle serviteur, s'est mis en quête d'élucider le mystère de l'affaire NIGHTMARE et à soumis le sieur Yves Campion à une batterie de questions sans précédent. Entretien avec un musicien serein très fier de ne pas avoir baissé les bras et qui a réussi à se sauver d'un cauchemar annoncé. Une interview vérité avec Yves Campion qui a choisi de rester très fair play sur les raisons du divorce et les polémiques engendrées par cette séparation douloureuse qui évidemment laissera des traces indélébiles. Magnéto Yves, c'est à toi !
Line-up : Maggy Luyten (chant), Franck Milleliri (guitare), Matt Asselberghs (guitare), Yves Campion (basse), Olivier "Piv" Casula (batterie)
Discographie : Waiting 4 the Twilight (Album - 1984), Power Of The Universe (Album - 1985), Astral Deliverance (MCD - 1999), Deliverance (Live - 2000), Cosmovision (Album - 2001), Silent Room (Album - 2003), The Dominion Gate (Album - 2005), Genetic Disorder (Album - 2007), Insurrection (2009), The Burden Of God (2012), The Aftermath (2014), Dead Sun (2016)
M-I Interviews du groupe : Jo Amore (Sept-2003), Jo Amore (Déc-2007), Yves Campion (Avril-2012), Yves Campion (Mai-2014), Yves Campion (Sept-2016)
Metal-Impact. Quel souvenir gardes-tu de votre prestation au HELLFEST 2016 avec votre tout nouveau line-up ?
Yves Campion. C'était un challenge à relever. Un premier concert sur la main stage du HELLFEST avec un tout nouveau line-up, ce n'est jamais trop évident. Il y avait un bon public. Mais on est conscient qu'il y a encore des choses à remettre en place et c'est normal. Mais ce jour-là, nous étions dans une bonne dynamique.
MI. Vous avez beaucoup répéter pour préparer ce show ?
Yves. Pas forcément, on a travaillé juste ce qu'il fallait. Ce n'est jamais trop bon de travailler les morceaux à partir du moment où tu les maitrise. On a juste joué deux nouveaux titres car on n'avait pas la possibilité d'en jouer plus. On devait surtout jouer d'anciens titres car le label nous avait interdit de jouer live plus de deux nouveaux morceaux du fait que l'album n'était pas sorti. Mais il y avait quand même pas mal de travail puisque nous avions d'autres festivals à assurer derrière où le temps de jeu était beaucoup plus important. Cela pouvait aller jusqu'à une heure parfois. On a joué au SABATON Open Air, au femme Festival en Hollande et au Metaldays en Slovénie. On a dû jouer beaucoup d'anciens titres.
MI. Est-ce que ce n'est pas trop déstabilisant de se retrouver au côté de Maggy Luyten après avoir passé tant d'années sur scène aux côtés de Jo Amore ?
Yves. Déstabilisé non car elle est très professionnelle et maitrise bien la scène. Tu ne perds pas tes automatismes lorsque tu es un musicien aguerri. Donc, au final, tout a très bien fonctionné. Ensuite, à l'issue du concert, on s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup de choses à retravailler. Mais ce premier acte a été super positif et notre impression a été très bonne.
MI. En fait, votre tout premier concert a eu lieu au MARK XIII à Grenoble !
Yves. Oui, mais ce n'était pas vraiment un concert mais plutôt une présentation de Maggy et d'Olivier Casula notre nouveau batteur. Le Mark XIII est un tout petit bar. On y a donné un show acoustique, c'était une sorte de mise en bouche. On a repris un morceau d'EUROPE.
MI. Justement comment s'est intégrée Magalie au sein de NIGHTMARE qui a plus de trente ans d'existence ?
Yves. Très bien, elle est arrivée dans une formation qui avait déjà un gros background et elle savait qu'il y avait aussi pas mal de travail en perspective. Ce n'était pas un plan galère qu'on lui proposait. On avait un album à enregistrer, un contrat avec une maison de disque ainsi qu'une tournée de prévue. C'était un peu du pain béni pour Maggy et Olivier. Mais c'est aussi un challenge qui demande beaucoup d'implication. Mais c'était cool.
MI. Comment en êtes-vous venus à recruter une chanteuse pour remplacer Jo Amore ?
