BON JOVI (usa) - David Bryan (Juin-2010)
Pas facile d’interviewer un groupe qui roule sa bosse depuis plus de 25 ans sur les scènes du monde entier, qui plus est lorsque c’est un groupe majeur ayant vendu plus de 100 millions de disques…On reste très impressionné, on a l’impression que ses questions sont nulles, et autres délires d’apprenti journaliste pas encore très rôdé au métier ! Mais un David Bryan très détendu et affable a vite eu raison de mes craintes, et les vingt minutes de discussion qui s’en suivirent furent plus qu’agréables ! Même si on sent le professionnalisme de l’homme en promo derrière un discours de musicien gâté par la nature, on ne peut s’empêcher de boire ses paroles et de se dire qu’il y a quelques années encore, on se contentait d’écouter sa musique sans rêver le moins du monde le rencontrer un jour. Alors vous trouverez ci-dessous quelques éclaircissements sur le nouvel album de BON JOVI, The Circle, les vues de Mr BRYAN sur le biz’, le net, sa musique, celle de son groupe, ou plus simplement sur notre époque…Dur après ça de le considérer encore comme « a little runaway »…
Line-up : Jon Bon Jovi (Chant, Guitare), Richie Sambora (Guitare, Choeurs), David Bryan (Clavier), Tico Torres (Batterie)
Discographie : Bon Jovi (Polygram, 1984); 7800° Farenheit (Polygram, 1985); Slippery When Wet (Mercury Records, 1986); New Jersey (Mercury Records, 1988); Keep The Faith (Mercury Records, 1992); Crossroads (Mercury Records, 1994); These Days (Mercury Records, 1995); Crush (Island Records / Mercury Records, 2000); One Wild Night (Mercury Records, 2001); Bounce (Island Records / Mercury Records, 2002); This Left Feels Right Right: Greatest Hits... With A Twist (Universal Records, 2003); 100,000,000 Bon Jovi Fans Can't Be Wrong (Island Records / Mercury Records, 2004); Have A Nice Day (Universal Records, 2005); Lost Highway (Universal Records, 2007); The Circle (Universal Records, 2009)
Metal-Impact. Tout d’abord, bonjour David, c’est un plaisir de te voir, ici à Paris. Parlons maintenant de votre dernier album, «The Circle», peux tu nous parler de son enregistrement et de la manière dont il a été composé ?
David Bryan. Il a été composé comme chaque album, on entre tous en studio, il en sort une esquisse, qui évolue à chaque étape d’écoute, à cause du groupe, du producteur, et avec un peu de chance tu sors avec un nouveau bébé à montrer au monde.
MI. De quoi s’inspire t’on pour composer un album comme celui-ci après plus de 25 ans de carrière ?
David. Richard et moi sommes les principaux compositeurs de cet album, vous savez, la vie n’est jamais la même, donc si vous gardez vos yeux ouverts, elle est là. Pour vous donner un exemple, «The Circle», est un cercle sans fin qui nous fait exister toujours en tant que groupe, mais qui reflète aussi ce que les gens pensent. Nous vivons cette crise qui a touché les USA et le reste du monde, c’est une «régénération», une génération du moi, égoïste, et cet album est donc un échantillon de ce monde.
MI. Tu veux dire que le monde actuel est égoïste ?
David. Il l’est depuis toujours, mais ça s’est accentué depuis quelques temps, dès que tu vis une histoire particulière et que tu deviens un peu rêveur, le monde te remet à ta place, on est humains…
MI. Quel est le thème principal de cet album et pourquoi avoir choisi «The Circle» comme titre, est-ce une référence directe à la famille et à l’amitié ?
David. Tout à fait, oui, et comme on est toujours des optimistes ultimes, ça montre que malgré tout il y’a toujours de l’espoir.
MI. Cet album a l’air plus introspectif que les autres, était-ce voulu ?
