"Nos vie sont éphémères comme un Snapchat"

Bienvenue dans l'univers de SMASH HIT COMBO. Ici les geeks parlent aux geeks. Ils parlent de jeux video, de retrograming (jouer sur de vieilles consoles), de manga, de cyber dépendance, mais aussi du temps qui passe inexorablement et qui transforme un adolescent en adulte. On souffle ses trente bougies et on a le sentiment d'être devenu un vieux con, de ne plus être compris, de ne plus comprendre, d'être has been ("Quart de siècle"). Dans un monde où tout va de plus en plus vite, difficile de devenir grand, trouver un boulot, se marier, emprunter à la banque pour acheter une baraque, faire le saut dans la vraie vie ("Sous Pression"). Pour les gamers, vieillir c'est pas cool ("Irréversible").

Car le jeu vidéo n'est pas juste un prétexte à quelques rimes, c'est le motto de SMASH HIT COMBO. Depuis Next Level, la démo de 2005 en passant par les deux premiers albums, No Life (2009) et Reset (2012), le gang observe le monde à travers le filtre du jeu. Perfectionnistes, les alsaciens ont même publié une édition limitée de Playmore sur des cartouche de console Megadrive et Super Nintendo. Elles renfermaient un digipack sur clé USB avec l'album et des bonus en pagaille.

SMASH HIT COMBO est à la croisée des genres, entre Rap, Metalcore et Djent.
C'est une musique qui ressemble à l'univers qui l'a inspirée. On se croirait dans un film de Zack Snyder ou des frères Wachowski Des explosions, de la violence, un groove qui repose sur les sensations et les chocs, un rythme syncopé, saccadé, asynchrone. Guitares et basses saturées, batterie triggée, son compressé et très Electro. Ce n'est pas une musique reposante.

Les lyrics sont chantés en français, souvent à plusieurs voix et plusieurs sonorités (chant clair, screaming, growl). La multiplication des voix ne nuit pas à l'intelligibilité, au service de textes justes, bourrés de références ("Time Attack") et pas dénués d'humour. On n'échappe malheureusement pas à quelques rimes faciles à base de verlan ou de titre de jeu vidéo qui tombe bien, mais Playmore marque une évolution nette par rapport aux efforts précédents. Le combo laisse tomber les punchline fastoches et adopte un ton de circonstance pour aborder les sujets graves.

Au rayon des peu faire mieux, les chanteurs n'ont pas abandonné cette tendance à étirer le chant pour boucler un vers ou prolonger un mouvement ("Irréversible"). Paradoxalement, si pour les mélodies, les influences Djent poussent les musiciens à déstructurer leur musique, l'approche du chant reste un peu plus classique alors qu'elle gagnerait parfois à se syncoper aussi.

Le dernier titre, 48h, chanté en partie en anglais avec un featuring du rappeur NJL fait un peu tâche. On s'était habitué au flow en français et aux paroles bien détourées. L'accent anglais des chanteurs est loin d'être honteux, mais cette chanson n'apporte pas grand chose au propos.

Ceci mis à part, en mâtinant son Rapcore avec du Djent, SMASH HIT COMBO parvient à se renouveler sans tourner le dos à ses origines. Un effort méritoire pour un album attachant. Maintenant que la crise de la trentaine est digérée, voyons voir ce que le gang nous réserve jusqu'à la crise de la quarantaine.