Yves. On a voulu se fixer un challenge. Si on avait recruté un mec, nous aurions pu faire des comparaisons avec Jo. C'était stratégique et aussi un peu osé. On ne voulait pas non plus un clone de Jo mais il nous fallait une chanteuse originale qui ne soit pas dans le style lyrique, opéra. Là, on se serait tiré une balle dans le pied ou dans la tête. L'idée c'était soit elle soit pas de chanteuse du tout.
MI. Au départ, vous cherchiez un chanteur je suppose ?
Yves. Oui, on avait une ou deux pistes mais rien de concret. Pour ma part, il y avait un chanteur que je kiffais pas mal qui s'appelle Daniel Heiman et qui est l'ancien chanteur de LOST HORIZON. Mais il changeait pas mal la couleur de NIGHTMARE car il est très lyrique, il chante très haut. Il est plus dans le style HELLOWEEN ou QUEENSRYCHE. Finalement et avec le recul, je pense que même si Daniel Heiman est un super chanteur, on a bien fait de prendre Maggy.
MI. Jo Amore a donné plusieurs interviews où il n'est pas tendre à ton encontre. De ton coté, tu n'as pas beaucoup communiqué sur les raisons de son départ. Peux-tu me donner ta version des faits ?
Yves. Cela a été douloureux, on a passé tant d'années ensemble. Ensuite, il a pris cette décision de partir et elle n'appartient qu'à lui et son frère. Personnellement, les polémiques ne m'intéressent pas... Ce n'est pas mon domaine. Après, les gens peuvent dirent ce qu'ils veulent. Si on me demandait d'aller baver sur quelqu'un avec qui j'ai joué pendant plus de trente ans, je ne trouverai pas ça crédible. Si tu joues avec des musiciens et qu'au bout de deux mois cela te prend la tête pour parler poliment, tu ne restes pas. Lorsque tu joues pendant plus de trente ans avec quelqu'un, si on suit ce raisonnement, cela voudrait dire que tu as mis toutes ces années pour t'apercevoir que tu jouais avec un connard !!! [Rires] ... Après c'est une question de crédibilité ! On garde plein de belles choses de cette période et de bons souvenirs de la carrière que l'on a faite ensemble. On a plein de choses que l'on oublie pas. Après c'est un divorce et il y a aussi des aléas. Qu'on me fasse passer pour le grand méchant loup, je veux bien mais à ce moment-là cela voudrait dire que j'ai été tout seul et dans ce cas les deux guitaristes auraient dû eux aussi partir avec lui. Ce n'est pas crédible. Il y avait un conflit mais moi je ne leur souhaite pas le pire... Mais tout simplement de rebondir dans leurs différents projets. Il ne faut pas me demander de faire la même chose qu'eux ! Pour moi, tout ça n'est pas crédible.
MI. Après cette décision de Jo et David, as-tu pensé arrêter NIGHTMARE ?
Yves. Oui, complètement. On s'est retrouvé à trois totalement désemparé. Il faut voir tout l'investissement que représente un tel groupe que ce soit au niveau humain, du temps investi et aussi en terme financier. Il y avait un gros challenge que l'on devait relever ou pas. Ca été très douloureux. Ce n'est pas quelque chose que l'on ignore et qui passe rapidement. On a eu la chance dans notre malheur de pouvoir trouver très rapidement une nouvelle voix. On aurait pu se casser les dents pendant sept ou huit mois. Le label ne nous aurait pas laissé autant de temps pour rebondir. Il nous fallait trouver un nouveau line-up très rapidement sinon AFM aurait rompu le contrat. Là, on se serait retrouvé au cimetière. On a eu cette chance de pouvoir rebondir très rapidement cela nous a sauvé. Si j'avais été voir une cartomancienne ou une diseuse de bonne aventure et qu'elle m'aurait annoncé qu'un an après, en juillet 2016, on aurait eu un album terminé ? Une date de sortie et un premier concert au HELLFEST... Je n'y aurait pas cru et j'aurai bien rigolé !
MI. Qu'est-ce qui vous a donné cette force pour poursuivre l'aventure ?
Yves. La chance de repartir avec une nouvelle énergie et de nouvelles personnes. On a des musiciens qui sont des tueurs. Notre nouveau batteur (Olivier Casula) est une machine de guerre. Maggy a un parcours important derrière elle et des capacités exceptionnelles. Tout ca a donné une nouvelle énergie à la formation et a inspiré nos deux guitaristes. On a composé de nouveaux morceaux très rapidement. On n'a pas été bloqué. On n'avait pas de titres dans les tiroirs comme on a pu l'entendre. La preuve c'est qu'un an après on revient avec Dead Sun. On ne l'a pas sorti en été mais il était prêt. Au mois de juin, il était mixé. Tout a été très rapide, on a annoncé le nouveau line-up en octobre et tout de suite après on a commencé à travailler en novembre en terme d'écriture. On est rentré en studio fin février, début mars 2016. On a livré les masters en juin, c'est moins d'un an après les départs de Jo et de David.