David. Je pense que n’importe quel album est le reflet de ce que tu ressens, musicalement parlant. On prend toujours des directions différentes, il y a 12 chansons sur l’album, qui durent 3 minutes chacune, chacun de nous raconte un voyage plus long ou plus court, on essaie de l’étirer le plus possible. Notre dernier album, «Lost Highway», est peut être le plus expérimental, avec un côté country, et dit ce qu’il veut…Il ne faut jamais rien forcer, sinon personne ne comprend la signification d’une chanson…
MI. Vous avez à nouveau travaillé avec John Shanks à nouveau, pourquoi ?
David. Oui, c’est un gros maillon de cet album, et s’il casse personne ne peut le réparer. C’est un producteur et un collaborateur précieux, peut-être pas comme George Martin, mais un peu quand même comme le 6ème élément du groupe. Il fait un travail de qualité, mais on ne sait jamais, les choses pourraient changer, mais pour l’instant ça marche du tonnerre, donc…
MI. Allez-vous continuer à travailler avec lui sur le prochain album ?
David. Ca je n’en sais rien, si j’avais une boule de cristal je pourrais te le dire, ça serait génial, mais non !
MI. En tant que musicien du groupe, quel est ton rôle dans le processus de composition ?
David. Dans ce groupe, les autres écrivent, et moi j’apporte « ma patte » ensuite au niveau des structures et des arrangements de clavier, comme on fait plein de choses différentes chacun de notre côté, on travaille sur des projets différents, par exemple je reviens juste de NY avec 3 Tony Awards pour la meilleure comédie musicale de Broadway. Et quand on se retrouve pour travailler, ça apporte des éléments extérieurs frais car nous avons acquis une nouvelle expérience. Quand on est ensemble, on est meilleurs que nous-mêmes chacun de notre côté.
MI. Est-ce que BON JOVI est toujours votre priorité ou est ce plutôt votre propre carrière solo ? Ou les deux peut-être ?
David. Oui, les deux, ça faisait 8 ans que je n’avais rien fait avec Bon Jovi, j’adore les 2, je m’amuse, tu sais, je joue du piano depuis que j’ai 7 ans, je suis un artiste, la plupart des gens commencent la guitare à 16 ans, je jouais déjà depuis 9 ans, il n’y a rien de mieux que de monter sur scène. Je suis avec John depuis que j’ai 16 ans, ça fait 32 ans, c’est génial! Incroyable aussi…
MI. Si on revient en 1983, auriez-vous pu penser que vous seriez toujours là plus de 20 ans après à jouer devant un énorme public ?
David. Je l’espérais, mais c’est formidable quand ça arrive. Tu sais, Jon était le meilleur chanteur que je connaisse, Richie était le meilleur guitariste, Tico était le meilleur batteur, et donc dès qu’on a travaillé ensemble, on est allé chez Jazz records et on a ramené toutes les influences diverses que chacun d’entre nous avait après avoir joué avec d’autres artistes et dans d’autres groupes. Et là ça a été génial, c’était comme magique, et à chaque fois qu’on joue encore y’a quelque chose en plus qui se greffe à tout ça.
MI. Vous avez senti dès le départ que vous étiez faits pour jouer ensemble ?
David. Oh oui !
MI. Et vous le pensez toujours ?
David. Oui, il est trop tard pour quitter le groupe maintenant de toute façon…On se soutient mutuellement, là je revient juste de NY, j’y ai joué dimanche, j’ai donc raté le concert de Londres, c’est le premier concert de Bon Jovi que je rate de toute ma vie! Et malgré ça, ils m’ont tous soutenu !
MI. Tu vas donc nous dire pourquoi tu as raté ce concert, je sais que tu as remporté 4 Tony Awards pour «MEMPHIS», la comédie musicale que tu as écrite ?
