THE KING OF METAL SLIME (jp) - Metal Maniac (2015)
Label : Metal Japan Records
Sortie du Scud : 2015
Pays : Japon
Genre : Cyber Heavy Metal Cartoon
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 35 Mins
Le Metal King Slime est une variante métallique du King Slime dans la série Dragon Quest, celui qui vous prodigue la plus grande expérience à chaque fois qu'il apparaît. Non, je dis ça comme si je m'y connaissais mais en fait, j'ai lu ça sur Internet. Non, je ne suis pas un gamer, sorry... Mais quand on parle d'un groupe, autant faire un minimum de recherches non ?
Et niveau recherches, après une matinée passée à traquer l'info, je dois avouer que j'en suis ressorti bredouille et fort marri. Mais c'est souvent le cas lorsqu'on essaie de se documenter sur les groupes japonais, qui ne semblent bénéficier que d'une distribution et d'une promotion intra muros... Peut être que le cas BABYMETAL va arranger tout ça, mais je ne suis pas sur...
Labels insulaires, bio inexistante ou bien en japonais, site officiel la plupart du temps introuvable, c'est la guerre quand on veut parler de la scène musicale Heavy japonaise, et c'est bien dommage...
Car THE KING OF METAL SLIME est un cas plutôt intéressant au demeurant... Musique ludique et drôle, bien exécutée, à cheval entre le Heavy classique et le Néo Thrash bien agressif, il y a de la matière... Metal Maniac est symptomatique de ce nouveau courant nous venant du pays du soleil levant, mené par des groupes hauts en couleurs qui par tradition, tombent dans une exagération sympathique qui donne des allures de bande son manga à leurs albums.
Guitares tranchantes, rythmiques volubiles, chanteur qui en fait des caisses, tout est là pour rappeler les goûts outranciers de nos amis de l'Est, et leur méthode si personnelle pour adapter les standards européens et US aux goûts de leur fanbase locale.
Et l'aventure commence justement dans un video game style, avec une intro à mi chemin entre techno 16 bits et rap pataud, avec gros beats, déformation de la voix et bruitages sortis tout droit d'une borne arcade des années 80.
Puis soudain, la guitare résonne, et le groupe se lance à corps perdu dans un Metal agressif, tempo speed de rigueur, et lance à la cantonade un Metal pas bégueule, fort en riffs mémorisables et qui ne rechigne pas à accumuler les pistes. Voix puissante, narquoise, qui monte dans les aigus avec une facilité déconcertante, mélange de Thrash light et de soli hystériques, c'est du bon boulot, et ça a le mérite d'être amusant tout en restant impeccablement interprété. Nous avons bien évidemment droit aux interventions narrées d'usage, dialogues improbables entre un personnage et ce qu'on devine être une créature, et on repart derechef pour garder le cap sur le mariage entre STRATOVARIUS et DRAGONFORCE.
"Kung Fu Metal" n'hésite pas à aller encore plus loin dans le délire, et juxtapose des bruitages incongrus sur un tempo syncopé, brodé de riffs à la PANTERA. Le vocaliste s'en donne à coeur joie dans le costume de la Bianca Castafiore nippone, mais c'est tellement enthousiaste et bien fait qu'on se laisse conquérir. Il faut dire qu'à l'instar de BABYMETAL et de la nouvelle scène Metal japonaise, le groupe en fait des caisses niveau folklore, et qu'il est impossible de leur résister !
"Gods and Death" se lance dans un genre d'hybridation Funk torride et Metal solide, et prouve une fois de plus tout le talent des guitaristes qui alignent des interventions qui pourraient rendre Yngwie jaloux, lui qui est si populaire au Japon...
Parfois le groupe se laisse aller et se vautre dans un Thrash sans concession, en laissant plus ou moins de côté ses breaks improbables, et "Metal Maniac", l'hymne de l'album croque à pleines dents dans la brutalité la plus crue, tout en laissant son frontman en roue libre une fois de plus...
Comme tout groupe Heavy de l'Est, la principale caractéristique de THE KING OF METAL SLIME est de ne pas hésiter à projeter ses influences occidentales sur le mur des traditions locales, procédé qui consiste à juxtaposer de gros riffs et de solides rythmiques à des structures et arrangements auxquels nous autres Européens, ne sommes pas coutumiers. Le mélange peut sembler grotesque, comme si AT THE GATES ou LAMB OF GOD se battaient en duel avec une créature dégoulinante dans un manga, mais la plupart du temps, ça fonctionne. Les mélodies sont travaillées et mémorisables, les instrumentistes font toujours un boulot impeccable, et il faut avouer que l'originalité est toujours au rendez vous, sans sacrifier à la puissance et l'énergie.
Alors évidemment, de temps à autres, ça ressemble à du joyeux n'importe quoi, comme le démontre "No Money No Life", qui démarre comme un classique Heavy Metal signé ACCEPT, avant que la rythmique n'explose à l'unisson des cris de poule du chanteur. Et soudain, comme par magie, une mélodie apaisée s'impose, un peu étrange et onirique, comme pour casser le moule... A lire, c'est absurde, à écouter, ça l'est encore plus, mais c'est ce qui rend l'écoute de ces groupes si imprévisible...
Et puis ça fait du bien d'être déstabilisé de temps en temps, l'univers musical Japonais étant unique, vous pouvez être sur à chaque fois de tomber sur un disque foutraque, mais bougrement séduisant.
Ce qui est le cas assurément de ce Metal Maniac, qui s'achève sur un hit définitif de l'étrange, "The King Of Metal Slime", citant allégrement MANOWAR, RHAPSODY OF FIRE, DRAGONFORCE, la scène Néo Metal US, et le Gamer Metal, avec ses bidouillages électroniques et ses envolées lyriques manga.
Bon OK, tout ça n'est pas très sérieux, mais c'est vif, drôle, surprenant, et au final, relativement envoûtant. Un peu comme un jeu qui part dans tous les sens, et dans lequel le héros doit en découdre avec des créatures toujours plus hideuses et hargneuses... On ne sait jamais trop où on en est, mais on distingue sans problème les gentils des méchants, et au final, le héros retrouve toujours sa princesse... THE KING OF METAL SLIME est en tout cas un beau héros au fidèle destrier, et Metal Maniac, une jolie bande son décalée, chamarrée, et truffées de cris de ralliement et autres devises scandées d'une voix d'airain.
On ne doit pas s'ennuyer au Japon quand même... Je me demande même parfois si là bas, les dragons n'existent pas vraiment...
Ajouté : Lundi 16 Novembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Hits: 5348
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