"Ça fait dans la Complication Electrique.
Dans le Rock qui s'ennuie vite.
Ça s'agite.
Ça sait pas trop ce que Ça fout là.
Ecoute Ça."

Dans les 80's, la France découvrait médusée les errances numéraires et synthétiques du duo MATHEMATIQUES MODERNES. Pour l'époque, le choc était frontal, glacial, mais... mathématique. Conscient que "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" selon Lavoisier, des héritiers lyonnais ont décidé un jour de mettre en application la passion numérique de leurs aînés, à défaut d'en calquer l'inspiration musicale.
Ecoute ÇA ? Moi je veux bien, et c'est d'ailleurs ce que j'ai fait.
Vous avez l'air d'avoir une passion pour ce langage universel les gars non ? Pourquoi, parce qu'il est justement universel, ou parce qu'il est logique, implacable et irréfutable ? Et cette manie d'appeler vos albums de chiffres, et vos chansons de numéros, ou l'inverse, c'est histoire encore une fois de chercher la complication? Vous savez quoi ? Je m'en fous, j'ai quand même écouté.

Alors vous vous réclamez de cette théorie/analyse psychologique de Groddeck reprise par Freud ? En gros, vous faites ce que vous voulez donc... Plaisir perso un peu masturbatoire, mais aussi plaisir musical qui fuit la facilité comme un névrosé les regards interrogateurs.
Alors allons y. 3, 7, 8, c'est parti. Oui, 1, 2, 3 ça aurait été trop facile, j'en conviens.

Simplifions l'équation sans la rendre trop aisée. Zappa, le Mathcore, le Jazz, les mesures impaires, les cassures nettes, UZEB aussi pourquoi pas, mais surtout beaucoup de liberté instrumentale puisque vous ne vous êtes même pas préoccupé d'un éventuel chant.
Après un EP (24615, dans le style de 2112 de RUSH, du 90125 de YES ou bien du "742617000027" de SLIPKNOT ? Et si on disait un peu des trois?), les lyonnais reviennent donc, pas calmés du tout avec ce nouveau single/EP pour nous fracasser les oreilles de leur Free Metal, comme si après un voyage dans le temps les DEP avaient participé au premier album de Vaï, Flex-able. Trois morceaux seulement, Mais un bon quart d'heure de musique qui elle aussi se laisser porter par les envies. Et de nos jours, c'est un luxe que peu peuvent se permettre.

- Sans ÇA je serais prof et j'aurais deux enfants et un beau pavillon du côté de Toulouse
- Sans ÇA je saurais skier et sans doute danser et j'aimerais MOBY et peut-être COLDPLAY
- Sans ÇA je serais du côté du monde normal et des gens normaux

La vie "normale" vous dérange tant que ÇA ? On dirait bien. Mais là où j'approuve votre point de vue, c'est que contrairement aux casses burnes qui polluent le genre avec des trucs sans queue ni tête soit disant "sans entraves", vous, vous proposez des choses.
Tiens par exemple, "3". Un peu ballade Post Indie, un peu déchirure Math Jazz, c'est court, concis, mais ça ne fait même pas mal à la tête.
"7", le chiffre le plus gros, et le morceau le plus épais. ÇA aussi ça passe bien, parce que vous ménagez le suspens, entre fulgurances bruitistes et apaisements en arpèges louches, comme si le Jazz avait largué la Java pour fricoter avec la Dream Pop ou le Shoegaze consistant. Mais constamment, vous n'aimez pas le silence et vous le remplissez d'attaques conjointes NOMEANSNO/ZORN, sans le saxophone, mais avec quand même une guitare qui fait des bruits bizarres.

Et puis "8" guilleret, qui force le passage d'un espèce de Jazz Rock fusion dopé au Metal, saccades, syncopes, alternance, Allan Holdsworth qui tape l'incruste chez Frank Z, sous la supervision d'un Pastorius un peu Funky. C'est cool tout ça, et contrairement à ce que vous pensez ça peut s'écouter dans un joli pavillon du côté de Toulouse. ÇA stimulerait même les neurones. Et puis ces arrangements tournoyants gravissimes qui adaptent la coda de "I Want You" de Lennon pour une foire du trône dans le jardin de Les Claypool, c'est plutôt distrayant, quoique légèrement assourdissant.

"ÇA dépend ? ÇA va bien se passer ?"

Vous en doutiez ? Allez lâchez-vous un peu sur un album parce que j'ai vraiment envie d'entendre un truc complet.
Et puis votre 378 là, de temps en temps, ça fait un peu penser au clown affreux inventé par ce tordu de King, qui sort de la douche en forme d'araignée et qui fait coucou du fond d'une bouche d'égout... Comme il s'appelait déjà ? Merde, j'ai oublié.

Oh et puis lecteurs, écoutez et c'est tout. Parce qu'après, vous ne penserez plus qu'à ÇA. Et puis vous vous voyez vraiment écouter MOBY ou COLDPLAY ?