David. J’ai écrit le script en 2001, il m’a fallu 8 ans pour le monter à Broadway, c’est au sujet de la naissance du R&R, c’est un sujet que je maîtrise un peu, mais en écrivant cette comédie musicale, je me suis rendu compte que j’ai appris beaucoup plus de choses que je n’en savais déjà…C’est une histoire d’amour interraciale, ce qui était illégal en 1950 aux USA, un homme ou une femme noirs ne pouvaient pas se marier avec un blanc, ce qui est fou et fait réfléchir…Et donc aussi la naissance du R&R, cette musique qui a poussé au changement. Vous savez le R&R vient des afro-américains, ils ont été volés au continent africain et transformés en esclaves. Ils ont écrits des chansons, qui sont devenus des gospels, et en 1945, les gens sont sortis dans la rue et c’est devenu le R&R, on dansait la nuit entière, et tout le monde chantait, puis un homme blanc a commencé à chanter ces chansons, les Djs ont commencé à passer les morceaux, même les radios subissaient la ségrégation, les radio blanches avaient l’avantage, vous ne pouvez pas vous imaginer ce que ça voulait dire à l’époque, ce que les gens ressentaient quand ils entendaient du R&R à la radio, c’était la liberté! Comme une balle de foin, quand elle commence à rouler du haut de la montagne, elle ne s’arrête jamais…
MI. BON JOVI a gagné beaucoup de prix au long de sa carrière, est-ce important pour toi d’être reconnu comme musicien solo ?
David. Je pense que pour nous les récompenses sont importantes, c’est super, parce qu’elles viennent des critiques musicaux, de musiciens comme nous, d’autres personnes aussi, et pour nous Bon Jovi, on monte sur scène et ce depuis 27 ans maintenant, il y a un public de tout âge, et c’est génial parce que notre musique touche toutes les générations. Mais ça c’est la vraie récompense, il y a le trophée et la vraie récompense.
MI. Est-ce dur parfois d’être motivé après 25 ans de carrière ?
David. Non, c’est facile, je pense que la vie est difficile parfois, mais la musique, c’est facile. Tu sais c’est comme si t‘étais toujours un môme, regarde quand tu vois un concert des ROLLING STONES, c’est comme s’ils avaient toujours 16 ans, quand t’es sur scène, t’as 16 ans, t’es juste un môme quand tu joues de la musique, c’est géant!
MI. Est-ce un de vos rêves d’être toujours sur scène à 60/70 ans ?
David. Oui, enfin notre jauge ce sont les ROLLING STONES, on verra bien jusqu’à quand ils vont tenir!
MI. Quel regard portes tu sur vos anciens albums et lequel préfères tu, lequel est celui que tu aimes le moins et lequel est celui qui est le plus sous estimé ?
David. Je crois que tes albums sont comme tes enfants, tu ne peux pas dire lequel tu aimes le plus ou le moins. Celui que tu viens de faire est celui qui représente le mieux ce que tu es en ce moment, tu as donné le meilleur de toi et voilà ce qui en ressort. C’est dur de donner un avis quand tu es seul, mais je pense qu’ils sont tous les meilleurs que nous ayons pu faire au moment où on les a fait.
MI. Même pas une petite préférence ?
David. Tu sais tout le monde a son mot à dire là-dessus, c’est bizarre parce que nous n’avons pas l’impression d’avoir fait quelque chose de différent, c’est juste le monde qui nous a regardé différemment et on est toujours là. On est un peu comme une équipe de sport, avant de monter sur scène, on se rassemble et nous mettons nos mains sur les épaules de chacun et on se dit «Allons botter des fesses !» et c’est-ce qu’on fait, et c’est génial. C’est un vrai don. C’est le don qu’on m’a donné, mon père était trompettiste de jazz, et il m’a appris a jouer de la trompette, et j’ai appris le piano, le meilleur don qu’on puisse recevoir est l’art de jouer de la musique, on a de la chance!
MI. Parlons technologie, quel est ton avis sur Internet en général en tant que média et que penses-tu du téléchargement gratuit de musique en tant que musicien ?
David. Tu sais le monde évolue, en 1980, il n’y avait ni téléphones portables, ni CD, le seul ordinateur qui existait était un Macintosh et c’est tout. Et ce sont les maisons de disques qui ont créé cela, elles ne doivent s’en prendre qu’à elles-mêmes. Les gens ne savent pas que d’enregistrer un disque coûte énormément d’argent, et encore autant aux maisons de disques pour le promouvoir. On bien vendu notre premier disque, le 2ème, on était disque d’or, le 3ème, on était platine, nos albums on coûté des millions de dollars jusqu’ici et en on rapporté aussi beaucoup. Ce que tout ça met en avant c’est les concerts. On peut faire semblant et tricher en studio, mais pas sur scène. Et pour n’est c’est super, parce qu’on aime toujours autant jouer.
