TUER (ch) - Ivresse & Enfer (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 25 septembre 2015
Pays : Suisse
Genre : Crust Grind
Type : EP
Playtime : 9 Titres - 12 Mins
La Suisse, son paradis fiscal, ses banques, ses paysages enneigés, c'est la tranquillité assurée, le pays où l'on croise quelques mois dans l'année des stars en mal d'économies et d'exil financier. Etre pauvre là bas vous garantit une existence plus ou moins pénible, mais de toute façon, si vous l'êtes, vous n'avez rien à faire là bas.
A mois que justement, vous aimiez ça, et que vous utilisiez le mauvais sort comme vecteur d'expression extrême...
Ce qui semble être le cas de nos chers voisins de TUER, au patronyme si direct et sans finesse. Tuer, d'accord, mais qui ? Tout le monde ? Les riches ? Les puissants ? Le temps ?
Le saura on un jour, telle est la question. Mais niveau adéquation musique/patronyme, ces musiciens de Fribourg ont atteint une sorte d'apogée dans la corrélation.
Comme d'habitude, peu d'info. Un Bandcamp avec une unique entrée (celle de cet EP), une page Facebook assez sobre, où l'on apprend quand même que cette sortie est disponible en vinyle gravé sur une seule face, sous une très belle pochette.
D'après les photos, les TUER sont quatre, trois bruns hirsutes et poilus, et une jolie blonde plutôt souriante. D'ailleurs, cette dernière donne de la voix, et la dualité masculin/féminin sur le chant est assez troublante, car on ne sait jamais qui hurle quoi. Mais est ce vraiment important du moment que ça beugle ?
Et puis en douze minutes, on a pas le temps de tergiverser, surtout lorsqu'on verse allégrement dans le Crust Grind le plus torride, ce qui est le cas de ce groupe définitivement sympathique. Tiens pour info, ils "vernissaient" leur LP il y quelques jours en partenariat avec la boutique NOIR TATTOO, et pour l'occasion vous pouviez vous procurer un des trois cents vinyles numérotés à la main pour l'occasion. Dommage, j'ai manqué ça, mais je ne manquerai pas de souligner la haute teneur en violence & haine de ce premier effort.
Avec TUER, pas de surprise. Le Crust et le Grind sont abordés de front, avec la plus grande vigueur. Je pourrais citer pléthore de références pour les situer, sachez juste qu'ils font partie de la catégorie "no compromise", et qu'ils foncent à toute allure vers le mur, avec la ferme intention de le défoncer. Alors entre les hurlements porcins, mais pas trop aigus, hystériques juste ce qu'il faut, la rythmique qui déboule tous freins lâchés, et les guitares qui décochent des riffs simples mais accrocheurs, ce premier EP est d'une haute teneur en agression pure et dure, et se déguste comme un parpaing qu'on jette du toit d'un immeuble sur une vieille télé.
Neuf morceaux, dont cinq qui n'ont pas de titre (ou presque, comme des chapitres), et une furie qui laisse relativement admiratif. Les TUER se sont jetés à corps perdus dans l'aventure bruitiste, et avec les sourires qu'ils affichent en permanence sur leurs photos, on imagine qu'ils ont adoré ça. Soulignons d'emblée une production parfaite, large, profonde mais suffisamment rêche pour ne pas trahir le genre, et qui met brillamment en avant des compositions franches qui ne demandent qu'à faire du bruit jusqu'à la fin de la nuit.
Tout ceci sonne délicieusement analogique, respire malgré la moiteur étouffante, et lâche toute son énergie (du désespoir ou pas) dans la bataille livrée contre l'harmonie et la douceur de vivre. Bien que les textes soient difficilement compréhensibles, on devine une bonne couche de calembours sous leurs dénominations, à l'instar du paillard "Odyssée Ethylique", ou même du pas forcément très sincère "Repentir", car je vois mal les quatre olibrius se repentir de quoi que ce soit.
Non, ils assument jusqu'au bout leur passion pour la fureur, le boucan et le Grind, et en produisent d'ailleurs une cuvée particulièrement dense, qui reste en bouche, et surtout dans les oreilles, des heures après écoute.
Alors pas grand chose de plus à préciser, si ce n'est que même en format "long" ("Essai I" avec ses deux minutes fait quand même figure de compo épique...), les suisses alternent les plans avec bonheur, et qu'en moins d'un quart d'heure, on a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Pour l'amour de la précision, notons une entame étrangement lourde et Indus sur "IV", dominée par une basse grave et parcimonieuse.
Les passages Grind sont les plus nombreux, réguliers, véhéments, mais les quelques touches Crust de l'ensemble font preuve d'une vraie puissance de feu, et le tout est tellement exubérant et enthousiaste qu'on se retrouve pris dans la tornade sans rien pouvoir y faire.
Bien joué les TUER, et réservez moi une place à votre prochain concert. J'ai justement un torticolis que j'aimerais soigner à la dure, et vous êtes parfait pour ce genre de thérapie.
Ajouté : Mardi 05 Avril 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Tuer Website Hits: 6078
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