LIGHTNING BOLT (usa) - Fantasy Empire (2015)
Label : Thrill Jockey
Sortie du Scud : 24 mars 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Noisy Rock
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 48 Mins
"They also eat babies... don't worry there already dead when they eat them... "
Avec une présentation pareille, particulièrement provocante, vous pourriez vous attendre à la chronique d'un obscur groupe de Black de l'Est, ou d'un combo de Brutal Death US. Absolument pas. Et ne vous attendez d'ailleurs à aucune logique en entamant ces quelques lignes, elle sera aux abonnés absents.
Car lorsqu'on traite d'un groupe vraiment à part, il convient d'adapter son style.
Dont acte.
J'aurais pu expédier cette review de façon lapidaire, en trois, quatre lignes, puisque les principaux intéressés ont déjà acquis leur public à la force du poignet, et n'ont jamais aimé les grands discours. Peut être timides, réservés, je ne sais pas, je ne les connais pas personnellement. Je ne connais que leur musique, qui elle est à part, sans avoir besoin d'en dire beaucoup.
Avec LIGHTNING BOLT, la logique et la réalité n'ont pas lieu d'être. Ce duo originaire de Providence, Rhode Island est déjà en course depuis la première moitié des 90's, et livre ici sa septième réflexion. Composé de Brian Chippendale à la batterie et au chant, et de Brian Gibson à la basse, c'est une association qui refuse la facilité, à tous les points de vue.
Sachez, pour l'histoire qu'ils jouent live au milieu du public, entassés parmi leurs fans pour en ressentir les vibrations, pour faire vivre leur musique au sein de ses principaux acteurs. Interaction, proximité, bla, bla... Quelle que soit l'origine de la démarche, j'adhère.
Si la musique est un combat, leurs concerts sont des guerres qu'ils mènent pour lutter contre la monotonie.
Leurs albums jusqu'à présent par contre, suscitaient des réactions mitigées. trop faibles, par dessous la jambe, enfin quelles que furent les critiques formulées, le constat était toujours le même: pas à la hauteur de leurs prestations live. Aujourd'hui, la donne change. Ils ont choisi un bon studio pour le boulot, n'ont pas changé d'un iota leur approche absconse et brute, mais lui ont offert l'écrin qu'elle méritait. Et Fantasy Empire sonne enfin comme tous les autres albums auraient du sonner, comme un live couché sur bande, avec la puissance que cette fusion dégage constamment, et cette sensation qu'à tout moment, les instruments des deux compères vont se matérialiser dans la pièce, derrière vous.
Pour les néophytes, LIGHTNING BOLT, c'est du gros ouvrage rythmique, mais avec un tandem basse/batterie, c'est une constatation lénifiante. Pour tenter de vous faire une image sonore de la musique exprimée ici, prenez un vieil album de NOMEANSNO, expurgez le de son encombrante guitare, et secouez le près d'une anthologie de Philip GLASS. Les deux ricains citent aussi volontiers SUN RA, ce qui ne parait pas déplacé, mais j'avoue que pour les situer, je ne vois guère qu'eux mêmes.
Fantasy Empire ne déroge pas aux principes établis sur les six albums précédents. Une batterie frénétique, qui pulse ses toms et sa caisse claire comme si l'attaque cardiaque n'était pas un risque à prendre en compte, une basse lourde, grasse, fuzz, distordue, et un chant étouffé, incompréhensible. Ajoutez à ça des boucles qu'ils utilisent en live, et qui dynamisent leurs expériences, parfois assez traumatisantes.
La norme ne fait pas partie de leur vocabulaire. Ils font partie de cette race d'artistes indépendants qui recherchent, qui tripotent les sons, et qui poussent les choses à leur paroxysme. Et ce nouvel effort en témoigne, puisque lui même arrache encore plus l'épiderme qu'auparavant.
Allez y, tentez le coup avec le nuisible "Mythmaster". Grosse caisse brute de chez brute qui sonne comme lors d'une balance, infra basse, pour un genre de Blues synthétique funèbre et martial, avant que les choses ne dégénèrent à la façon d'une association Zorn/Harris, chez SONIC YOUTH. Blasts qui tombent comme un suicidaire d'un toit, et on retourne au thème, avant de partir sur un machin bancal, qui mélange MORPHINE et les BOREDOMS. Ouais, je sais, ça risque de faire mal aux oreilles, et c'est le cas. Bien fait pour vous, les miennes sont entamées depuis longtemps, et puis le chaos, c'est cool, définitivement cool.
Et le chaos s'acoquine souvent avec le n'importe quoi bordélique, comme sur l'intermède/bande "Leave The Lantern Lit", qui met un peu mal à l'aise quand même dans son style BO de vieux film décalé malsain.
"Over the River and Through the Woods" se la joue un peu plaincore progressif, genre DREAM DILLINGER ESCAPE THEATER, et s'amuse à colorier un vieux dessin biscornu, avant de tout envoyer valser d'une main déchirante.
"Horsepower", c'est un peu le "hit" de l'album, volontiers Noisy Core, Rock comme une vieille Télécaster trafiquée par un aveugle, au chant si ironique et distancié qu'il vaut mieux le scander de loin, via un mégaphone, c'est plus sûr.
Quant à "Snow White (& the 7 Dwarves Fans)"... Ces onze minutes sont presque trop belles pour être vraies... David Byrne et Tina complètement allumés, produits par Eno et Rubin sûrs de leur blague, tribal au possible, amas de bruit blanc régulièrement agité d'une danse de Saint Guy rythmique qui ne se contrôle plus, larsens, cris dans un sac plastique... Ils donnent tout ce qu'il reste, nous étrillent les nerfs, mais imaginez ça en live avec le public coincé dans une transe qui vrille leurs derniers neurones. Assommant, épuisant, mais cathartique et suintant. Le must du Noise Rock qui évolue et écrase ? C'est possible.
Merde, ça crève tout ça, j'en peux plus. C'est vraiment harassant.
Allez, bonne journée.
Ajouté : Mardi 15 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Lightning Bolt Website Hits: 6230
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