THE LUMBERJACK FEEDBACK (FRA) - Blackened Vision (2016)
Label : Kaotoxin Records
Sortie du Scud : 15 janvier 2016
Pays : France
Genre : Doom / Post Rock
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 43 Mins
"When most of today's "Doom" bands are just poorly sounding copies of copies of copies, most probably because sounding shit seems like the only way to sound "old-school" nowadays, the gear fanatics and production fetishists THE LUMBERJACK FEEDBACK stand out with taking the complete opposite way with a cristal clear recording" (alors que la plupart des groupes de Doom actuel sont juste des copies de copies de copies au son médiocre, certainement parce que sonner comme de la merde est le seul moyen de sonner old-school aujourd'hui, les techniciens obsessionnels et fétichistes de la production THE LUMBERJACK FEEDBACK se font remarquer en prenant une voie totalement opposée avec un enregistrement aussi pur que du cristal) (extrait du dossier de presse du projet).
Oh bah c'est pas très sympa pour les autres ça. Est-ce vraiment un bon moyen de se différencier que de basher les petits copains ? Et puis peut-on affirmer que tous les groupes de Doom jouent dans la catégorie son crasseux pour faire vintage ? Ce serait admettre que le Doom ne peut exister qu'en écho des formations qui lui ont ouvert la voie dans les années 70, non ? C'est pourtant une toute autre démarche qu'adoptent les lillois de THE LUMBERJACK FEEDBACK, avec un album servi par une production scientifique et chirurgicale et proposant une musique à la croisée du Metal Progressif, du Post Rock et du Doom. Et c'est dans cette dernière case que le gang se range le plus volontiers, même si c'est pour mieux en faire péter les murs.
Blackened Vision, le debut album du combo lillois a mis du temps à sortir de terre. Huit ans très exactement. Huit ans depuis la formation du groupe, en 2008, par Sébastien Tarridec (Basse), Nicolas Tarridec (Batterie), Olivier T'Servrancx (Batterie), Boumt Hersina (Guitare) Arnaud Silvert (Guitare). Huit ans de travail, de concerts, de premières parties, de rencontres. Quelques changements de line-up et trois EP dont un magistral enregistrement live capté dans une église (Noise in the Church, en 2014). Et voila enfin la récompense de tout ce travail, un debut album d'une cohérence remarquable. Un gros travail de production, certes, mais aussi de narration. Car cet album raconte vraiment une histoire, et on remercie la formation de nous proposer beaucoup plus qu'un album instrumental. Car oui, la particularité de THE LUMBERJACK FEEDBACK c'est de jouer du Doom instrumental. Et qui dit instrumental dit pas de chanteur, donc pas de voix pour raconter l'histoire. Tout le travail narratif repose sur les compos essentiellement collectives. Car le groupe évite de tomber dans le piège Prog par excellence : le concours de branlette de manches et de soli en folie. C'est tout le contraire avec THE LUMBERJACK FEEDBACK, la musique est un résultat collectif qui joue sur les complémentarités, les oppositions et les duels. Et pour ajouter un peu de corps au propos, les bûcherons lillois ont un atout de poids : ils se payent deux batteurs.
J'imagine comme ça doit être difficile de devoir justifier en permanence ce choix rythmique culotté. Convaincre les exploitants de salle qui pensent que leur scène sera trop petite, répondre aux interviews qui demandent systématiquement "pourquoi deux batteurs", séduire un public qui ne voit pas forcément l'intérêt de ce mur de bruit, car à moins de le savoir ou d'être soi-même un batteur, il est parfois difficile de détricoter la partition croisée interprétée par Nicolas Tarridec et Virgile Chaize. Oh bien sûr, quand l'un des musiciens massacre ses fûts tandis que l'autre dessine des motifs cristallins sur le bord de caisse, on se doute de quelque chose. Pour ma part, même en le sachant, je n'arrive pas à détourer précisément les deux batteries, mais tant qu'on se contente d'écouter l'opus au casque, cette préoccupation est, ma foi, assez théorique, car seul compte le résultat final. Et pour ce qui est du résultat final, il est d'excellente facture. Avec un mur rythmique doublé, les compos ont de la puissance à revendre, et bien sûr, la rythmique a une place au moins aussi importante que les guitares. Ce n'est pas juste un mur de bruit sur lequel les gratteux tissent leur partition mais bien une progression ensembliste et concertée qui élève la musique vers des petites apothéoses. Tout cela est très écrit, très chirurgical aussi, ciselé. Et pourtant, ce gros travail sur l'écriture et la production ne se fait pas au détriment de la chaleur, de la spontanéité de la musique. THE LUMBERJACK FEEDBACK sonne clair et organique. C'est une instrumentation naturelle, on ne triche pas avec le son, on n'ajoute pas d'éléments extérieurs, on ne noie pas les compos sous le reverb, on n'abuse pas de la disto. Rien ne vient casser la dynamique développée par le quintet, ce qui promet du live aussi fidèle que possible au disque. Un peu froid et mathématique, certes, mais d'une sincérité à toute épreuve.
En un mot, un bon disque dans son genre. Pas forcément le projet Doom qui plaira aux amateurs de son crasseux, mais une musique contemplative qui sait jouer sur les contrastes et les progressions narratives. Le trip tout instrumental peut rebuter certains auditeurs, mais il serait dommage de s'arrêter à cet aspect de leur travail. Blackened Vision n'est pas une version instrumentale de ce qui aurait pu être un bon album s'ils avaient eu un chanteur, c'est un album remarquable en soi.
Ajouté : Mercredi 02 Mars 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: The Lumberjack Feedback Website Hits: 5912
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