MISERY INDEX (usa) - The Killing Gods (2014)
Label : Season Of Mist
Sortie du Scud : 23 mai 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal / Grindcore
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 44 Mins
Jamais une pochette de MISERY INDEX n'avait arboré si peu de couleurs. J'aime bien y voir un signe. On pourra parler à l'avenir d'un disque "saignant comme Heirs To Thievery" ou "sombre comme The Killing Gods", comme si ce quatuor américain se laissait envahir par des sentiments colorés, comme s'ils étaient un nuancier à quatre plis, alors que c'est loin d'être le cas. J'en veux pour souvenir leur prestation envahissante au Hellfest 2013. A part le large sourire qui barrait le visage de Mark Kloeppel, confidence d'un show réussi, aucune émotion ne trahissait l'insensibilité du groupe, d'une régularité technique inimaginable, en parfaite harmonie avec ce qu'ils pondent en studio depuis leur formation en 2001. Alors quand déboule The Killing Gods en mai 2014, déjà solidement appréhendé par nos petites fesses endolories, c'est comme si notre microcosme était frappé par un don de voyance. On sait exactement le prix à payer, mais on ne soupçonnait pas encore l'ampleur de la dette laissée par ce cinquième full-lenght.
Comment va s'y prendre cet album pour surpasser Heirs To Thievery ? En fait, la réponse consiste en une simple continuité, auréolée de quelques spasmes de spontanéité jamais entendus sur une sortie estampillée MISERY INDEX. Tout commence avec "Urfaust", une introduction instrumentale et mélodique. Si ce n'est pas une première les concernant, qu'on m'amène une potence, je m'y accrocherai. Signe plus que révélateur du changement d'intensité qui va littéralement foudroyer The Killing Gods, cette ouverture en appelle à "The Calling", un premier titre qui balaie d'un faisceau de suprématie technique et rythmique toute une discographie. Pachyderme enragé dans un magasin de cristal, MISERY INDEX broie, savate, explose, viole, démembre, compresse, torture, bastonne. Hautement addictogène, ce morceau, doublé par une autre instrumentale ("The Oath"), va révéler la vraie nature de cet opus, qui sera le plus dense, le plus mature, le plus structuré jamais écrit par les américains. On a vraiment du mal a y entrer, notamment parce que les cinq premiers titres sont les cinq branches d'une même chanson et qu'une fois encore, pareille conceptualisation semble tout à fait hors de propos dans un disque de MISERY INDEX. Sauf que MISERY INDEX a toujours eu ce goût du contre-pied parfait sous le derme de ses sorties et que fort d'une compo sournoise et mid-tempo comme "Conjuring The Cull", qui est à The Killing Gods ce que "The Carrion Call" était à Heirs To Thievery, le groupe va perpétuer sa vilaine manie du tube Death / Grind par excellence, alors que cette pratique est, par définition, génétiquement impossible. Puis "The Harrowing" marque la fin de "Faust", ville dans la ville, et laisse les lumières de la nuit pénétrer au cœur de l'œuvre, d'abord par l'éponyme, ses chants grégoriens en intro, ses guitares placides, son envolée rythmique décoiffante, son groove alternatif final, ensuite par "Cross To Bear", bestial, hargneux, mais décidément indépendant dans le répertoire de ces garçons. D'ailleurs, c'est The Killing Gods tout entier qui rompt avec les habitudes discographiques du quatuor. Avec cette force de frappe entre Brutal Death et proto-Punk sur "Gallows Hunter", cette patate dans la gueule portée par l'énergie folle de la paire de chanteurs Jason Netherton / Mark Kloeppel, ce riffing partagé entre virilité, mid-tempos et solos mélodieux, ce "blasting" parfait en toile de fond, ce cinquième opus accumule les cadavres, comme l'a toujours fait MISERY INDEX. Par contre, ce qui cause la vraie rupture avec Heirs To Thievery et les autres, c'est ce songwriting, d'une intensité, d'une classe, d'une originalité et d'une efficacité encore jamais atteinte par le groupe, qui continue d'avoir une longueur d'avance sur les autres pendant que les autres continuent de dégueuler des leçons apprises par coeur avec l'autosatisfaction d'un premier de la classe.
Simplement excellent, The Killing Gods, je n'ai pas peur de le dire, est le meilleur album de la discographie de MISERY INDEX. Et pourtant, qu'est-ce que j'aime Discordia, qu'est-ce que j'aime Traitors, sans même oser parler du superbe Heirs To Thievery. Groupe à part qui n'aura jamais cessé de se bonifier avec le temps, c'est désormais une certitude, MISERY INDEX fera encore mieux au prochain coup, car c'est leur marque de fabrique depuis maintenant 14 ans et que si ce n'est pas mieux, ça ne mérite pas de s'appeler MISERY INDEX.
Ajouté : Dimanche 09 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Misery Index Website Hits: 5722
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