Le football, la science et maintenant la musique. La "Main de Dieu" est quand même un sacré bon prétexte pour faire et dire n'importe quoi. Substituer la fourberie au profit du divin, mettre la tartufferie au niveau de la providence et pourquoi pas légitimer une bonne surprise ? C'est ce qu'essaient de nous dire les turcs de PITCH BLACK PROCESS qui, contrairement aux apparences, ne sont pas des bleus. Monté en 2011, le projet PBP est en réalité la continuité parfaite d'AFFLICTION, groupe de Thrash Metal formé en 1999 dans la ville côtière d'Izmir et crédité de deux albums studio, l'un en 2003 (One Reality), l'autre en 2007 (Execution Is Necessary). Même line-up, même volonté d'en découdre, seul le style pratiqué diffère fatalement, et ce n'est pas pour desservir Hand Of God?, un premier full-lenght qui rappelle que la Turquie est généralement bon élève. Souvenez-vous de BAHT.

Fidèle à cette réputation, PITCH BLACK PROCESS va faire merveille dans un style oscillant par ordre décroissant entre Death, Thrash et Metalcore.

- Death pour l'évidence. Enregistré et produit à Uppsala par Daniel Bergstrand (BEHEMOTH, IN FLAMES...), masterisé à Stockholm par Thomas Eberger (AMON AMARTH, BEHEMOTH, OPETH). Et la ressemblance, que nous découvrirons plus tard.

- Thrash par alliance. Parce qu'on ne renie pas d'un seul coup onze années de Thrash avec AFFLICTION d'un revers de la main.

- Metalcore par nécessité. Quelques refrains avec voix claire ("To The Villain"), quelques leads mélodiques façon AS I LAY DYING et un OVNI de sophistication ("Sophisticated Facade").

Assemblage cohérent, moderne et savoureux, Hand Of God? va faire ravage dès "To The Villain", et pas seulement pour ce refrain que j'évoquais plus haut. Il y a tout dans ce morceau : de la vitesse, de la percussion, de la rondeur, de grosses voix et le sens du Death discrètement mélodique mais ô combien puissant. Göteborg dans les détails, ARCH ENEMY dans les faits. Difficile de ne pas ressentir un peu de la chaleur vocale d'Angela Gossow dans le refrain du morceau éponyme, qui évoque sans détour un "Revolution Begins" de la période Rise Of The Tyrant. Même topo sur "Deceiver". Tant dans les voix que dans les accords, PITCH BLACK PROCESS est dans l'évocation. Une évocation nuancée par certains morceaux, comme "Deceiver". S'ensuit un petit tassement, anecdotique car rattrapé par "Personnal Apocalyspe", une composition décousue, mélodique, épique, fascinante. Un vrai coup de cœur qui intervient juste avant la non-moins passionnante "Sophisticated Facade". Alternant morceaux classiques et morceaux travaillés, la tracklist d'Hand Of God? dispose d'une belle harmonie générale, évidement agencée sous l'impulsion de ces garçons, dont le talent n'a d'égal que la motivation.

Il n'en fallait pas moins pour faire de ce premier album l'une des bonnes sorties de ce début d'année 2014. Le changement de style leur aura été bénéfique puisqu'il parait improbable d'avoir une personnalité musicale plus caractérielle que celle qui nous est offerte aujourd'hui par PITCH BLACK PROCESS, dont l'éclosion devrait se faire sans trop de difficultés dans les années à venir. De là à penser qu'il s'agit d'un futur grand, j'ai comme un doute, ce quatuor ayant déjà perdu beaucoup de son précieux temps...