MI. Maggy n'était pas une inconnue pour vous puisqu'elle avait été invitée sur le morceau "Dominion Gates Part II" que l'on trouve sur l'album Burden Of God !
Yves. Oui, je l'avais découverte alors qu'elle chantait au sein de BEAUTIFUL SIN. J'avais flashé sur elle parce qu'en pleine vague des chanteuses lyriques époque NIGHTWISH avec Tarja, WHITIN TEMPTATION, etc. Elle est arrivée avec ce son à. J'avais kiffé à l'époque. En 2012, on l'avait contacté et invité en special guest sur l'album The Burden Of God. Elle avait chanté en duo avec Jo sur le titre "The Dominion Gate part II". De ce fait on la connaissait déjà.
MI. Est que tu n'as pas peur que les fans soient déroutés par ces deux changements au sein de NIGHTMARE ?
Yves. Ce que je vois c'est que le clip est sorti vendredi et que nous en sommes déjà à quasi 20 000 vues. C'est le meilleur score que l'on ait fait sur un clip. Avec l'ancien clip on avait fait 25 000 et là on va dépasser ce chiffre très rapidement. Il y a quelque chose qui se passe, il y a la nouveauté qui attire. C'est évident que certaines personnes qui sont old-school par rapport à ce que l'on faisait avant ne s'y retrouveront pas et c'est normal. Après quel est le pourcentage de gens qui vont accrocher ? Sur les réactions que l'on a, sur les concerts que l'on a donné en suède ou aux Pays-Bas, il y a vraiment un engouement. On fera le point plus tard mais pour l'instant on est sur une bonne dynamique.
MI. Penses-tu avec l'arrivée de Magalie toucher un nouveau public ?
Yves. Oui, c'est une chanteuse qui a déjà une fan base grâce à tout ce qu'elle a fait auparavant. Ce sont des fans qui la suivent et qui ne connaissent pas NIGHTMARE et qui vont peut-être accrocher à NIGHTMARE. On espère drainer un nouveau public mais on ne crache pas sur l'ancien, bien au contraire.
MI. Quelles sont, selon toi, les différences au niveau du jeu entre Olivier et David ?
Yves. David était un très bon batteur mais plus classique, je dirais old-school. Olivier est plus moderne, il vient du Death Metal, ce n'est pas la même technique et le même style de batteur. Olivier est très moderne dans son approche, son jeu, il joue en blasts, c'est une autre démarche.
MI. L'opus s'appelle Dead Sun est ce que cela a un rapport avec les évènements récents qui ont secoué le groupe ?
Yves. Non, cela n'a rien à voir. D'ailleurs, au départ, il ne devait pas s'appeler Dead Sun. On devait l'appeler Serpentine mais on a pas mal galéré avec l'artwork car ce titre est très subjectif. On ne savait pas si on allait mettre un serpent sur la pochette, cela faisait un peu kitch. On a essayé pas mal de choses différentes et au final on était coincé car on arrivait pas à trouver le truc qui tuait. Nous étions vraiment pas emballé par ce que l'on nous avait présenté donc on a décidé de changer le titre. On a demandé à un artiste belge de grand talent Julien Spreutels (claviériste du groupe EPYSODE). On lui a donné le titre et transmis quelques idées comme la balançoire qui a été trouvé par Matt et on lui a dit de se débrouiller avec ça. Il est revenu avec cette pochette qui a immédiatement beaucoup plus au label.
MI. Cet artwork a un côté très progressif, est-ce que ça te dérange ?
Yves. Non pas du tout mais je tiens à dire que Dead Sun est loin d'être progressif. Nous sommes très satisfait de cette pochette, on voulait un opus que l'on puisse remarquer dans les bacs et je pense que l'on a réussi grâce au travail de Julien à se démarquer.
MI. Comment s'est déroulé le processus de compositions de ces nouveaux titres ? Avez-vous changé votre méthode de travail habituelle ?
