S'il est plus que fastidieux pour certains artistes de se créer un univers, HANGING GARDEN n'a jamais vraiment failli de ce côté là. Les finlandais ont toujours eu une certaine facilité à marier mélancolie colérique avec douceur et sensibilité. Mais il n'y a pas que ça. Le son de cette formation contient un petit quelque chose qui fait toute la différence. Alors qu'en est-il de ce Blackout Whiteout ? Histoire pas si longue que ça mais déjà un tantinet plus riche et complète que le petit quart d'heure d'I Was A Soldier qui n'avait fait que de nous mettre l'eau à la bouche après un At Every Door aux petits oignons.

La noirceur semble s'être évaporée petit à petit, pour laisser place à un brouillard de désespoir. HANGING GARDEN a décidé d'éclaircir son jeu et de nous offrir une production plus épurée et moins complexe. Des guitares plus avenantes, des growls moins présents, ainsi qu'un chant clair qui a gagné en importance et qui contribue à nous plonger dans une étreinte froide et astrale. Voilà donc ce qu'annonce Blackout Whiteout.

Les morceaux en eux-mêmes sont d'une durée variable. Mais étrangement, ce sont les plus courts qui m'ont le plus touché. Comment ne pas succomber à ce "Whiteout" de toute beauté avec ses chœurs implorants, suivit d'un "Embers" larmoyant aux lignes vocales toujours impeccables et inspirées.

Il m'est en revanche assez difficile de passer à côté du fameux "Eclipse" qui est d'un ennui absolu bien qu'étant plein de bonne volonté. Certes c'est là le seul morceau qui à mes yeux fait pâle figure dans l'album, mais le bestiau dure quand même huit minutes ! Ce qui est quand même assez long (et chiant) pour ne pas être signalé. Sans être irritant, disons que cette piste aurait pu faire office d'interlude tant elle n'apporte rien de vraiment concluant avec sa répétitivité soporifique. Et puis on tombe sur "Aoede". Véritable hymne épurée aux influences Rock Alternatif et Shoegaze, cette piste vous donnera des frissons avec ce chant brumeux qui semble traverser les hautes montagnes enneigées.

On se laisse donc bercer, que dis-je transporter par ce comte glacial mais terriblement addictif. A défaut de vouloir jouer avec le feu, HANGING GARDEN flirte avec la mort et le froid. Si on aura tendance à trouver cet opus un peu plus gentillet que son prédécesseur, il sera bien difficile de ne pas ressentir l'aura de tristesse qui traînera tout le long de l'album, à l'image de "My Rising Is Your Fall" et ses orchestrations presque funéraires. Tel un spectre vaporeux, le disque s'éteindra après "Blackout", plus virulent mais toujours empreint d'une mélancolie si particulière dont seul les finlandais connaissent l'origine.

Nous titubons, abasourdis et essoufflés par cette expérience. La frontière qui sépare Blackout Whiteout d'At Every Door est plus qu'importante dans la mesure où les finlandais ont su renouveler leur musique et afficher un visage plus aérien, aux structures moins prononcées. En somme, HANGING GARDEN nous livre ici sa nouvelle conception de la désolation. Une vision romancée, mais pas innocente, bien au contraire.