MI. En parlant de ça, êtes-vous heureux d’avoir commencé votre carrière à un moment où la technologie n’avait pas autant d’importance et où les jeunes achetaient les disques pour pouvoir écouter de la musique ?
David. Je pense que le monde était innocent, il l’est moins. Peut-être parce qu’il y avait moins de choix. Je pense que personne n’est né à un meilleur moment, tu es né quand tu es né et tu en ressors le meilleur. Je n’ai pas de solutions, mais il y a toujours du bon, aujourd’hui on découvre des talents sur le net. Le plus important est que les gens aient toujours besoin de se distraire, de spectacle, pour les bons et les mauvais moments, quand t’es heureux tu mets de la musique, quand t’es triste tu mets de la musique, quand t’es sur les nerfs, tu mets de la musique. C’est comme ça que les arts sont nés, en réaction aux émotions humaines, des peintres aux musiciens aux écrivains. Pour moi, l’art est un don.
MI. Une question un peu plus personnelle: peux-tu nous décrire David Bryan en 2010
David. Mon but dans la vie, maintenant est: ne te fais pas écraser par un bus! J’ai beaucoup de chance, j’ai travaillé dur pour y arriver, les gentils peuvent y arriver, il faut travailler dur, il faut beaucoup travailler pour créer sa chance.
MI. David Bryan est donc définitivement heureux ?
David. Oh oui, très heureux !
MI. En tant que musicien, quels sont tes groupes et musiciens favoris et pourquoi ?
David. Il y en a tellement… les BEATLES, ensuite en grandissant Elton John, Billy Joel, Bruce Springsteen, puis LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE, AEROSMITH etc…J’écoute la radio, j’adore écouter les nouveaux groupes, j’adore Gavin DeGraw, James Morrison, mais il y en a tant…
MI. Tu essaies de rester branché en matière de musique ?
David. Tu veux toujours voir ce qui se passe, j’ai des jumelles de 16 ans et une fille de dix ans, donc je sais exactement ce qui sort, elles me le disent !
MI. C’est pour ça que tu connais Justin Bieber ?
David. Oui j’aime bien, j’ai été le voir avec ma fille et il a vraiment du talent !
MI. Quand vous êtes en studio et que vous enregistrez une chanson, pensez-vous tout de suite à l’impact qu’elle pourra avoir en concert ?
David. Non, c’est plutôt ce qu’elle veut dire, chaque chanson a sa personnalité, l’émotion, ce que le texte dépeint émotionnellement et la manière dont tu la colores en musique…
MI. Peux-tu nous parler de cette tournée de promotion pour «The Circle», je crois que vous serez encore sur la route l’année prochaine ?
David. Oui je crois qu’on tourne jusqu’en 3030 ! On a commencé en février à Hawaï, ensuite on a fait le tour des États-Unis, on est allé en Espagne, Hollande, à Londres, Paris pour une date, à nouveau à Londres, on retourne aux USA, en septembre on sera au Mexique, en Amérique Centrale, en Australie, au Japon, ensuite quelques vacances, puis en janvier on recommence le tour du monde.
MI. Rassures tes fans, ça n’est pas une tournée d’adieu ?
David. Non non ! On prend tellement de plaisir à jouer, il n’y a pas de fin à l’horizon pour l’instant ! Et on continue à être classé dans les charts on veut être sur les radios classiques et sur les radios qui diffusent les hits du moment. On a des acquis, mais on peut encore apprécier ce qu’on fait maintenant. C’est le plus important et on continue de monter sur scène tous les soirs et on botte toujours des fesses !
MI. Si tu devais résumer l’histoire de BON JOVI avec une de vos chansons ?
David. « Living On A Prayer » bien sur…
MI. Un petit mot pour tes fans français ?
David. Oh oui, merci beaucoup ! (NDI : en français dans le texte !)
Ajouté : Dimanche 22 Août 2010 Intervieweur : Mortne2001 Lien en relation: Bon Jovi Website Hits: 18732
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