Yves. On n'a pas complètement changé la méthode de travail en fait. On s'est retrouvé à trois avec les deux guitaristes qui avaient des idées, on a travaillé aussi sur le chant. On a gardé les meilleures idées, on n'a pas changé l'approche que l'on avait avant. Peut-être que l'on changera pour le prochain. Mais là, on était pris par le temps. On était dans la routine de ce que l'on faisait auparavant en matière de méthode mais on avait une toute nouvelle énergie avec des nouvelles idées. Ca a fonctionné, toutes les méthodes sont appréciables lorsque le résultat est là, on est ouvert. On a de nouveaux talents, on peut utiliser le piano, notre batteur apporte des rythmes à des moments précis qui font que l'on évolue au niveau de la conception des morceaux et cela nous a permis d'avancer énormément dans la méthode de composition.
MI. Dead Sun a été enregistré en Belgique au Noise Factory Studio, pourquoi ce choix ?
Yves. C'est un studio que Maggy connaissait très bien, elle y a enregistré auparavant avec EPYSODE. Il y a un excellent ingé son (Gerald Jans) qui est transparent et qui connait parfaitement son matériel. Il était nécessaire que l'on ait de très bonne prise afin d'obtenir une excellente production. C'est Joost van den Broek (EPICA, THE GENTLE STORM) qui a produit et mixé l'opus au Sandlane studio en Hollande. Au départ, les titres ont été arrangés par Patrick Liotard, ce travail a été réalisé en amont au niveau des démos. Patrick est notre producteur attitré. Il nous fallait des prises de très grande qualité et on a eu l'opportunité d'avoir ce studio que Maggy connait très bien du fait qu'elle y a souvent enregistré. En plus, c'est à côté de chez elle donc c'était très pratique.
MI. Maggy habite en Belgique pour le moment, va t'elle s'installer dans la région grenobloise ?
Yves. Non, Bruxelles est une ville centrale. C'est très rapide pour venir nous rejoindre, il n'y a aucune raison qu'elle s'installe en France. Avec le Tallis, tu arrives à Lyon Pardieu ou Macon en quatre heures trente. Notre batteur et notre guitariste sont basés à Macon, c'est donc là que l'on répète assez souvent. C'est très simple en fait pour se retrouver. Il n'y a pas de problème à ce niveau-là.
MI. Vous venez de produire un nouveau clip pour le morceau "Ikarus". Qu'aviez-vous envie de transmettre à votre public à travers cette vidéo ?
Yves. C'est un clip qui ne représente pas forcément tout l'album mais qui est une symbolique métaphorique facile à interpréter. On avait besoin de coller à un story board très précis pour ce tournage qui s'est déroulé dans une usine à coté de Macon. On a voulu jouer sur la qualité de l'image et aussi sur le côté naturel du site. On ne voulait pas faire un montage avec un fond vert et des images de Mad Max qui passent derrière ! [Rires] ... Nous avons souhaité tourner dans de vraies conditions avec un super producteur qui a bien senti le truc et qui avait des idées pour nous guider correctement. Nous ne voulions pas rechercher la sophistication et avoir un story board compliqué à monter.
MI. Vous avez choisi d'inviter Kelly Carpenter sur le titre "Serpentine"...
Yves. Oui, Maggy le connait très bien et on en a profité pour saisir cette opportunité. C'est quelqu'un qui a beaucoup de talent et qui est adorable. Il a vraiment participé au travail sur l'album au même titre que Edouard Verneret qui est le claviériste de SANGDRAGON. En plus de sa prestation, Edouard nous a aidé sur les arrangements de claviers. C'est un vrai travail d'équipe avec ces apports-là, on ne les remerciera jamais assez pour tout ce qu'ils ont apporté à Dead Sun. C'est un plus, Kelly est un chanteur et parolier américain donc au niveau des corrections des textes et de l'accent : il n'a rien laissé passer. On peut aimer ou ne pas aimer mais au niveau du travail produit, on a rien laissé passer. On est irréprochable sur l'accent en anglais, sur la diction, sur l'emploi des mots dans le texte...
MI. Justement, au niveau des textes, qu'a apporté Maggy Luyten ?
