ROYAL HUNT (dk) - Devil's Dozen (2015)
Label : Frontiers Records
Sortie du Scud : 21 aout 2015
Pays : Danemark
Genre : Hard rock néoclassique
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 44 Mins
"La douzaine du diable", obscure périphrase désignant le chiffre treize, donne son nom à ce nouvel album des danois de ROYAL HUNT. Le treizième évidemment, dont trois depuis 2011, une prolificité et une nouvelle dynamique auxquelles le retour de DC Cooper au chant, plébiscité par les fans, n'est pas étranger. Les tournées, au point mort depuis 2008, ont repris dès son retour, et "A Life To Die For", le précédent opus, a intégré les charts japonais (#76). Il devient au passage le chanteur ayant enregistré le plus grand nombre d'albums avec le groupe (cinq).
Le concept de XIII - Devil's Dozen est assez nébuleux : un homme découvre dans le grenier d'une vieille maison un coffre rempli de lettres, et de leur lecture vont découler les thèmes des morceaux. On ne retrouve pas à l'écoute du cd la réelle empreinte de cette histoire, qui sert surtout de prétexte à la pochette (hideuse) et une excuse à un certain manque de cohérence entre les titres, comme si chacun était une lettre sans rapport avec la précédente.
L'album s'ouvre avec un morceau dans la droite lignée du ROYAL HUNT des deux derniers albums, "So Right, So Wrong". L'intro traîne un peu, intrigue, les quelques effets sur la voix de DC ajoutant au mystère du couplet, mais le refrain s'avère lui sans surprise. Efficace, classique, il est martelé à l'envi et reste en tête très facilement. D'emblée on sent une attention extrême portée aux arrangements. Le clavier s'impose par nappes successives et trouve un équilibre louable avec la guitare de Jonas Larsen.
Ce dernier a droit tout au long du disque à quelques soli sympathiques mais pas transcendants, sans grand feeling ni émotion. Si personne ne connaissait Jacob Kjaer (1992-2003) et Markus Jidell (2004-2011) avant qu'ils ne rejoignent ROYAL HUNT, ils avaient su rapidement s'imposer par leur finesse technique et leur sensibilité artistique. Jonas, lui, a quelques progrès à faire pour coller davantage à la signature du groupe. Une signature dont André Andersen semble être le seul garant, puisque Allan Sorensen (batterie), membre incontournable depuis 1997 et le chef d'œuvre Paradox, a également quitté le navire. Il laisse sa place à Andreas Johansson, ancien batteur de NARNIA, qui formera avec un autre Andreas (Passmark, basse) une section rythmique new look.
"May You Never (Walk Alone)" sera sans nul doute le hit de cet opus, avec son riff hyper accrocheur, sa mélodie emballante et le seul et unique solo de clavier de tout l'album... On aime moins le chant forcé de DC Cooper sur la fin du titre, très poussif. Celui qui fêtera ses 50 ans cet été n'a plus la voix qui l'avait révélé à la scène Metal il y a vingt ans et lui avait valu une place de finaliste lors des auditions de JUDAS PRIEST après le départ de Rob Halford. Mais il compense ce déficit en puissance et en amplitude par un chant grave très solide et nuancé, et limite ses velléités plus Heavy à quelques éclats çà et là.
"Heart On A Platter" reste dans la pure veine ROYAL HUNT, une grosse rythmique et un groove monstre, des chœurs au premier plan qui secondent parfaitement DC Cooper, et un air simple qui fait mouche. Les chœurs justement, manquent parfois de la rondeur qu'apportait jusqu'ici la sublime Maria Mc Turk, partie chercher son bonheur dans les clubs de Jazz de Copenhague. Le fidèle Kenny Lübcke et Alexandra Popova offrent cependant un duo complémentaire et essentiel au son du combo.
Plus rapide, "Tear In The Rain" va droit au but sans grande originalité, la progression de clavier rappelant par séquences la belle époque de Moving Target. Remplissage.
André Andersen annonçait certainement la meilleure balade que le groupe ait écrite. ROYAL HUNT a souvent excellé dans cet exercice, de "Far Away" à "Season's Change", en passant par "Follow Me". Hélas "Until The Day", le cru 2015, est d'une banalité trop commune pour valoir un tel honneur. Si la production confère au titre une belle profondeur, la mélodie trop sucrée et l'intervention sur le refrain de ces horribles maracas gâche le morceau dans les grandes largeurs.
"Riches To Rags" et son intro qui mêle à la fois percussions colossales et une drôle de flûte vaguement celtique, possède le refrain le plus intéressant, mélodique et complexe, exigeant pour la voix et le souffle. "Way Too Late" termine bien l'album, avec une structure traditionnelle, une montée en puissance en guise d'introduction, un refrain qui se laisse désirer et une rythmique entraînante.
Bien qu'adepte des sonorités old-school, des procédés d'enregistrement traditionnels et analogiques, André Andersen s'aventure à la fois dans des arrangements aux tendances symphoniques, et dans des sonorités modernes, métalliques, un peu froides, parfois impersonnelles qui déroutent. Plus fidèle à la marque de fabrique du groupe, les orchestrations sont ambitieuses, et le son très large, avec beaucoup de relief, qu'un bon matériel stéréo mettra facilement en exergue.
Le chiffre "XIII" n'aura pas spécialement porté bonheur à ROYAL HUNT, qui signe là un album somme toute assez banal. Le travail de composition n'atteint pas le degré de soin apporté au mixage et à la production, extrêmement pointus. Comparable aux deux précédents opus par sa direction musicale, Devil's Dozen s'avère plus fade, moins remarquable et simplement moins excitant. Espérons que Andersen et consorts sauront relancer l'enthousiasme sur scène, lors de la tournée à venir.
Ajouté : Mercredi 12 Août 2015 Chroniqueur : JB Score : Lien en relation: Royal Hunt Website Hits: 5764
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