THUNDERMOTHER (se) - Fillipa Nässil (Aout-2015)
THUNDERMOTHER débarque en France sans crier gare et risque de faire des étincelles rapidement dans le paysage métallique. Un gang de cinq charmantes donzelles venues de Suède et d'Ecosse ne peut laisser indifférent de prime abord d'autant plus qu'elles savent faire parler la poudre avec une dextérité impressionnante. Les belles pratiquent un Rock'n'roll fortement influencé par AC/DC et MOTORHEAD qui risque de venir rapidement vous titiller les neurones et ne plus jamais vous lâcher. Des refrains imparables et des parties de guitares qu'un certain Angus ne renierait pas. Les bad girls véhiculent avec elles tout l'esprit Rock'n'roll ! Après un premier album Rock'n'Roll Disaster qui annonçait la couleur, les voilà de retour avec Road Fever un opus qui vous scotche le bulbe rachidien en quelques minutes ! Ici, pas de fioriture mais une efficacité redoutable et des refrains qui déambulent à jamais dans les méandres de votre cerveau embrumé. Impossible de ne pas en savoir un peu plus sur ce combo en jupons version cuir qui ne recule devant rien sur scène ! C'est avec Filippa Nässil, guitariste et leader de la formation, que votre serviteur a pu s'entretenir. Interview sympathique avec une guitariste très enthousiaste dont les maîtres-mots sont fête et Rock'n'roll ! Une vraie bouffée d'oxygène dans ce monde aseptisé ou pro tools règne en maître ! Magnéto Filippa, c'est à toi !
Line-up : Clare Cunningham (chant), Fillipa Nässil (guitare), Giorgia Carteri (guitare), Linda Ström (basse), Tilda Stenqvist (batterie)
Discographie : Rock'n'Roll Disater (Album - 2014), Road Fever (Album - 2015)
Metal-Impact. Bonjour, vous venez de participer au Getaway Rock Festival comment était-ce ?
Fillipa Nässil. Oh, c'était incroyable. On a joué en tout dernier le vendredi soir, très tard et il y avait une foule immense, on transpirait beaucoup ainsi que le public. J'étais en admiration car il faisait très chaud.
MI. Vous aimez jouer dans ce genre d'évènement ?!
Fillipa. Oui, on adore participer à un festival. On est cinq filles dans le groupe et on a besoin d'une grande scène car on bouge beaucoup et on court un peu partout, on est totalement dingue !
MI. Tu es un peu comme Angus Young mais en version féminine !
Fillipa. [Rires] ... Oui j'aime bien faire cela.
MI. Que représente AC/DC pour toi ?
Fillipa. C'est mon groupe préféré depuis toujours [Rires] ... C'est difficile d'en trouver un meilleur ! C'est moi qui compose la plupart des morceaux au sein de THUNDERMOTHER et j'ai toujours été très inspiré et influencé par AC/DC. C'est le cas pour Road Fever notre nouvel album mais on a aussi été inspiré par MOTÖRHEAD.
MI. A l'écoute d'un morceau comme "Thunder Machine", on pense immédiatement aux australiens !
Fillipa. Oui, je les adore surtout sur la première période. Les premiers albums en 1976/77 avec Bon Scott au chant. C'est très triste qu'il soit mort, c'est mon idole, il m'a beaucoup inspiré.
MI. Il aimait bien boire, un peu comme vous ! [Rires] ...
Fillipa. [Rires] ... Oui, mais je suis toujours vivante !
MI. Tu joues aussi sur une Gibson SG !
Fillipa. Oui, c'est exact. C'est un modèle qui date de 1961, c'est ma guitare préférée parmi toutes celles que je possède. J'aime toutes mes guitares mais celle-ci c'est vraiment l'amour de ma vie.
MI. Le nom THUNDERMOTHER, c'est aussi un hommage aux boys ?
Fillipa. Non, on essaye de s'éloigner de cette référence car nous ne sommes pas AC/DC, on essaye de progresser, ils sont assez âgés maintenant. Nous ne voulons pas être une copie de nos idoles, on ne serait pas à la hauteur. On veut juste jouer du Rock'n'roll et maintenir cet esprit vivant. C'est pourquoi nous aimons jouer ce type de musique.
MI. Vous êtes la nouvelle génération...
Fillipa. Exactement !
MI. En découvrant l'album, j'ai parfois pensé à GIRLSCHOOL. Est-ce que tu connais ?
Fillipa. Oui, je les connais. Peut-être as-tu pensé à elle parce que ce sont des filles car je ne pense pas que nous pratiquions le même style de musique qu'elles. Elles jouent du Heavy Metal et je trouve que nous sommes plus dans l'esprit Classic Rock.
MI. Pourquoi avoir choisi "Just A Tease" comme premier single ?