Yves. On avait à la base pas mal de textes. Sur Dead Sun, on a été en symbiose sur pas mal de sujets et sur des choses assez personnelles. On a choisi de rester dans le trip NIGHTMARE mais avec un apport complémentaire. Un texte c'est assez personnelle, cela traduit ce que tu ressens et cela s'exprime par une manière d'écrire spécifique, une capacité à écrire. On est très content de la puissance des textes par rapport à la musique. Cela a toujours été un leitmotiv pour nous car c'est très important de ressentir les textes au travers de la musique. Je pense qu'avec le coaching de Kelly, on a été très loin et le résultat nous fournit une entière satisfaction.
MI. Dead Sun représente t'il la seconde naissance de NIGHTMARE ?
Yves. Je ne sais pas ce qu'il en adviendra avec le temps. Mais je sais que pour moi c'est le meilleur album de NIGHTMARE et si tu poses la question à Frank et à Matt, ils te répondront exactement la même chose. Mais je ne crache pas et ne bave pas sur notre héritage. On a fait de belles choses, de bons opus dont certains sont devenus cultes comme Cosmovision ou Dominion Gate ; ils ont marqué une époque. Mais aujourd'hui je pense sincèrement que Dead Sun est notre meilleure réalisation et cela à tous les niveaux. Il fait désormais partie de notre histoire et peu importe ce qui arrivera par la suite. On a réussi à revenir en très peu de temps, ensuite les gens aiment ou pas. Mais on ne pourra pas dire que notre retour est foiré. On est bien parti pour en faire d'autres vu nos capacités et ce que l'on a été capable de faire en si peu de temps avec ce nouveau line-up. Je pense que l'on fera tout pour faire encore mieux sachant que la barre a été placée assez haute. On se demande comment on va faire pour réaliser quelque chose de meilleur ! Et ça, c'est génial. Lorsque tu te dis que la prochaine fois ce sera mieux car celui-là est pas mal, c'est que tu as raté quelque chose. Si tu te dis "merde comment on va faire la prochaine fois!?", c'est une bonne chose.
MI. Vous avez l'intention de donner beaucoup de concerts pour défendre Dead Sun ?
Yves. On a un agent qui travaille dessus, on est sur pas mal de projets vraiment intéressants et on essaye d'avancer le plus vite possible. On a déjà deux ou trois plans qu'on ne peut pas dévoiler pour l'instant mais qui vont tomber. Notre priorité est le concert du 27 novembre. Ensuite, d'autres dates devraient suivre.
MI. Qu'as-tu envie de rajouter à propos de Dead Sun qui apparait comme un album décisif ?
Yves. C'est un pallier qu'il fallait franchir en terme de retour par rapport aux évènements. Le challenge était très important. Tout ne se passe pas comme avec un coup de baguette magique. Il fallait aussi que musicalement cela suive. Matt, Frank et moi nous sommes très heureux du challenge musical que nous avons relevé et du résultat obtenu. On n'a jamais été autant satisfait par la qualité de production. On a été dans le détail sur tout, que ce soit au niveau du chant, des guitares. Frank a été très impliqué dans les finitions, Olivier a enregistré ses parties en six heures. Il est capable de jouer tout l'album en live de la même façon qu'en studio. Il n'y a pas de triggs, pas de machines. Musicalement, on a réussi à relever un vrai challenge. Après les gouts et les couleurs... Les gens apprécieront ou pas. Mais on ne pourra pas dire que c'est faible musicalement car on a été au-delà de beaucoup de choses que l'on avait pas fait auparavant.
MI. Penses-tu avoir attend un niveau supérieur musicalement ?
Yves. Je ne vais pas parler de niveau parce que l'on va me taxer de rentrer dans la polémique. Je ne peux que repérer ce que j'avais dit auparavant, il est impossible de baver sur le niveau technique ou la qualité de musiciens avec qui tu as joué pendant plus d'une trentaine d'années. Ils avaient tous les deux de grandes qualités. Jo est un très grand chanteur, il avait cette étiquette du DIO français. Il a toujours cette qualité lorsque tu la conserve. David est un batteur très typé 80, je dirais old-school mais c'est un très bon batteur dans son style. Aujourd'hui, on est sur autre chose avec d'autres musiciens qui n'ont pas la même approche. Il y a aussi un ressenti différent. On est dans un nouvel univers. En terme de qualité et de niveau, on est dans des sphères très très hautes. Les musiciens vont pouvoir en juger, je suis super content. Après, il n'est pas question de comparer. Le NIGHTMARE d'avant a fait de très bons albums, de très grande qualité. Le nouveau est différent, il a atteint autre chose.
Ajouté : Mardi 30 Mai 2017 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Nightmare Website Hits: 24464
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