SNAIL (usa) - Feral (2015)
Label : Small Stone Records
Sortie du Scud : 25 septembre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Stoner
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 47 Mins
En cette période de fêtes, j'ai trouvé l'album qui fera fureur au pied du sapin. Admirez donc cette scène champêtre pleine de joie. Une jolie clairière bucolique où un renne majestueux attend le traîneau du père noël en discutant avec un escargot violet installé sur un énorme champignon. A y regarder de plus près, il y a un malaise. C'est quoi cette cauchemardesque créature verte au pied du renne ? et pourquoi l'ongulé a-t-il des serpents dans les bois ? et ses yeux sont pas très catholiques non plus. Sans parler des ossements pourrissant, ou des arbres torturés au second plan. Non vraiment, cet artwork est à deux niveaux de lecture. Sûrement l'oeuvre d'un camé en pleine descente d'acide. En tout cas on n'a pas envie d'être dans sa tête.
Et puisqu'on parle de tête, qu'est-ce qui a bien pu passer par celle des trois allumés de SNAIL pour reprendre du service après une interruption de 23 ans ? SNAIL est un groupe californien créé dans les années 90, qui a sorti un premier album plutôt Grunge avant de disparaître corps et âmes dans les affres de la Rock'n roll attitude (sous entendu, un peu trop de drogue, un peu trop d'alcool, du mauvais sexe et plus beaucoup de Rock n'Roll). Come back en 2009 avec un deuxième album, Blood, suivi de Terminus en 2013 et enfin Feral cette année. La double décennie de silence a gommé le Grunge des débuts et fait émerger un Stoner Doom hyper fuzzé en lieu et place. Mais le groupe ne renie pas pour autant ses origines et l'expérience accumulée transpire de la galette. A l'instar de l'artwork signé Seldon Hunt (un graphiste qui a notamment travaillé avec ISIS, NEUROSIS et PELICAN), l'album se révèle peu à peu. Il suffit d'une écoute pour être accroché par groove d'ensemble. C'est notamment grâce à la très efficace chanson d'ouverture, "Building a haunted house". Guitare et basse hyper fuzzées, effets en pagaille et ambiance de bayou imparable. Avec cet arrière son marécageux, ce riff aqueux et le chant clair et pourtant scépultural sur lequel vient se poser une batterie à la fois sèche et glissant, cette chanson serait la bande son parfaite pour une adaptation ciné réussie de Scoubidou (le dessin animé Pop LSD des années 70, pas la version affligeante des années 2000). On entend déjà souffler le vent mauvais dans les arbres morts, marcher les créatures de boue et claquer les volets du vieux manoir hanté.
Quel génie d'avoir placé une piste si aboutie ouverture. A condition que le reste de la galette tienne ses promesses. Et ça, c'est avec les écoutes successives qu'on en profite le mieux. Car c'est quand même une musique contemplative qui invite à l'introspection. De longues séquences torturées et sombres, avec ces sonorités anormales, poisseuses, inquiétantes, comme si une horde immonde se terrait à la limite de votre champ de vision et n'attendait qu'un moment d'inattention pour vous dévorer ("Psylocibe").
Mais au lieu de se laisser enfermer dans un disque de Doom pur et dur à la YOB, SNAIL se la joue un peu RED FANG en alternant finement des pistes sombres, et lancinantes qui constituent l'essentiel de la galette et des chansons plus Rock (tendance Heavy Psych), comme "A Mustard Seed" ou "Building a haunted house". Ce savant cocktail donne un album riche en sensations qui a plus à offrir à l'amateur de Stoner protéiforme que sa très belle pochette.
Ajouté : Samedi 19 Décembre 2015 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Snail Website Hits: 5520
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