THE ARRS (FRA) - Khrónos (2015)
Label : Verycords
Sortie du Scud : 28 août 2015
Pays : France
Genre : Metal Hardcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 44 Mins
Il y a des groupes qui gagent vraiment à être découverts en live. Il y a des disques qui prennent tout leur sens quand ils sont joués en concert. Il y a des chansons dont la force vive, le coeur brûlant a besoin de la rugosité du direct pour se révéler. Les parisiens de THE ARRS sont de ces groupes, et leur dernier méfait, Khronos, de ces disques. Les 11 chansons de la galette sont des bombes pour live en puissance. L'opus peut s'apprécier en solo, au casque, dans le calme de la maison endormie. Il peut aussi tenir lieu de madeleine de Proust pour se remémorer les heures chaudes d'un concert de ce Hardcore old-school que savent distiller Nico (chant), Pierre (guitare), Stefo (guitare), Phil (basse) et Toki (batterie). On lance la galette et on se retrouve dans le pit. Et se retrouver dans le pit quand les parisiens mettent le feu aux planches, c'est pas une expérience de tout repos !
Du brutal. Un son mastoc, sévèrement burné et bien poilu. Une batterie très rapide, deux guitares nerveuses doublées par une basse bien grasse et le screaming enragé de Nico. Khronos est un album brut de fonderie et une première écoute distraite pourrait laisser penser que toutes les chansons se ressemblent. Il ne faut pourtant pas se laisser tromper par l'apparente simplicité de la recette.
Elle dissimule de belles surprises.
A commencer par les lyrics écrits par Nico. Influencé par le polar moderne, le chanteur a abandonné la recherche systématique de rimes. Il écrit désormais des lyrics en prose avec une structure narrative romanesque. C'est plutôt du roman noir, cela dit. On ne rigole pas tous les jours dans les lyrics de THE ARRS. Sur Soleil Noir, le précédent album, il était question de renaissance. Le groupe avait traversé bien des épreuves et fort d'un nouveau label et d'un line-up consolidé, il entamait une mutation. Nouveau logo, nouveau producteur (Fred Duquesne succédant à Francis Caste avec lequel le gang avait enregistré ses trois premiers méfaits), nouveau son, plus violent, plus sombre. Trois ans après, nos amis ont pris de l'âge comme on dit. Les acquis sont consolidés, on souffle les dix bougies du groupe, on tire des leçons de son expérience et on les partage. Khronos parle du temps, des épreuves qu'on doit traverser et de la façon dont l'expérience nous façonne. C'est aussi l'album de la transmission. Comme le message d'un père à son fils.
"Vis en vitesse et trompe la mort. Fuis la tristesse il va y avoir du sport. Ce chemin t'appartiens, sois concentré" ("Hors Norme")
"Combats, ne recule pas. Bats-toi, embrasse ton destin" ("Acta non Verba")
"Apprends à vivre avec, apprends de tes échecs. Le temps que rien n'arrête anime ta quête" ("La quête").
Musicalement parlant, l'instrumentation sert surtout de support aux textes. THE ARRS, c'est une musique collective. On joue tous ensemble et on envoie du bois. Les soli sont brefs et rares ce qui donne cette impression que tous les morceaux se ressemblent. Pourtant, là encore, une écoute plus attentive fait ressortir la maîtrise technique de la formation. Les gars savent y faire et délivrent un son millimétré avec un bel ensemble. Triggée sur certains morceaux, plus naturelle sur d'autres, la batterie de Toki est particulièrement jouissive à base de double pédale en folie et massacre constants de fûts. Les quelques envolées solitaires de la guitare de Pierre sont également très émouvantes. C'est justement parce que le groupe n'abuse pas des soli que ces rares échappées prennent une saveur particulière, comme les deux très belles transitions instrumentales. "Les rives du temps", échappée de 50 secondes où la guitare tisse une partition orpheline, noyée dans un océan de réverbération avec un petit fonds de rythmique. "La 25ème heure", plus complexe, avec des nappes de claviers et des samples... Ces deux pistes très techniques sont à des kilomètres du son de l'album et pourtant elles s'y intègrent parfaitement, comme une respiration nécessaire avant de replonger dans la fournaise du pit.
L'autre bonne surprise du disque, c'est les featuring qui le jalonnent. Les parisiens ont invités leurs copains à participer. Au choeurs, mais aussi au chant. Alex de OBEY THE BRAVE envoie un couplet sur "Hors Norme", Ju de BENIGHTED pousse son Death Growl sur "Khronos", Poun de BLACK BOMB Ä pose son flow pour conclure "Prophétie" et enfin Kubi de HANGMAN'S CHAIR enrichit la mélopée du "Journal de ma haine" avec son chant clair et torturé. Le dernier featuring est une surprise, sur la piste fantôme du de la rondelle "la fin de nos passions". C'est un disque sur lequel le gang avait envie de se faire plaisir en invitant les potes. Loin de dénaturer la musique de THE ARRS, les participations ajoutent un supplément de ci et de ça, selon la personnalité et la couleur musicale des invités.
En dix ans de carrière, le chemin de THE ARRS n'a pas toujours été parsemé de pétales de roses. Ce cinquième méfait conforte THE ARRS comme pilier de la scène Metal extrême francophone. Ce n'est certes pas un album à mettre entre toutes les mains, mais il y a dans cette galette de quoi satisfaire les fans de musiques violentes et agressives.
Ajouté : Lundi 07 Décembre 2015 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: The Arrs Website Hits: 5910
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