INCANTATION (usa) - Dirges Of Elysium (2014)
Label : Listenable Records
Sortie du Scud : 10 juin 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 49 Mins
Disons que l'appétit vient en mangeant. Ou revient en remangeant. En tout cas, en ce qui concerne INCANTATION. Après être sortis d'une piteuse période de disette, sorte de cure de racines de pissenlit et de pousses d'orties sauvages longue de six années (précisément entre le Primordial Domination de 2006 et le Vanquish In Vengeance de 2012), les américains ont repris goût au Death Metal, et ce n'est pas sans une pointe de réjouissance maladive qu'on observera avec la sortie de Dirges Of Elysium la reprise de leur habituel rythme bisannuel sévissant les années pairs. 1998, 2000, 2002, 2004, 2006, 2012 puis 2014. On vous donne déjà rendez-vous en 2016 pour ce qui sera, si la logique est respectée, une énième déflagration de "true" US Death Metal. Car qu'on se le dise, ce n'est surement pas avec ce dixième full-lenght qu'INCANTATION va commencer à mollir. Ou presque. John McEntee y veille jalousement, comme il le fait si bien depuis 1989.
Moins "conceptuel" que Vanquish In Vengeance (rappelons que cet album avait pour thème le massacre religieux orchestré en 782 par Charlemagne) mais assurément (encore) plus sombre, étouffant et patibulaire, Dirges Of Elysium jouit de tous les paramètres qui font d'un simple album de Death Metal un bon album de Death Metal. A commencer par cette croute-pochette aux couleurs nauséabondes, œuvre de l'excellent Eliran Kantor (TESTAMENT, SODOM, KATAKLYSM, SATAN). Nous sommes égarés dans un monde intermédiaire, entre les berges du Styx et les égouts de Pennsylvanie. Et que cette image colle finalement bien à ce disque, à la fois putride, mortifère et brutal. Le long démarrage de "Dirges Of Elysium", conduit par un lead orageux plante sans vraiment le vouloir le décor d'un opus qui se démarquera timidement de son prédécesseur par cette ambiance sale et Doom jalonnant Dirges Of Elysium comme les cadavres jalonnaient en 1979 les rues d'Haddonfield. Amputé d'un membre depuis le départ d'Alex Bouks (guitare), INCANTATION a le mérite de n'en rien laisser paraitre, comme en attestent les nombreuses manifestations de violence que l'on retrouve par exemple dès l'entame de "Bastion Of A Plague Soul" ou en clôture de "Debauchery". Puis, parfois, les américains décélèrent. C'est le cas sur l'écrasante "From A Glaciate Womb", longue de huit minutes. Un titre pesant, crade comme du SERPENTINE PATH et aux accents Doom prononcés. Le raccourci entre une telle chute de tension et la perte d'un guitariste semble alors un peu évident, c'est pourquoi je préfère croire qu'après dès années de Death intransigeant et sismique, INCANTATION a voulu s'essayer à quelque emprise plus morbide et lancinante. Sans jamais sortir de son petit confort technique, le groupe voit les choses différemment, et ce n'en est que salutaire après un Vanquish In Vengeance efficace mais résolument dispensable. Manifestation évidente de cet amalgame de lent et de rapide, "Portal Consecration" rivalise de faux-rythmes pour faire son petit effet et porte l'estocade à des morceaux plus classiques comme "Impalement Divinity" ou "Dominant Ethos". Puis pour finir, comment clore un chapitre de l'Evangile selon INCANTATION sans aborder le morceau final, celui par qui tout semble arriver et s'achever ? Après "Abolishment Of Immaculate Serenity" sur Mortal Throne Of Nazarene, après "Unto Infinite Twilight / Majesty Of Infernal Damnation" sur Diabolical Conquest, après "Outro Part I & II" sur Blasphemy, après "Legion Of Dis" sur Vanquish In Vengeance, place à "Elysium (Eternity Is Nigh)", seize minutes d'un Death lent et moribond œuvrant dans le chaos le plus total, sous un ciel électrique. Peut-être la composition la plus Doom jamais pondue par INCANTATION. La plus embarrassante aussi.
Si l'Enfer est pavé de mauvaises intentions, alors INCANTATION en est un mur porteur. Toujours sauvage, jamais à la ramasse, les américains poursuivent leur bonhomme de chemin dans le fracas et la foudre. Le mauvais temps fait remonter les miasmes le long des rives et les corps gonflés à la surface. Eux s'en réjouissent, car chacun de leur disque est un avis de tempête. Et que celui-ci soit l'un des plus étranges, viscéraux, ou qu'il soit un simple faire valoir à l'Emanations de SERPENTINE PATH ou au Promulgation Of The Fall de DEAD CONGREGATION, dans les deux cas, il faut l'écouter. Car ça reste INCANTATION, et que c'est aussi de leur faute si tout ça est arrivé.
Ajouté : Lundi 10 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Incantation Website Hits: 5654
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