AD HOMINEM (FRA) - Antitheist (2015)
Label : Osmose Productions
Sortie du Scud : 26 juin 2015
Pays : France
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 53 Mins
Les musiciens de Black seraient-ils donc de gros fainéants ? Ou à l'approche de 2010, beaucoup seraient-ils tombé en léthargie, au point d'hiberner pendant quelques années ? Ou souhaitaient-ils simplement se faire oublier, ce qui dans le cas de la musique de nos jours est un pari plus que dangereux ?
Car après les légendaires DIABOLICUM et leur pause de 14 années, ou encore ONE MASTER qui s'était tût en 2009, voici le retour en 2015 d'un autre de nos fils prodigue, le ténébreux et controversé Kaiser Wodhanaz...
Parti en Italie il y a quelques années, le Lyonnais n'avait plus donné de nouvelles lui non plus depuis six ans, au point qu'on se demandait s'il avait encore l'intention de dire quelque chose...
Avant d'aller plus loin et que les critiques assassines ne fusent, je tiens à préciser que l'homme semble s'être calmé sur de nombreux points de discorde, notamment les plus... discutables. Je suppose que personne n'ayant oublié les croix de fer, et autres symboles de nostalgie du troisième Reich, ni même des albums comme A New Race...For A New World, il convenait d'apporter cette précision avant d'aborder le cas de la musique, en l'occurrence le cinquième LP de son projet AD HOMINEM, Antitheist.
Est ce la signature avec les respectables Osmose Productions qui ont poussé l'homme à mettre du Rousseau dans son Nietzsche ? Sans non plus le prendre pour un chantre de l'empathie, ce qu'il n'est assurément pas, Antitheist fait profil bas, et se contente sur sa couverture d'arborer les trois livres saints en feu... Cette modération ne ressemble pas vraiment aux accointances douteuses du bonhomme, mais la transformation n'a pas touché que l'imagerie de son groupe, car l'impétueux musicien a aussi légèrement modulé son Black martial, et si comme moi vous en étiez resté au grandiloquent et martial Dictator, la surprise va être grande...
J'utilisais l'exemple de DIABOLICUM en préambule, mais la comparaison n'était pas innocente... Car si les suédois sur leur dernier effort avaient laissé de côté la grandiloquence Indus de leur musique, Kaiser en a fait de même avec ses impulsions martiales, injectant une bonne dose de Thrash N'Roll dans son Black. Le syndrome DARKTHRONE ? Quelque part oui, quoique Antitheist rappelle plutôt les albums en solo de Quorthon, et leurs riffs diablement Rock. Et cette mutation est patente dès l'intro (sobre) passée, puisque le maître dispense immédiatement un "Go Ebola!" furieux et au fond bien Core, sans aucun ménagement. Au delà de la teneur hautement philosophique de ses textes, que je ne jugerai pas en ces lignes (sinon, il y aurait de quoi rire entre "Impaled Muhammad", "Anus of Yahweh", ou "Glory Hole Jesus"), la trame de fond a complètement changé depuis 2009, et il serait difficile à Lucifer d'y reconnaître sa descendance.
Mais ce choix est-il pour autant le mauvais ? Pas vraiment, même s'il convient d'apporter quelques nuances à la réponse. D'une part, l'album est long, presque une heure. Et avec cette option, Wodhanaz restreint de lui même ses possibilités et tombe parfois dans la redite, spécialement lorsque ses riffs ne sont pas des plus inspirés. Ce qui, heureusement, est un phénomène assez rare. On pense parfois au vieux BATHORY, celui de Under The Sign Of The Black Mark, qui était à cheval entre les mutilations typiquement Black et les longues errances plus atmosphériques qui allaient suivre ("Glory Hole Jesus").
L'ancien AD HOMINEM pointe par soubresauts le bout de ses cornes, et lâche quelques psaumes à ses fans les plus dévoués, qui se jetteront d'emblée sur les sept minutes et des poussières de "Before You Turn Blue", qui rappelle un tant soit peu son travail antérieur, avec son ambiance lourde et poisseuse, et sa construction progressive (sans oublier ses percussions martiales).
Mais loin de moi l'idée de jeter la pierre à Antitheist. La plupart des morceaux fonctionnent, car l'homme sait tricoter des riffs toujours aussi Dark, même si ceux ci se montrent plus volontiers sous un jour joyeux. C'est parfois assez déstabilisant, comme sur le très sautillant "Death & Cunt", le titre le plus "aéré" de l'ensemble, qui semble se réjouir d'une rythmique paillarde et d'un chant très fédérateur. Même cas de figure, à peu de choses près pour une grande partie de "Compulsive Extermination", bien que les blasts triggés à mort rétablissent légèrement l'équilibre.
La production standard et claire n'aide pas le musicien à assombrir ses desseins, et se montre même d'une platitude anonyme qui ne le sert guère. Alors certes, le son est gros, clair, et convient à la direction choisie, mais on est loin des glaviots d'antan qui effrayaient les grenouilles de bénitier. Sauf lorsque la misanthropie musicale retrouve sa légitimité, comme sur ce fastueux et nihiliste "The Anger Syndrome", qui retrouve les bases Black "de tradition", et cavale à une bonne vitesse de haine.
Antitheist n'est donc par définition pas un mauvais disque. Les trois quarts de l'album tournent à plein régime, et Kaiser a suffisamment de métier pour maintenir notre attention éveillée. Mais après les avancées de certaines étapes de sa discographie, après toute la haine et la bile déversées, il se montre disons un peu timoré et osons le, classique dans sa démarche.
Sans aller jusqu'à citer Planete Zog, que certains se plaisent toujours à nous caser à chaque nouvelle sortie, ce cinquième album déçoit par sa "normalité", alors que nous étions en droit d'attendre le comeback le plus misanthropique de tous les temps, poussant encore plus loin le champignon Dictator, qui en avait traumatisé plus d'un.
Mais c'est ainsi, et ce Black N'Roll est loin d'être désagréable, comme ne l'étaient pas plus les derniers efforts de DARKTHRONE... Sauf que l'on préfèrera toujours Panzerfaust ou Under a Funeral Moon à F.O.A.D...
Ajouté : Samedi 19 Décembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Ad Hominem Website Hits: 6750
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