Fillipa. Parce que ce titre représente bien le nouveau THUNDERMOTHER, c'est beaucoup plus puissant que sur le premier opus. Ce morceau est très Rock'n'Roll, on a voulu retrouver la puissance d'un "Thundertruck" avec une basse très présente, c'est un très bon morceau pour nous.
MI. Comment s'est déroulée l'écriture de Road Fever ?
Fillipa. On a écrit onze morceaux. On en a enregistré dix parce qu'on voulait que tout soit parfait. J'écris la plupart des titres au sein de THUNDERMOTHER. J'ai un studio dans mon appartement et c'est là que j'enregistre les morceaux. Après, je les fais écouter aux autres filles pour savoir ce qu'elles en pensent et si elles apprécient les chansons. Ensuite, elles travaillent sur les textes car je préfère écrire la musique, je ne suis pas très à l'aise avec les paroles. Et je ne parle pas aussi bien que Clare notre chanteuse qui est anglaise [Rires] ... J'ai de nombreux titres en réserve, j'ai écrit environ trois cents chansons à ce jour, peut être que je les enregistrerai par la suite.
MI. Comment as-tu rencontré Clare et pourquoi avoir jeté ton dévolu sur elle ?
Fillipa. On a toujours eu un problème avec nos chanteuses. On n'est jamais arrivé à en garder une très longtemps. La dernière en date est partie un mois avant notre participation au Metalsound. Je me suis retrouvé seule avec Giorgia Carteri notre autre guitariste et le reste du groupe. Nous étions un peu dépitées. Je me suis dit que c'était le moment de faire les choses bien. La plupart de nos chanteuses venaient de notre entourage. Il nous fallait trouver aussi une amie car c'est bien d'être unis par l'amitié dans un combo. On a appelé Tilda une vieille copine à moi que j'ai connu à l'école et qui est devenu notre batteur. Ensuite, je me suis mise à la recherche d'une chanteuse. Beaucoup d'amies sont venues faire des essais mais je ne les trouvais pas assez bonnes ! [Rires] ... Je suis exigeante car j'ai envie que THUNDERMOTHER devienne un grand groupe qui sillonne le monde entier. Je me suis dit que si je trouvais une de ces chanteuses nous aurions pu faire quelque chose ici en Suède. Mais j'avais envie de plus. Je voyais plus grand et je voulais pouvoir sortir de Suède, je ne trouvais pas ce qui me convenait dans mon pays. Je veux que nous devenions un grand groupe. J'ai commencé à faire des recherches sur YouTube. Je cherchais une bonne chanteuse avec une voix travaillé au whisky, un peu dans le genre AC/DC. Au bout de quelques minutes, je suis tombée sur une chanteuse qui reprenait "Highway To Hell", je l'ai trouvé immédiatement incroyable. Whao ! Je me suis dit : "c'est elle qu'il me faut !". J'ai regardé ou elle habitait et je me suis aperçu qu'elle était anglaise. Le jour suivant, j'ai pu trouver son nom et j'ai constaté qu'elle jouait dans un groupe de reprises qui s'appelait SMOKIN ACES. J'ai appelé leur agent et j'ai demandé à parler à Clare la chanteuse de SMOKIN ACES et la fille au téléphone m'a répondu mais c'est moi Clare. J'organise tout ! [Rires] ... Je suis aussi le manager. Je lui ai expliqué que j'étais la guitariste d'un groupe qui s'appelait THUNDERMOTHER et que nous allions ouvrir pour MOTÖRHEAD dans un mois. Je lui ai demandé si elle aimerait nous rejoindre ! [Rires] ... Elle était très surprise, elle se demandait si je ne travaillais pas pour MOTÖRHEAD [Rires] ... Enfin, elle m'a répondu qu'elle était d'accord et qu'elle allait venir en Suède nous voir.
MI. C'est un plus important d'avoir une chanteuse officiant dans la langue de Shakespeare !
Fillipa. Oui bien sûr, c'est très bien mais c'est très cher. J'ai payé le vol et Clare est arrivée le jour d'avant le Festival. C'était un concert très important pour nous, elle est arrivée à l'aéroport alors que je l'avais jamais rencontrée avant [Rires] ... On s'est retrouvé dans un des couloirs de l'aéroport, elle était très sympa et nous sommes tout de suite partis répéter les morceaux qu'elle ne connaissait pas. Le jour suivant nous ouvrions dans ce grand Festival, c'était très effrayant ! [Rires]
MI. Est-ce que le fait d'avoir donné beaucoup de concerts après la sortie de Rock'n'Roll Disaster a eu une influence sur l'écriture des titres de Road Fever ?
