BLACKRAIN (FRA) - Released (2016)
Label : UDR Music
Sortie du Scud : 25 mars 2016
Pays : France
Genre : Sleaze
Type : Album
Playtime : 15 Titres - 56 Mins
Ça fait combien de temps déjà ? Huit ans ? Déjà ? Oui, huit années que je suis les frenchies branchés de BLACKRAIN, depuis ma première chronique de Licence To Thrill en 2008. J'avais à l'époque découvert un groupe bien de chez nous qui aurait pu venir des USA, sans que je n'y trouve à redire. Leur professionnalisme m'avait frappé, tout comme leur don pour composer des hymnes Sleaze de poche, avec une morgue et une assurance qui faisait défaut à bon nombre de groupes établis, pourtant reconnus...
Mais depuis, le temps a fait son affaire, et n'a justement rien changé à la leur.
Ils ont vieilli, sont passés par toutes les situations, foireuses comme glorieuses, on les a vus à la télé, on les a entendus sur le net, ils ont signé avec une major avec It Rains, alors qu'ils prouvaient qu'ils se débrouillaient très bien tous seuls, ils ont fait produire leur album par le grand Jack Douglas, et puis...
Et puis, ils ont ressenti le besoin de se recentrer. De casser les codes, certaines chaînes, et de faire le point. Alors bye les redevances, et bonjour le crowdfunding via PledgeMusic, pour financer l'enregistrement d'un cinquième album, en toute "indépendance".
Mais ne vous inquiétez pas fans, si vous avez filé vos thunes pour que Released voie le jour, alors vous avez sans doute fait le meilleur choix possible.
Parce que dans le style, les BLACKRAIN sont toujours les meilleurs, et de loin.
Dans les années 80, lorsqu'un groupe français passait le cap des trois albums, c'était une victoire en soi. Mais je n'ai pas le souvenir d'un seul combo influencé US/Glam/Sleaze qui ait réussi à passer la barre du second effort. Vous imaginez l'exploit de ces quatre lascars ?
Mais tout ça n'a rien d'étonnant. Puisque leur musique est arrivé à maturation il y a très longtemps, et que ces mecs jouent comme ils vivent, à fond, mais avec un sens aigu des responsabilités.
Alors depuis It Begins, quoi ?
Toujours Jack Douglas à la console de ce Released, qui les a libérés certes, mais qui ne les a pas détachés de leurs obligations envers eux-mêmes, ou nous. On y retrouve tout ce qui a fait la personnalité de ces trublions de la mélodie, de ces champions du tube made in California, et une fois encore, nous avons droit à une cascade de Jack Daniels et de soda gratos, sous la forme d'une quinzaine de morceaux on the rocks, évidemment. Visiblement, ils se sont beaucoup amusés cette fois ci, peut-être parce qu'ils se sentaient plus légers, parce qu'on les attendait moins au tournant. Tiens, prenez ce "Run Tiger Run", qui braque les percus de "Sympathy For The Devil" en intro, avant de se la jouer Rock West Coast US/AOR Pop des 80's, un peu dans le même style que les LOCAL BAND scandinaves. Oui, OK, mais nos frenchies eux ne retrouvent pas ce feeling en se la jouant facile avec des covers, ils le font avec un titre bien à eux, dont le refrain se reprend à tue-tête, le même que votre grande sœur aurait hurlé dans sa chambre aux alentours de 85, si vous étiez né de l'autre côté de l'Atlantique. Putain, bien joué les mecs, vous m'avez eu là.
Mais des petites surprises comme ça, les BLACK en ont plein leur musette. Décorée comme d'habitude des écussons GUNS, MÖTLEY, POISON, CHEAP TRICK, AC/DC... Tiens, justement, ce riff sur "Puppet On A String", ça sent pas les frères Young ça ? Repris par les POODLES par exemple, ou les SWEET, il y a quelques années...
Et puis ce synthé de foire sur "Eat You Alive", ça sniffe dru le COOPER des grandes années, avant de dégénérer en party pour laquelle les plus grosses touffes des nuits de L.A ont été invitées. Vous voulez un peu de Pop dans votre Rock ? "Killing Me" vous la servira à grosse goulées, en la saupoudrant d'une énorme double grosse caisse qui la rendra plus épicée, un peu comme si Laura BRANIGAN avait fricoté avec JUDAS PRIEST durant ses heures chômées...
Même la power ballad de rigueur qui pourrait taper dans le répertoire des SKIDROW ("For Your Love", reprise des YARDBIRDS en fait, tellement éloignée de l'originale qu'elle pourrait en être un) se permet parfois de déborder sur un refrain up tempo qui fait le ménage par le haut. Max y chante d'ailleurs mieux que jamais, sans se départir de son emprunte vocale si caractéristique... Et si celle-ci finit par exploser autour d'un riff énorme, les arrangements de basse sont tellement louvoyants qu'on en a le tournis...
Quoi, attendez... Vous les pensez calmés ? Rangés ? Les bouteilles bien planquées pour que les gosses ne puissent pas les trouver ?
Alors c'est que vous n'êtes pas encore allés débusquer le hit fatal, celui qui vous serre le futal en la pire des occasions, lors d'une oraison... Celle des RAIN se déroule sous un soleil de plomb, lorsque la mise en terre dégénère, et se transforme en démise en bière... "Rock My Funeral" ? Avec un truc pareil, on n'est pas prêt de les enterrer ces fossoyeurs de déprime bon marché... Et le pire, c'est que ces enfoirés ont le culot de la faire suivre de près par une des audaces les plus corny de leur carrière... "One Last Prayer", vous êtes sérieux messieurs ? Le cabaret ? David Lee Roth et Liberace ? Non là, vous déconnez... Mais pas du tout, et en plus, ces chœurs de fin de soirée, angéliques et narquois à souhait, ça marche somme jamais... Un refrain que nos voisins qualifieraient d'anthemic, des envolées lyriques... Quel humour, c'est pas vrai...
Entre tout ça et le reste, on en oublierait presque que les RAIN sont toujours les rois d'un Sleaze Rock que personne ne joue comme eux. Le single choisi, et illustré d'une vidéo d'ailleurs, "Back in Town", c'est un double aveu, bien que les quatre ne soient jamais vraiment partis... Ils reviennent c'est clair, les guitares affutées et la production claire, mais cette basse qui grogne comme celle des TEA PARTY en intro, ça ronronne ça...
Le lick d'intro de "Mind Control", vous pensez sincèrement qu'on ne se doute pas à qui vous l'avez piqué, en loucedé ? Je sais bien qu'Angus a viré Brian, mais Max, tu n'es pas sérieux...
Alors en fin de compte ?
En fin de compte les détracteurs détracteront, les fans s'agiteront, comme d'habitude et les RAIN s'en cognent. Ils sont devenus depuis longtemps une référence dans leur catégorie, et Released les place un peu plus haut sur ce piédestal qu'ils n'ont jamais désiré...
PledgeMusic ou major, l'attitude des BLACKRAIN n'a pas changé. Alors de quoi sont-ils libérés ? De trop grandes attentes qu'ils n'ont pas déclenchées ?
C'est une possibilité. Mais surtout, d'une identité qui ne serait pas leur. Pour le pire, mais surtout le meilleur.
Ajouté : Samedi 26 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Blackrain Website Hits: 6124
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