Fillipa. Oui l'album s'appelle Road Fever et ce n'est pas anodin. J'ai travaillé très dur et je n'avais pas un moment de répit pour composer les nouveaux morceaux. Je n'étais jamais à la maison. Lorsque je revenais dans mon appartement, cela sentait le renfermé car je n'étais jamais là. J'ai donc dû composer alors que j'étais en tournée. De ce fait, les titres sont nés sur la route et parle de la vie en tournée et du fait de jouer dans un combo. Je travaillais sur de nouveaux riffs lors des soundschek. J'enregistrais tout ça sur mon téléphone. Toutes les chansons parlent de la vie sur la route.
MI. Comment décrirais-tu THUNDERMOTHER lorsque vous êtes en tournée ?
Fillipa. On est un peu folles mais je crois que je suis la plus dingue ! [Rires] ... On est toutes assez cintrée, on est jeunes et on est de très bonne amies. Ça nous permet de se supporter mutuellement. On s'amuse beaucoup, on en profite. On à pas besoin de prendre de drogues parce qu'on est déjà toutes tarées ! [Rires]
MI. Tu aimes bien jouer avec une bouteille de bière !
Fillipa. [Rires] ... ! Exactement. C'est devenu mon signe de reconnaissance ! [Rires] ... Je le fais aussi avec une bouteille de whisky [Rires] ... En Italie, j'ai même utilisé une bouteille de vin ! [Rires]
MI. As-tu essayé avec une bouteille de Champagne ? [Rires]
Fillipa. Oui, cela serait pas mal aussi. Si tu m'en offre une, je le ferai ! [Rires]
MI. Vous n'avez joué qu'une seule fois en France à Montbéliard. Quel souvenir en gardes-tu ?
Fillipa. J'ai envie de jouer en France, je ne sais pas pourquoi on ne me propose rien. Il faut que tu en parles autour de toi, nous voulons jouer en France. Je veux des dates dans l'hexagone.
MI. Le titre "Deal With The Devil" est un hommage à MOTÖRHEAD ?
Fillipa. Oui, c'est inspiré par le combo à Lemmy. J'adore ce morceau, on pourrait croire qu'elle vient tout droit d'un album de MOTÖRHEAD. Nous avons envie de jouer avec eux. On attend que ça arrive. On est très ami avec Phil Campbell. Il nous a appelés pour nous dire qu'il avait apprécié notre concert. Il essaye de convaincre Lemmy ! [Rires]
MI. Le morceau "The Enemy" parle de vos ennemies ?
Fillipa. [Rires] ... C'est un titre qui parle de ceux qui envient les autres. Il y a beaucoup de formations qui se font la guerre, tu vois ce que je veux dire. Je n'aime pas cela c'est pourquoi j'ai écrit ce morceau. Tu rencontres toujours ce type de personnes au cours de ta vie.
MI. Est-ce que c'est facile d'être une formation féminine dans ce business ?
Fillipa. Dans un sens c'est facile. On a beaucoup d'amis, on a donné cinq cents concerts ce qui fait beaucoup et c'est très bien. D'un autre coté c'est difficile car lorsque que tu es une femme on ne te porte pas la même considération qu'à un homme. Mais on sera mieux respecté l'année prochaine ! [Rires] ... Tout est régi par l'argent dans cette industrie, c'est merdique. Mais on devient chaque jour un peu plus important en tant que groupe. On en veut plus et on touche plus d'argent lorsque nous donnons un concert.
MI. Penses-tu que le milieu a évolué ces dernières années ?
Fillipa. Je ne sais pas. Mais on pense souvent que l'on ne nous aime pas tout simplement parce que nous sommes des filles et c'est énervant car on joue bien. Ils ne savent pas depuis combien de temps nous faisons cela. On a commencé alors que j'avais seize ans et j'ai beaucoup travaillé pour m'améliorer et être une bonne guitariste. Je suis plus rapide que beaucoup d'hommes, ils ne peuvent pas accepter qu'une fille soit meilleure guitariste qu'eux ! [Rires]
MI. "Thunder Machine" traite-t-il du féminisme ?
Fillipa. Non, c'est un titre qui aborde le sujet des tatouages en fait. C'est la machine qui est utilisé pour te tatouer, cette aiguille qui rentre sous ta peau. C'est "Rock'n'Roll Sisterhood" qui traite de ce thème. Nous sommes toutes des féministes dans le groupe mais nous ne sommes pas des militantes. On veut juste jouer du Rock'n'Roll. On veut être reconnu comme un bon groupe même si nous sommes des filles. On aimerait qu'il y ait plus de filles qui jouent ce style de musique. Il y a trop d'hommes dans l'industrie musicale ! [Rires]
MI. As-tu l'impression que la situation a évolué ?
Fillipa. Oui, elle a définitivement progressé notamment en Suède et j'en suis très heureuse. Il y a une forme d'égalité, il y a beaucoup de musiciennes. C'est très bien, je le vois lorsque nous jouons dans des festivals, il y a beaucoup de filles dans le public, il y a une évolution. Quelque part cela peut faire changer l'industrie musicale, il y a aussi des festivals entièrement féminin. Il faut que cela continue que l'on donne plus d'opportunité aux groupes comme nous. Nous travaillons dans ce sens. Si les organisateurs ne connaissent pas de formations féminines, ils n'ont qu'à m'appeler car j'en connais beaucoup.
MI. Vous avez fait appel à un financement participatif pour cet album, penses-tu que c'est l'avenir ?
Fillipa. Oui, il n'y a plus d'argent dans le Rock'n'Roll. Si tu veux gagner de l'argent n'y pense même pas ! [Rires] ... Nous avons besoin de ce système pour continuer car nous n'avons jamais gagné de l'argent avec ce que nous faisons. Notre dernière tournée nous a couté 5000 Euros et c'est nous même qui l'avons financé. Nous avons aussi besoin de dégager du temps pour travailler. C'est difficile car il faut vraiment faire des sacrifices et aimer ce style de vie.
MI. Quelle est la philosophie de THUNDERMOTHER ?
Fillipa. Prendre du plaisir quelques soient les circonstances. Jouer c'est notre moteur. Avant chaque concert, nous nous disons qu'il faut tout oublier et prendre du plaisir. Le jour où l'on ne s'amusera plus alors on arrêtera.
MI. Quelles sont les différences essentielles entre Rock'nRoll Disaster et Road Fever ?
Fillipa. C'est un album plus rapide et plus Rock'n'Roll. C'est notre meilleur opus ! [Rires]
MI. Vous avez fait appel à des fans qui ont participé à plusieurs titres ?
Fillipa. Oui, on l'a fait. Tu es très bien renseigné, je suis impressionnée !
MI. Vous avez enregistré le tout au Hard Rock Café je crois !
Fillipa. Oui, c'est cela. Ils crient sur "Thunder Machine" et "Road Kill".
MI. Comment as-tu vécu cette expérience ?
Fillipa. Oh, on s'est vraiment amusé. Il y avait beaucoup de gens au Hard Rock Café et beaucoup de bruit. On ne pouvait pas enregistrer correctement là où les gens dinent. Alors on a emmené tous les fans dans les toilettes femmes ! [Rires] ... Il y avait trop de monde. Je leur ai dit "un, deux, trois, vous êtes prêts ? Criez Road Kill !" et tout le monde a hurlé.
MI. On doit énormément s'amuser avec vous ?
Fillipa. Oui, c'est toujours la fête. Parfois quand ce n'est plus marrant, c'est que nous sommes fatiguées. Il nous arrive de ne pas dormir ou très peu en tournée. En général, on dort quatre heures par nuit. Après le concert on rentre à l'hôtel, on fait la fête et tout à coup notre manager arrive et nous dit qu'il faut partir maintenant ! [Rires]
MI. Quel souvenir gardes-tu de votre tournée en première partie de Mickael Monroe ?
Fillipa. C'était incroyable. C'est vraiment quelqu'un de très cool ! [Rires]
MI. Pour qui aimerais-tu ouvrir ?
Fillipa. MOTÔRHEAD et AC/DC. J'ai été voir AC/DC sur deux dates, une à Stockholm et une en Finlande. J'ai adoré. Il y a tellement d'énergie positive qui se dégage d'Angus et Brian !
MI. Pour terminer qu'aimerais-tu ajouter ?
Fillipa. Ce qui est important pour nous c'est qu'il faut venir nous découvrir sur scène. On est avant tout un groupe de scène. On a toujours donné beaucoup de concerts et on aime rencontrer notre public. Je parle un peu français ! [Rires] ... (Ndi : en français dans le texte). J'adore Paris et j'espère bientôt venir dans la capitale car je n'y suis jamais allée.
MI. Tu peux nous dire un petit mot en français ?
Fillipa. Ca va être difficile, j'ai étudié le français il y a six ans mais j'ai tout oublié ! [Rires]
MI. Vous repartez bientôt en tournée ?
Fillipa. On en revient. Il faut d'ailleurs que je lave mon linge maintenant ! [Rires] ... Mes vêtements sont vraiment très sales [Rires] ... On a une release party très bientôt à Stockholm, cela va être une fête locale. On repart en tournée en Septembre et on est toutes très excitées.
MI. Merci beaucoup Fillipa !
Fillipa. Merci beaucoup, cela a été un réel plaisir. Merci beaucoup.
Ajouté : Jeudi 07 Janvier 2016 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Thundermother Website Hits: 6380
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